Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Inspecteur
Victor ALLÈS
Victime du Devoir le 22 novembre 1930
Département
Paris (75)
Affectation
Direction de Police Judiciaire — Paris
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme à feu
Contexte
Forcené retranché, périple meurtrier
Au cours de la journée du vendredi 21 novembre 1930, munis d’un mandat d’amener, deux inspecteurs de la brigade de voie publique se présentaient à la tombée de la nuit à l’Hôtel du Coin, un meublé sis dans le quartier de la Villette, à l’angle des rues de l’Escaut et de Crimée à Paris (XIXe).
Innocent Almaraz, ressortissant espagnol âgé de vingt-deux ans, recherché pour le vol qualifié, avait fini par attirer l’attention, dans cet hôtel modeste de deux étages, suite à des violences intrafamiliales.
Le malfaiteur, qui faisait également l’objet d’une interdiction de séjour en France, était pourtant inscrit au registre de police de l’hôtel depuis le mois d’avril.
Assurés de sa présence dans sa chambre au premier étage, ils furent informés que sa compagne, et son fils âgé de quatre ans, étaient également présents.
Les policiers frappaient à la porte de la chambre mais n’obtienaient en réponse que des murmures et l’extinction de la lumière. Alors qu’ils manipulaient la poignée de porte, un coup de feu éclatait, tiré depuis un fenestron communiquant avec le couloir.
Le projectile blessait mortellement l’inspecteur Victor Allès, vingt-six ans. Son décès sera prononcé à la Maison de Santé des gardiens de la paix.
La clameur publique provoquait l’intervention d’un agent occupé à réguler la circulation ; il avisait par l’intermédiaire d’un poste téléphonique le commissariat de La Villette ; les spécialistes de la brigade des gaz furent dépêchés sur place.
A l’hôtel, le forcené tirait sur la foule constituée et blessait un agent ; un service d’ordre fut établi pour sécuriser la scène tragique.
Des agents de la brigade des gaz, vêtus de cottes protectrices spéciales, se présentaient jusqu’au palier. Après avoir parlementé en vain, ils perçurent d’autres coups de feu. Six cartouches de gaz destinés à désorienter le forcené furent tirées ; le garçon fut sauvé mais les policiers découvraient le corps de l’épouse du forcené, abattue par ce dernier avant de se faire justice ; il succombait à son arrivée aux urgences de l’hôpital Saint-Louis.
Biographie
Direction d'emploi
Police Judiciaire
Corps
Inspecteurs — Enquêteurs
Type d'unité
Unité d'Investigation et de Recherche
Titres et homologations
Citation à l'Ordre de la Nation
Né le 21 janvier 1904 à Paris 10e, de Nicolas Allès (gardien de la paix) et Julia Diort. Célibataire, demeurait 151 rue de Belleville chez ses parents.
Petit-fils et fils de policier, entré par vocation dans l’administration le 11 décembre 1925, après une période de service militaire de trois ans au 311e régiment d’artillerie ; libéré avec le grade de maréchal des logis.
Passé inspecteur de police le 21 février 1929 à la célèbre brigade de voie publique, sous les ordre de M. Badin.
Médaille d’or des actes de courage et de dévouement. Inhumé au cimetière du Montparnasse, dans le caveau des victimes du devoir.
En avril 1932, pour rendre hommage à la mémoire de ce policier victime du devoir, la rue de l’inspecteur-Allès fut attribuée à la voie nouvelle projetée entre les rues des Bois et de la Mouzaïa à Paris (XIXe).
Sources et références
Crédit photo : Arch. PP SMAC, série KC 1 ; restaurée via myheritage.fr
Arch. Mun. Paris, année 1930, 13e arrdt, acte de décès n°4780 — Le Petit Parisien du 26/11/1930, “Les obsèques de l’inspecteur Allès, victime du devoir” — Le Petit Parisien du 23/11/1930, “L’inspecteur Allès a succombé à ses blessures” — Le Petit Parisien du 22/11/1930, “Un espagnol reçoit à coups de revolver les inspecteurs venus l’arrêter” — Le Petit Journal du 22/11/1930, “Le quadruple drame de la rue de Crimée”
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