Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Commissaire divisionnaire

Roger GAVOURY

Victime du Devoir le 31 mai 1961

Département

ex Afrique Française du Nord (AFN)

Affectation

Sécurité Publique — Alger (Algérie)

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Circonstances

Cause du décès

Assassinat, exécution ou extermination

Contexte

Guerre — Terrorisme

Au cours de la nuit du mercredi 31 mai 1961, dans le contexte de la guerre d’Algérie, le commissaire divisionnaire Roger Gavoury, cinquante ans, fut assassiné à coups de poignard de parachutiste par un commando de l’Organisation Armée Secrète — OAS, à l’intérieur de son studio situé au 4e étage de l’immeuble du 4-6 rue du Docteur Trolard à Alger (ex-Algérie française).

Ce dernier assurait depuis plus d’un an les difficiles fonctions de commissaire central adjoint du grand Alger, et fut déjà la cible d’un attentat à l’explosif et de nombreuses menaces de mort.

Le 4 juin, l’OAS revendiquait cette “exécution” dans un tract ronéotypé à en-tête “OAS – Sous Secteur Alger-Ouest” , distribué dans les boites aux lettres de la ville en précisant que l’organisation avait “jugé” le commissaire divisionnaire Gavoury notamment pour “crime de haute trahison” et “complicité avec le régime”.

La police judiciaire détermina que le crime a été commis en raison de l’attitude ferme manifestée par ce fonctionnaire, particulièrement investi pour maintenir l’ordre à Alger et réprimer les troubles provoqués par les organisations subversives activistes.

Dix individus de l’organisation civilo-militaire dissidente impliqués dans son assassinat furent déférés devant les tribunaux militaires. Trois d’entre eux furent fusillés.

Biographie

Direction d'emploi

Sécurité Publique

Corps

Conception — Direction

Type d'unité

Unité de Gestion Opérationnelle, de Coordination ou d'Intendance

Titres et homologations

MPF - Mort pour la France

Citation à l'Ordre de la Nation

Croix de la Légion d'Honneur

Né le 7 avril 1911 à Mello (Oise) de Marie Charles Gavoury et Alice Depaule ; époux d’Odette Duval et père de trois enfants.

Fils d’un chef de groupe des services centraux de la Compagnie des chemins de fer du Nord, Roger Gavoury est scolarisé à Senlis et effectue ses études à l’École supérieure de philosophie de Beauvais, puis deux années de licence en droit à Lille.

À partir de 1931-1932, il exerce des activités administratives et commerciales dans des établissements bancaires et entreprises de Creil, Paris et Reims.

Il effectue son service militaire entre octobre 1933 et février 1934 au 67e régiment d’infanterie, écourté à la suite de blessures contractées dans la catastrophe ferroviaire de Lagny-Pomponne le 23 décembre 1933 (l’accident cause plus de deux cents morts).

En avril 1936, il passe avec succès le concours pour les emplois de commissaire de police stagiaire dans les départements.

Roger Gavoury obtient une première affectation de commissaire de police le 21 novembre 1936 à Hazebrouck (Nord) : dans cette commune éprouvée par les bombardements aériens, il se signale par son dévouement et son sens de l’initiative en mai-juin 1940.

Nommé successivement à Sarcelles (mars 1942 – décembre 1943), Sotteville-lès-Rouen (décembre 1943 – septembre 1944), Rouen-Saint Sever (septembre 1944 – octobre 1949), Béthune (octobre 1949 – mai 1950), Mézières-Charleville (mai 1950 – mai 1954) et La Rochelle (mai 1954 – mai 1955). Sa prise de poste d’adjoint au directeur du Centre national d’instruction et d’application de la sûreté nationale de Sens le 11 mai 1955 l’éloigne momentanément de la sécurité publique.

En mission temporaire au Maroc à compter du 9 août 1955, il est confirmé dans ses fonctions d’adjoint au chef de la sûreté régionale de Casablanca le 11 février 1956 par voie de détachement au titre de l’assistance technique. Il se voit confier la responsabilité du service central de la sécurité publique à Rabat en février 1957 et élabore la doctrine relative à l’organisation de la sûreté nationale marocaine.

Remis, à sa demande, à la disposition de son administration d’origine le 16 février 1959, il assure la direction des Centres d’assignation à résidence surveillée de Thol-Neuville sur Ain (avril à août 1959) et du Larzac (août 1959 – février 1960).

Commissaire principal depuis 1948, il est promu commissaire divisionnaire au lendemain de son installation, le 29 février 1960, dans les fonctions de commissaire central adjoint à Alger, avant d’être assassiné par un commando de l’O.A.S. (voir circonstances).

Tué en service commandé, Roger Gavoury est nommé, à titre exceptionnel, contrôleur général de la sûreté nationale, par arrêté du ministre de l’intérieur du 2 juin 1961.

Il est cité à l’ordre de la Nation le 10 juin 1961. La teneur de la citation est la suivante : Le Premier ministre, sur la proposition du ministre d’État chargé des affaires algériennes, cite à l’ordre de la Nation M. Roger Gavoury, commissaire divisionnaire, commissaire central du Grand Alger : “Fonctionnaire d’élite, d’un loyalisme absolu à l’égard des institutions républicaines, a toujours exercé ses délicates et périlleuses fonctions avec une compétence et une autorité dignes des plus grands éloges. Nommé à Alger depuis plus d’un an, s’est distingué par son attitude courageuse et son sens du devoir particulièrement élevé et a tenu à rester à son poste malgré les menaces de mort dont il était l’objet. Lâchement assassiné dans la nuit du 31 mai au 1er juin, a droit à la reconnaissance de la Nation.”

Nommé chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume par décret du 4 août 1961. Le mémoire de proposition mentionne : “M. Gavoury, au cours de ses séjours en Afrique du Nord, s’est toujours efforcé de montrer d’exemplaire façon aux populations musulmanes ce qu’elles pouvaient attendre de bénéfique de fonctionnaires français ayant pour but essentiel de faire respecter et aimer leur pays au travers de leur personne.”

La mention “Mort pour la France” lui est attribuée à titre militaire le 17 novembre 1961, sur avis favorable du ministre des anciens combattants et victimes de guerre.

Sources et références

BODMR n°19 du 10/08/1961 — SFHP, Notice biographique Roger Gavoury – URL de rétrolien : https://www.sfhp.fr/dotclear/index.php?trackback/246

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