Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Chef inspecteur divisionnaire

Marcel BASDEVANT

Victime du Devoir le 09 juillet 1986

Département

Paris (75)

Affectation

Direction de Police Judiciaire — Paris

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Circonstances

Cause du décès

Engin ou projectile explosifs

Contexte

Guerre — Terrorisme

Au cours de l’après-midi du mercredi 9 juillet 1986, dans la continuité d’une série d’attentats à caractère internationaliste commis sur le territoire français, un engin artisanal d’une dizaine de kilos d’explosifs éclata dans les toilettes du 4ème étage de la Préfecture de police à Paris, dans les nouveaux locaux de la brigade de répression du banditisme (BRB-PP), Quai de Gesvres. L’explosion souffla plusieurs étages et blessa des dizaines de personnes, majoritairement des policiers.

Le chef inspecteur divisionnaire émérite Marcel Basdevant, cinquante-deux ans, mourut écrasé sous une dalle de béton séparant le 4ème du 5ème étage ; les inspecteurs Paul Orsini, trente-cinq ans et Armel Legras, trente-trois ans, furent gravement mutilés.

Le 11 juillet, l’attentat était revendiqué par Action-Directe ; jonction de plusieurs mouvements autonomes communistes révolutionnaires revendiquant une lutte armée contre l’impérialisme capitaliste, le fascisme, les symboles de la puissance de l’État, le grand patronat, aux moyens d’attentats à l’explosif et par armes à feu, d’enlèvements de personnalités et d’assassinats ciblés.

Le communiqué signé commando Loïc Lefèbvre fut authentifié ; nom emprunté à l’auteur d’un refus d’obtempérer abattu cinq jours plus tôt dans la capitale par un policier de la CRS N°54. L’affaire avait encore un fort retentissement dans les médias.

Isolé et recherché comme membre actif de la branche lyonnaise de ce réseau terroriste, Maxime Frérot, trente ans, ancien expert artificier formé au régiment de parachutistes de Bayonne, devint le suspect n°1. Ce dernier fomenta effectivement l’attentat avec l’aide d’un complice avec qui il a commis de nombreux braquages pour le compte d’AD jusqu’en 1984 : Gilbert Vecchi, trente-deux ans. Cet ouvrier couvreur lui indiquait avoir travaillé sur le chantier des futurs locaux de la BRB, désormais installée depuis quelques mois Quai de Gesvres ; il lui esquissait un plan détaillé des lieux, indiquant que les entrées n’y étaient pas encore étroitement surveillées.

En décembre 1986, Vecchi et un complice furent arrêtés en flagrant délit de vol à main armée à Fresnes. Espérant minimiser sa peine, il remit des aveux aux enquêteurs et désigna Frérot comme l’auteur de l’attentat. Fiché depuis 1979 au “catalogue d’AD”, le portrait de Frérot s’afficha dans tous les commissariats de France et fit l’objet d’une diffusion publique nationale.

Le 28 novembre 1987, inlassablement traqué, Frérot fut interpellé par des policiers alors qu’il circulait dans les sous sols de l’hôtel Mercure, près de la gare de la Part-Dieu à Lyon, où il pensait se faire oublier dans des squats.

Frérot fut condamné (une première fois) en 1989 à la réclusion criminelle à perpétuité pour une série d’attentats et de hold-up, qui avaient ensanglanté Lyon et Paris dans les années 1980, et notamment les meurtres du brigadier de police Guy Hubert en 1981 et du Général de gendarmerie Guy Delfosse en 1984.

La cour d’assises spéciale de Paris le condamna une seconde fois en 1992 à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’attentat contre les locaux de la brigade de répression du banditisme avec une mesure de sûreté de 18 ans. Vecchi fut condamné à une peine de 10 ans d’emprisonnement.

En 2002, sur la base d’une information d’un indicateur des renseignements généraux, 230 kilos d’explosifs, d’armes et d’engins de guerre furent retrouvés dans des sous-sols d’immeubles à Lyon ; au 72 Rue Vauban et 7-9 Rue Elie Rochette.

Le 2 Juillet 2010, Frérot était libéré et quittait le centre de semi-liberté de Nîmes à l’âge de cinquante-trois ans ; soit l’âge de sa dernière victime.

Biographie

Direction d'emploi

Police Judiciaire

Corps

Inspecteurs — Enquêteurs

Type d'unité

Unité d'Investigation et de Recherche

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Croix de la Légion d'Honneur

Né le 19 mai 1934 à Paris (XVe) de Joseph Basdevant et Gilberte Perreau ; marié et père de deux enfants.

Marcel Basevant n’a que six ans lorsqu’il devient orphelin de sa mère ; il passe son enfance à Planchez-en-Morvan (Nièvre) élevé par ses grands-parents. Jeune adolescent, il rejoint son père, employé à la Ville de Paris où il obtient son brevet élémentaire.

Au début des années cinquante, alors âgé de dix-neuf ans, il entame une carrière chez les sapeurs-pompiers. Il obtient par la suite un poste de télégraphiste, détaché à la Préfecture de police de Paris. Un choix qui sera déterminant dans son orientation professionnelle : il devient gardien de la paix en 1962.

Travailleur, consciencieux et déterminé, il réussit son examen d’inspecteur de police dès 1964 et intègre les prestigieux locaux du Quai des Orfèvres. Pendant de nombreuses années, il traque le grand banditisme de jour comme de nuit. Il est décrit par ses collègues comme un policier d’une grande valeur, respecté de tous, même des truands.

Les journalistes avaient coeur à suivre ses enquêtes. Le Commissaire Broussard, qui était l’un de ses collaborateurs directs évoquait un technicien hors-pair, un vrai chasseur, l’un des inspecteurs les plus compétents qu’il ait jamais rencontré. A la brigade de répression du banditisme, il avait formé nombre de jeunes policiers et de chefs de groupe.

Bon père et bon époux il s’était attiré la sympathie de toute la communauté de Planchez où il revenait très régulièrement. Ses enfants ont suivi son exemple et ont embrassé une carrière dans la police. Bernard Basdevant, décédé en 2011, s’était distingué en procédant à l’arrestation de GuyGeorges à la station de métro Blanche en 1998 à Paris.

Au terme d’une carrière aussi respectable que périlleuse, Marcel Basdevant est mort assassiné dans son bureau, trois ans avant sa retraite… Il rêvait simplement de revenir à Planchez pour cultiver la terre à plein temps avec son épouse.

Cité à l’ordre de la Nation [1] ; nommé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur [2] ; promu Commissaire principal de police à titre posthume ; médaille d’Honneur de la Police Nationale.

Sources et références

BODMR n° 11 du 13/09/1986 ; Entretien avec Françoise Bernard, cousine de Marcel Basdevant — La longue traque d’Action Directe par Roland Jacquard (éd. Albin Michel 1987) — Le Nouvel Obs 1198 du 23/10/1987 — Le Progrès du 29/03/2011 “Le gardien de la paix Marc Baquéro avait arrêté Max Frérot à Lyon. Il raconte” — Le Parisien du 22/09/2002 “Deux immeubles de Lyon vivaient sur une poudrière”

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