Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Sous-chef de bureau
Marcel GAUCHER
Victime du Devoir le 24 décembre 1944
Département
Paris (75)
Affectation
Sécurité Publique (PP) — Paris - Services Administratifs
Circonstances
Cause du décès
Assassinat, exécution ou extermination
Contexte
Guerre — Terrorisme
Le 9 octobre 1941, le sous-chef du bureau de la Direction du Personnel, du Budget et du Matériel de la Préfecture de Police, M. Marcel Gaucher, quarante-sept ans, est arrêté par la police secrète d’État du Troisième Reich (Geheime Staatspolizei – Ge.Sta.po), d’abord dénoncé comme franc-maçon, et pour ses activités clandestines en faveur de la Résistance, comme agent de renseignement (voir biographie) ; des tracts et des armes sont effectivement découverts à son domicile.
Son fils Jacques est arrêté à quelques heures d’intervalles pour actes de franc-tireur.
Marcel Gaucher est déporté depuis la gare de l’Est à Paris le 15 décembre 1941, et successivement interné dans les prisons de Hagen, de Cologne, de Wittlich (Rhénanie-Palatinat), de Wolfenbüttel (Basse-Saxe) et de Hambourg. Il est enfin transféré au camp de concentration de Gross-Rosen (Allemagne, act. Pologne, près de Rogoźnica), où il meurt le 24 décembre 1944. Il était alors âgé de 50 ans. Son fils mourut également en déportation en avril 1945.
Biographie
Direction d'emploi
Préfecture de Police
Corps
Personnels administratifs
Type d'unité
Unité de Gestion Opérationnelle, de Coordination ou d'Intendance
Titres et homologations
MPF - Mort pour la France
FFC - Forces Françaises Combattantes (renseignement, action et évasion)
DIR - Déporté, Interné de la Résistance
MED - Mort en Déportation
Né le 21 septembre 1894 à Paris 12e de Louis Gaucher (instituteur) et Juliette Mathiot. Epoux de Raymonde Rigaud, domiciliés à Fontenay-sous-Bois.
Au début de la première guerre mondiale, Marcel Gaucher est étudiant en droit et réside chez ses parents à Bagnolet (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il est incorporé en août 1916 au 153e régiment d’infanterie. Il devient caporal en mai 1917 puis sergent le mois suivant. Pour son attitude pendant les combats, il est cité à l’ordre du régiment en novembre 1918. Gaucher est affecté en mai 1919 à la 20e section état-major et est mis en congé en septembre de la même année.
Il s’installe alors à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue du Bac. Juste après la fin de sa période militaire, il épouse dans cette ville Raymonde Mathilde Rigaud en septembre 1919. Il est contremaître dans l’entreprise de coupe de verre et de glaces, dirigée par son beau-père, Eugène Rigaud, et située à son adresse dans le quartier de Polangis. Il participe au bureau de la Société symphonique de Joinville dont il est archiviste en 1925.
Vers 1925, Marcel Gaucher devient rédacteur à la préfecture de police de Paris. Il y préside une société musicale, la Symphonie, qu’il fusionnera en 1935 avec le Salon artistique de la même administration, en une Association artistique s’occupant à la fois de musique et de peinture. Marcel Gaucher est lui-même peintre, orienté vers le paysage, et expose au salon annuel de la préfecture en 1934, 1937 et 1938.
La famille Gaucher s’est installée à Fontenay-sous-Bois (Seine, act. Val-de-Marne), d’abord rue Squéville puis rue Castel. En juillet 1932, Marcel Gaucher remporte un prix au Grand concours politique organisé par le quotidien l’Œuvre.
Pendant la deuxième guerre mondiale, Gaucher est affecté spécialement à la préfecture de police. Il est démobilisé de fait le 25 juin 1940. Le 6 septembre 1941, le Journal officiel publie une « Liste des dignitaires (hauts gradés et officiers de loges) de la franc-maçonnerie » dans laquelle Marcel Gaucher est présenté comme responsable de la loge L’Effort. En conséquence de cette dénonciation, l’amiral Bard, préfet de police, dans un arrêté du 26 septembre 1941, relève Marcel Gaucher de ses fonctions de sous-chef de bureau à la direction du personnel, du budget et du matériel.
Marcel Gaucher avait fondé, dès juin 1940, le premier groupe clandestin contre l’occupant à la préfecture. Il s’occupe de faux papiers et de l’organisation de dépôts d’armes. Après son renvoi, il est recruté le 1er octobre 1941 comme agent P1 au sein du réseau Hector, mouvement de résistance fondé par Alfred Heurteaux et lié au service de renseignement de l’armée de l’air française. Le 9 octobre, il est nommé agent P2, chargé de mission 3e classe, ce qui lui vaut un grade de sous-lieutenant homologué au titre des Forces françaises combattantes.
Le réseau est démantelé au cours de l’opération Porto par l’Abwehr, service de renseignement de l’état-major allemand à Paris. 119 personnes sont arrêtées, dont 77 seront maintenues en détention, dans des lieux gardés secrets au nom de la nouvelle classification Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard), parmi lesquelles figurent Marcel Gaucher et son fils Jacques. (voir circonstances)
Pour son activité civile, Marcel Gaucher avait obtenu la médaille de bronze de la mutualité en août 1929. Il était décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d’académie en janvier 1931 et comme officier de l’instruction publique en février 1937.
Au nom de son engagement dans la Résistance, et à titre posthume, Marcel Gaucher a obtenu la médaille de la Résistance en avril 1946 et a été fait chevalier de la Légion d’honneur en juillet 1947. Il a été cité à l’ordre de la Nation le 21 juin 1947 par le ministre de l’intérieur, Édouard Depreux.
Le nom de Marcel Gaucher figure sur la plaque commémorative des victimes civiles, située au carrefour des Martyrs-de-la-Résistance à Fontenay-sous-Bois. La même commune a baptisé une de ses voies « rue Marcel et Jacques Gaucher » ; il s’agit d’une ancienne partie de la rue Castel, où il résidait. Un arrêt de bus de la RATP porte le nom « Mallier-Gaucher » ; il est desservi par la ligne 524.
Les archives municipales de Fontenay-sous-Bois conservent des toiles peintes par Marcel Gaucher.
Mention ” Mort pour la France ” ; mention ” Mort en Déportation ” ; “Déporté, interné de la Résistance” ; homologué sous-lieutenant des Forces Françaises Combattantes – réseau Hector, agent P2 chargé de mission de 3e classe.
Sources et références
Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 246038 (FFC, DIR)
Bureau: 1er bureau, Matricule: 4177, Recrutement militaire de la Seine (1887-1921)
Arch. Mun. de Fontenay-sous-Bois, article en ligne publié en 2020 – Roger se souvient de Marcel…
Marcel Gaucher, fonctionnaire franc-maçon, peintre et mélomane, héros de la Résistance – article publié en ligne le 15/05/2019 par Benoit Willot sur son blog “Pommorésie”
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