Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Gardien de la paix
Léon BOUTEILLER
Victime du Devoir le 26 mars 1925
Département
Paris (75)
Affectation
Police Municipale (PP) — Paris 10ème
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme blanche
Contexte
Maintien de l'ordre — Service d'ordre
Au cours de la journée du mardi 1er mai 1923, deux meetings réunissant les syndicats unitaires se tenaient dans le quartier de l’Hôpital-Saint-Louis à Paris (Xe), avant la constitution d’un cortège. La sortie du premier s’effectuait sans incident, tandis que près de mille huit cents manifestants exaltés quittaient le second par la rue de la Grange-Aux-Belles au chant de l’Internationale.
Sous les ordres de MM. Lacroix et Rebut, commissaires des 10e et 19e arrdts, un service d’ordre constitué de gardiens de la paix et de gardes à pied était établi aux abords deux salles ; la garde à cheval se tenant en réserve.
Alors que les deux cortèges se rejoignaient à l’intersection des rues des Ecluses-Saint-Martin et Juliette-Dodu, une section d’agents cyclistes du 10e arrdt se retrouva isolée et prise immédiatement à partie.
Quatre agents furent assaillis par la foule écervelée ; l’un des émeutiers porta plusieurs coups de couteau au gardien de la paix Léon Bouteiller, vingt-six ans. Tandis qu’il agonisait au sol, d’autres émeutiers vinrent le fouler aux pieds.
Une charge repoussait l’ensemble des manifestants en direction du 11e arrdt ; un grand nombre de grilles entourant les arbres de la rue Claude-Vellefaux furent brisées et les débris projetés en direction des forces de l’ordre. Trois tramways de la ligne Bobigny-Les Halles furent détruits. Une charge de la garde à cheval balaya définitivement les groupes violents.
La préfecture de police dénombra soixante-et-un agents blessés pour Paris et sa banlieue, dont dix-sept pour les évènements du quartier de l’Hôpital-Saint-Louis ; l’agent Bouteiller y fut transporté dans un état grave : la lame avait perforé la plèvre au poumon droit et un coup de pied àvait provoqué une grave lésion interne. Celui-ci avait déjà été grièvement blessé au 1er mai de l’an dernier.
Quatorze arrestations furent maintenues sur les vingt-cinq interpellations réalisées, suivies d’envoi au dépôt ; cependant aucune ne concernait l’agression de l’agent. M. Cressels, juge d’instruction, ouvre une information contre X pour tentative de meurtre sur agent de la force publique. L’enquête n’aboutit pas et l’agresseur resta inconnu.
Le 26 mars 1925, l’agent Bouteiller succomba à ses blessures reçues en service commandé deux ans plus tôt.
Biographie
Direction d'emploi
Préfecture de Police
Corps
Encadrement — Application
Type d'unité
Unité de Voie Publique — Service Général
Titres et homologations
Citation à l'Ordre de la Nation
Croix de la Légion d'Honneur
Né le 7 août 1897 à Fayl-Billot (Haute-Marne) de Joseph Bouteiller et Marie Marcelle ; époux de Georgette Etienne, père d’un enfant. Domicilié 9 rue Frédéric-Bastia, Paris 8e.
Entré dans l’administration le 10 février 1920 après une période de services aux armées comme engagé volontaire dans la campagne contre l’Allemagne du 20 janvier 1916 au 22 septembre 1919 au 1er régiment de zouaves. Evacué malade le 1er septembre 1917 puis blessé au combat par éclat d’obus le 21 août 1918.
Cité à l’ordre de la Nation ; nommé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur ; médaille vermeil des actes de courage et de dévouement décernée le 29/05/1923.
Sources et références
Registre des matricules militaires de Haute-Marne, classe 1917, matricule 1168 — Le Petit Parisien du 09/07/1925, “L’agent Bouteiller […] cité à l’ordre de la nation” Le Petit Parisien du 03/05/1923, “Après le 1er mai…”Le Petit Parisien du 03/05/1923, “La journée du 1er mai…” — Le Petit Journal du 02/05/1923, “Violentes bagarres à la sortie des meetings” — Le Figaro du 02/05/1923, “Le 1er mai à Paris…”
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