Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Gardien de la paix
Lucien SIÉGRIST
Victime du Devoir le 21 août 1944
Département
Paris (75)
Affectation
Sécurité Publique (PP) — Paris - Compagnie de Circulation
Circonstances
Cause du décès
Assassinat, exécution ou extermination
Contexte
Guerre — Terrorisme
Le 11 juin 1943, dans le contexte de l’Occupation allemande, Lucien Siégrist, trente-sept ans, gardien de la paix de la Préfecture de police de Paris, entré dans la clandestinité comme agent de liaison du réseau de renseignements “Alliance”, fut mis en état d’arrestation par la police secrète d’État du Troisième Reich (Geheime Staatspolizei – Ge.Sta.po) .
Victime de la trahison d’un agent du réseau retourné à des fins vénales par l’Abwehr, il fut surpris en compagnie d’un autre résistant, Louis Payen, dans l’installation d’une officine de faux-documents, au N°26 Quai de Retz (actuel Quai Jean-Moulin) à Lyon (Ier).
Interné à la prison de Montluc, il fut torturé puis transféré à Fresnes. Le 16 décembre, il fut déporté au départ de Compiègne à destination de l’Allemagne et interné à la prison de Kehl-am-Rhein puis à celle de Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg).
Le 19 mars 1944, la Gestapo de Strasbourg transmit le dossier d’accusation d’espionnage au Tribunal de guerre du Reich. Lucien Siegrist fut jugé seul le 3 juin suivant par le 3e Sénat (Chambre) du Tribunal de guerre, et condamné à mort pour espionnage au profit d’une puissance ennemie.
Il fut transféré le 15 juin à la prison de Schwäbisch-Hall (Bade-Wurtemberg), où il fut mis comme tous les autres détenus, dans une cellule individuelle.
Le 16 juin 1944, le jugement fut confirmé à Torgau et la grâce demandée fut refusée par le Führer Adolf Hitler le 17 juillet.
Lucien Siegrist et 23 autres codétenus furent conduits le 21 août à l’aube à la caserne Schlieffen, à Heilbronn (Bade-Wurtemberg). Ils furent fusillés par groupes de huit au champ de tir d’Heilbronn après avoir reçu l’assistance d’un prêtre, mais en refusant d’avoir les yeux bandés. Ils moururent courageusement en criant “Vive la France”.
Ils furent inhumés dans le cimetière de Sonthein-Neckar et le dernier vœu des 24 condamnés étant « °d’être enterrés en France » fut exaucé par le réseau “Alliance” qui rapatriera les corps en juin 1947, à Strasbourg. Il fut inhumé à la nécropole nationale de Strasbourg-Cronenbourg (Bas-Rhin).
Biographie
Direction d'emploi
Préfecture de Police
Corps
Encadrement — Application
Type d'unité
Unité de Voie Publique — Service Général
Titres et homologations
MPF - Mort pour la France
FFC - Forces Françaises Combattantes (renseignement, action et évasion)
MED - Mort en Déportation
Citation à l'Ordre de la Nation
Né le 4 décembre 1905 à Concorès (Lot) de Joseph Siégrist et Marie Deviers ; époux de Joséphine Pichon ; un enfant.
Après sa scolarité à Paris, Lucien Siégrist apprit le métier de droguiste. Il effectua son service militaire de 1925 à 1927 dans un régiment d’artillerie lourde à Belfort et quitta l’armée avec le grade de sous-officier.
Il fut employé de commerce en Afrique occidentale française et à Paris de 1927 à 1937 puis devint gardien de la Paix dans la police municipale de Paris, affecté à la circulation.
Alors qu’il tentait de gagner l’Espagne par Marseille en novembre 1941, il rencontra un agent du commandant Léon Faye au réseau de renseignements militaires Alliance, qui le convainquit d’intégrer l’antenne de Marseille, ce qu’il fit en janvier 1942 en recevant le pseudonyme “Éléphant”.
Il devint transmetteur de courrier entre Marseille et Grenoble, Lyon, Vichy puis participa à la récupération de matériel parachuté dans les régions de Lyon et Ussel (Corrèze) avec l’équipe Avia et à la redistribution d’argent pour l’organisation ainsi que d’émetteurs radio, produits alimentaires, vêtements et courrier. Il devint ensuite secrétaire personnel du commandant Faye.
Il échappa à la vague d’arrestations de novembre 1942 liées à l’évasion du général Giraud et participa à la reconstruction du réseau. Une nouvelle vague d’arrestations ayant eu lieu en mars 1943, Lucien Siegrist fut chargé par le commandant Faye de créer une section sous le nom de “Défense passive”, servant de couverture pour la fabrication de faux papiers donnant aux agents de nouvelles identités afin de les protéger. Il mit au point des règles très strictes rendant les falsifications pratiquement impossibles à détecter.
Le service “Défense passive” fut transféré à Lyon où Lucien Siegrist fut piégé (voir circonstances).
Il fut homologué comme agent P2 des FFC (Forces françaises combattantes) et chargé de mission de 1ère classe de la DGER (Direction générale des études et recherches) avec le grade de capitaine le 10 octobre 1947. Il obtint la mention “Mort pour la France” le 12 avril 1946 et “Mort en déportation” par arrêté du 18 septembre 2002.
Sources et références
Le Maitron, notice de Daniel Ponnevoy : https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article188542
“Policier sous Vichy : obéir, résister ?” par Michel Salager, Société Lyonnaise d’Histoire de la Police, p.287
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c’était le cousin par alliance de ma mère, je connais sa descendance, et j’ai entendu récemment une méprise au sujet de son décès, donc je suis venue prouver qu’il est mort pour le pays, sa fille m’avait d’ailleurs montré la laque à son nom dans Paris , Yvette Arnoux