Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Inspecteur spécial

Paul TURGNÉ

Victime du Devoir le 20 août 1944

Département

Paris (75)

Affectation

Renseignements Généraux (PP) — Paris

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Circonstances

Cause du décès

Assassinat, exécution ou extermination

Contexte

Guerre — Terrorisme

À l’aube du samedi 19 août 1944, répondant à l’appel à l’insurrection du Comité de Libération de la Police précédant l’avancée des forces alliées dans la capitale, de nombreux agents des différents groupements de Résistance constitués s’emparaient de la Préfecture de police, et prenaient des positions stratégiques dans et aux abords de leurs commissariats pour participer aux combats.

Dans la soirée, deux insurgés étaient interceptés par des sentinelles allemandes à l’angle de la rue de Charenton et de la rue Traversière (XIIe).

Le gardien de la paix Lucien Baranger, vingt-quatre ans, et Paul Turgné, trente-huit ans, ex inspecteur de police passé dans la clandestinité et recherché très activement par les différentes autorités d’Occupation (voir biographie), tentaient de s’échapper mais ce dernier fut mortellement blessé par balles.

Son décès fut déclaré le lendemain à l’hôpital Saint-Antoine (XIIe).

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Inspecteurs — Enquêteurs

Type d'unité

Unité d'Investigation et de Recherche

Titres et homologations

MPF - Mort pour la France

FFI - Forces Françaises de l'Intérieur (maquis, corps-francs,...)

FFC - Forces Françaises Combattantes (renseignement, action et évasion)

RIF - Résistance Intérieure Française (création de mouvements et de réseaux)

DIR - Déporté, Interné de la Résistance

Citation à l'Ordre de la Nation

Croix de la Légion d'Honneur

Né le 16 juillet 1906 à Paris (IIe) de Jean Turgné, militaire de carrière, et Julie Caradec ; époux de Marie Madeleine Malassagne, et père d’un enfant.

Entré à la Préfecture de police en qualité de gardien de la paix en février 1928 et affecté au commissariat du XIIe, Paul Turgné fut détaché à la 4ème section des renseignements généraux (RG-PP) comme inspecteur spécial en septembre 1937.

Dès le début de l’Occupation allemande, il se rapproche des premiers réseaux de Résistance « Honneur et Patrie » et plus particulièrement le groupe « Valmy », dirigé par le brigadier de police Arsène Poncey, subordonné à « L’Armée Volontaire » (AV) fondée par le Commandant René Lhopital, ex-officier d’ordonnance du Maréchal Foch.

Sa proximité avec les RG-PP lui permit d’être informé d’opérations et arrestations visant les réfractaires au service du travail obligatoire (STO), les populations israélites ou encore les membres de la Résistance.

En juin 1942, chargé avec un collègue de la garde d’internés dans les locaux de l’hôpital Rothschild, il fut visé par une enquête disciplinaire pour « négligence au cours d’une surveillance de détenus israélites ayant permis une évasion ».

Sa hiérarchie ne lui accorda plus aucune confiance. Ses absences répétées et prolongées éveillèrent d’avantage de soupçons.

En mars 1943, à la suite d’une vague d’arrestations consécutive à la trahison d’un agent double, le groupe « Valmy » fut quasiment anéanti par la brigade spéciale des RG-PP et la police secrète allemande (Geheime Staatspolizei, Gestapo).

Il fut arrêté le 13 avril suivant et incarcéré deux semaines durant à a prison du Cherche-Midi avant d’être libéré faute de preuve.

Il reconstituait le réseau sous l’impulsion d’Edmond Dubent, commissaire de police aux services techniques (ST-PP), adjoint de Poncey, la structure prolifique « L’Honneur de la Police ».

Il oeuvra dans le groupe d’action « Frédéric » (alias d’Henri Manhès, représentant de Jean Moulin en zone Nord), dirigé par l’ex commissaire Charles Porte. Il assura ainsi des surveillances spéciales d’agents de la sinistre « Gestapo française » de la Rue Lauriston dans le cadre de la préparation d’un attentat visant à les éliminer.

C’est dans ce contexte que le 28 décembre 1943, il fut arrêté à la brasserie Zimmer, place du Châtelet (1er), en compagnie des commissaires Porte et Dubent, ainsi que des résistants qui assuraient leur protection, Pruvost et Micheli.

Incarcéré à la prison de Fresnes, puis transféré au centre de Compiègne-Royallieu pour être déporté en Allemagne nazie dans un convoi parti de la gare de l’Est, il parvenait à s’en évader, entre Vitry-le-François et Bar-le-Duc.

De retour dans la région parisienne, il vécut dans la clandestinité à Saint-Maur-des-Fossés dans le quartier d’Adamville, jusqu’au premier jour de l’insurrection où il trouvait la mort.

Mention « Mort pour la France » ; homologué sous-lieutenant des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) ; aux Forces Françaises Combattantes (FFC) – réseau “Noyautage des Administrations Publiques” ; médaillé de la Résistance Intérieure Française ; promu Commissaire de police à titre posthume.

Sources et références

Arch. PP SMAC, série KC, photo restaurée et colorisée avec My Heritage — Doc. Luc Dudolph “Au coeur de la préfecture de police : de la Résistance à la Libération, 3ème partie” — Le Maitron, notice biographique établie par CHEVANDIER Christian — Arch. Mun. Paris, année 1944, 12e arrdt, acte de décès n°3363 — Site Mémoire des Hommes (FFI, MPF) — JORF du 20/12/1944 (CN) — JORF du 02/01/1945 (LH)

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  1. Toujours très ému par ce qui est dit sur mon grand-père.

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