Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Gardien de la paix
Vincent BESSON
Victime du Devoir le 12 octobre 1888
Département
Rhône (69)
Affectation
Police d'État — Lyon
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme à feu
Contexte
Interpellation(s) d'individu(s)
Au cours de la nuit du lundi au mardi 25 septembre 1888, des agents de police de la sûreté lyonnaise sillonnaient les pentes du quartier de la Croix-Rousse, où depuis plusieurs nuits une bande de rôdeurs se livraient à des cambriolages.
Vers les deux heures du matin, le brigadier Baud et l’agent Janodet repérèrent quatre individus en train de fracturer la devanture d’un commerce de la rue de Thou, 1er arrondissement de Lyon.
Bien qu’ils opéraient en bourgeois, les rues exigües des pentes et le calme de la nuit ne permettaient pas aux policiers de tenter une approche discrète.
Alors que le brigadier apostrophait l’un des deux guetteurs en annonçant leur qualité, plusieurs coups de feu éclatèrent. Baud fut blessé à la cuisse, Janodet à l’avant-bras ; ils trouvaient cependant le courage de poursuivre les malfaiteurs tout en échangeant de nombreux tirs.
Ils s’engagaient jusque dans la rue Imbert-Colomès. Alertés par les coups de feu et la clameur, les agents Besson et Arnold se mettaient en opposition par la rue Pouteau. Besson fut blessé par deux projectiles alors qu’il saisissait l’un des gredins.
La lutte fut rude, à coups de pieds, de poings et de cannes plombées. Des renforts permirent de figer la scène tragique. Trente-six coups de feu furent tirés. Baud, Janodet et Besson furent emmenés à l’Hôtel-Dieu. L’état de ce dernier inspirait le plus d’inquiétudes.
Un malfaiteur grièvement blessé à la tête par un plat de sabre fut appréhendé : Hippolyte Journet, vingt-six ans. Il fut trouvé porteur d’un marteau, d’un ciseau-à-froid, d’un revolver qui servit à tirer sur l’agent Besson et d’une lettre compromettante indiquant l’adresse où il vivait clandestinement ; soit la loge d’un restaurant partagée avec une certaine Maria Decker.
La perquisition y fut fructueuse : quantité de bijoux et d’objets de valeurs furent retrouvés. Sur l’indication ce cette dernière, la sûreté appréhenda un autre complice : Marc Blin, vingt ans.
Niant d’abord toute implication, un interrogatoire zélé et vigoureux permit d’attribuer à la bande quatorze vols qualifiés.
Fils de notable au discours révolutionnaire, Blin reconnut les vols et les tirs sur les policiers, arguant avoir agi en légitime défense. Malgré son jeune âge, celui qui se présenta comme le chef de la bande, et fit montre d’une grande insolence.
Beau garçon vêtu en parfait gentleman, habitué des cafés chics, Blin menait une double vie. La perquisition menée à son domicile permit la découverte de recels de bijoux.
Furent saisis une pince-monseigneur et un outil artisanal type vilebrequin équipé d’une mèche circulaire et creuse, destiné au perçage des coffres-forts. Il reconnut en outre avoir fourni la bande en revolvers de cavalerie pour mener à bien leurs attaques nocturnes.
Sur ses indications, la sûreté procéda aux interpellations des deux autres dévoyés : Alexis Pouson, vingt-deux ans, et Claudius Médaille, vingt-trois ans. Les bandits étaient encore porteurs de revolvers.
Le 12 octobre, le gardien de la paix Vincent Besson, vingt-six ans, succomba sur son lit d’hôpital. Victime du devoir, il avait reçu quelques jours plus tôt la médaille d’Honneur de la police, échelon Or, des mains du Président de la République Sadi Carnot, alors en visite officielle dans les hôpitaux lyonnais.
Le brigadier Antoine Baud et le gardien de la paix Ferdinand Janodet furent décorés de la médaille d’argent.
Le 23 février 1889, la cour d’assises du Rhône condamna Blin et Journet aux travaux forcés à perpétuité ; Ponson et Médaille écopèrent de vingt ans de travaux forcés.
Le 5 mai 1890, les quatre condamnés quittèrent l’île de Ré à destination de la colonie pénitentiaire de Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane Française.
Journet mourut dès 1891 ; Ponson en 1900 et Médaille en 1915. Blin s’évada après trois tentatives en 1906 pour ne jamais reparaitre.
Biographie
Direction d'emploi
Sécurité Publique
Corps
Encadrement — Application
Type d'unité
Unité de Voie Publique — Service Général
Né le 18 février 1862 au bourg de Trambly (Saône-et-Loire) de Pierre Besson et Madeleine Toussaint, cultivateurs. Célibataire, sans enfant, domicilié 19 rue de la Part-Dieu.
Vincent Besson fut incorporé au 119e régiment d’infanterie ; passé au 17e escadron du train des équipages pour la campagne de Tunisie de 1884 à 1886 ; puis au 12e ETEM pour la campagne d’Algérie de 1886 à 1887. Il fut libéré de ses obligations militaires avec le grade de soldat de 2e classe. Besson était entré dans l’administration en juin 1888.
Inhumé au cimetière de Loyasse dans une tombe honorifique, ses restes furent transférés en 1955 au nouveau cimetière de Loyasse sous le monument dédié aux morts au champ d’honneur et aux victimes du devoir de la police lyonnaise.
Son nom est le premier inscrit dans la pierre de la colonne supportant ceux des victimes du devoir.
Sources et références
AD du Rhône, matricule militaire 314, classe 1882, recrutement Lyon-Nord. — Le Petit Parisien du 24/02/1889 “Assassinat d’un agent de police aux assises du Rhône” — La Lanterne du 22/02/1889 “La bande Blin devant la cour d’assises du Rhône” — Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire du 20/02/1889 “La bande Blin et Cie” — Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire du 13/10/1888 “Mort du gardien de la paix Besson” — La Justice du 08/10/1888 “Visite aux hôpitaux” — Le Rappel du 29/09/1888 “Chasse aux voleurs” — La Lanterne du 28/10/1888 “La bataille de Lyon entre voleurs et agents de police” — La Lanterne du 27/09/1888 “Agents et malfaiteurs, […] sanglantes mêlées” — Le Salut Public du 27/09/1888 “Le drame de la rue Pouteau”
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