Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Commissaire de police
René CORNEC
Victime du Devoir le 17 juin 1945
Département
Hauts-de-Seine (92)
Affectation
Sécurité Publique (PP) — Clichy-la-Garenne
Circonstances
Cause du décès
Maladie ou blessure contractées à l'occasion du service
Contexte
Guerre — Terrorisme
Le 9 octobre 1941, dans le contexte de l’Occupation allemande, la police de sûreté et service de sécurité de la shutzstaffel (SS) (Sicherheitsdienst polizei, SIPO-SD) mit en état d’arrestation René Cornec à son domicile de Clichy (ex Seine) où il officiait comme commissaire de police, pour « propagande pro-anglaise et gaulliste ». (voir biographie)
Ce dernier venait d’être convoqué à l’inspection générale des services de la Préfecture de police, et fit l’objet d’un sévère recadrement face à son ostensible comportement antiallemand, et à la passivité notable du commissariat. Il fut muté dans l’intérêt du service au 18ème arrondissement de Paris.
Après avoir mené une enquête mettant en cause judiciairement des agents français de la Gestapo (Geheime Staatspolizei, Police secrète du Troisième Reich), issus de la pègre, il apparut totalement suspect aux yeux de l’Occupant.
Il fut suspendu et incarcéré à la prison de Fresnes, puis déporté depuis Royallieu au camp de concentration de de Hinzert près de Trèves (Trier, Allemagne nazie), jusqu’au 15 août 1942.
Revenu des camps en très mauvaise santé, il dut attendre trois mois avant de reprendre le service, puis de renouer aussitôt avec la Résistance. Sous sa responsabilité, il ne fit arrêter « que » trente-six réfractaires au service du travail obligatoire (STO), après avoir volontairement provoqué l’échec de centaines d’autres recherches.
Ce bilan motiva cependant une nouvelle suspension de la part de l’inspecteur général Arthur Airaud, chargé de l’Épuration administrative suivant la Libération, d’autant que ce dernier avait été arrêté et perquisitionné par le commissaire. Militant actif du syndicalisme cheminot dans les Hauts-de-Seine, Airaud avait été suspecté par la Préfecture de police d’animer une tribune communiste.
Il fit l’objet d’une perquisition en son absence menée par Cornec, agissant sur instructions, et lequel ferma les yeux sur des éléments compromettants trouvés dans sa cave.
Le 17 juin 1945, alors qu’il s’était retiré à Jupilles (Sarthe), il succombait aux mauvais traitements et sévices subis pendant sa détention.
Biographie
Direction d'emploi
Préfecture de Police
Corps
Conception — Direction
Type d'unité
Unité de Gestion Opérationnelle, de Coordination ou d'Intendance
Titres et homologations
RIF - Résistance Intérieure Française (création de mouvements et de réseaux)
DIR - Déporté, Interné de la Résistance
Né le 9 juin 1901 à Montreuil (ex Seine) de Sébastien Cornec et Marie Jeanne Guelven ; époux de Julia Renée Morançais.
Après avoir effectué son service militaire dans l’infanterie, et occupé un emploi de comptable, René Cornec entrait dans l’adminsitration de la Préfecture de police en qualité de secrétaire le 1er juin 1923, en poste à Montreuil (ex Seine), et fut placé dans l’affectation spéciale.
En 1933, il fut nommé commissaire de police en poste au quartier de l’Hôpital Saint-Louis (Xe), puis à Clichy à compter de 1934.
Dès 1940, après la défaite, il agit instinctivement en faveur des réfractaires à l’Occupation allemande et à la collaboration ordonnée par le régime de Vichy.
Il sauvait d’un internement deux gardiens de la paix refusant de saluer un officier allemand, les rendant ainsi suspects sinon indésirables. Il couvrait tacitement ses subordonnés impliqués de manière précoce dans des manoeuvres reconnues par la suite comme actions de la Résistance intérieure française.
Au contact du groupe du « Commandant Fillol » (réseau Turma-Vengeance), il contribuait avec les inspecteurs Dhalenne et Gaget à l’exploitation d’une filière rochelaise d’évasion de prisonniers de guerre.
Il devenait l’un des principaux responsables pour la région parisienne du service d’information, de renseignements et de propagande de l’organe de presse clandestine « France au Combat », dont il empêcha une perquisition fructueuse chez l’imprimeur par un subtil service de contrôle routier.
Homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), avec le statut de déporté-interné de la Résistance (DIR), réseau « La France au Combat » ; promu avec le grade de directeur adjoint à titre posthume ; nommé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur.
En 1948, le député communiste Étienne Frajon fit obtenir une pension à sa veuve.
Sources et références
Arch. Dép. ex Seine, recrutement militaire de la Seine (1921), 4e bureau, Matricule: 4077 — Site Mémoire des Hommes (DIR, RIF) — Document éponyme sur le site internet « Les Amis de la Fondation de la Résistance »
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