Jules GAUDRY

Au cours de la nuit du samedi au dimanche 2 avril 1911, deux gardiens de la paix habillés en bourgeois repéraient un trio suspect dans le faubourg de La Guillotière à Lyon (Rhône) ; les suspects guettaient la sortie d’un débit de vins de la Rue de Marseille et emboitèrent le pas d’un client dans le but manifeste de le délester de son argent.

Les agents surprenaient l’agression et mettaient en fuite les voleurs ; l’un d’eux était pris alors qu’il se dissimulait derrière l’église Saint-André.

L’interpellation qui s’accompagnait de rébellion provoqua un formidable tapage et l’intervention de deux surveillants en uniforme de la société de police privée La Vigilante.
Avec l’accord de la Préfecture, ces sociétés de surveillance spéciales constituées d’hommes sans formation spécifique assuraient un rôle de vigie pour lutter contre la criminalité galopante qui gagnait les faubourgs, par des rondes nocturnes, à l’intérieur et à l’extérieur des immeubles assurés auprès des-dites sociétés. En proie à une activité nocturne délétère faite de vols et règlements de compte entre bandes, La Guillotière n’échappait pas à la règle.

Pensant assister à une rixe entre voyous, les deux vigiles tiraient sur le groupe à sept reprises avec des revolvers d’ordonnance, sans aucun discernement. Ils blessèrent grièvement dans le dos l’agent de la sûreté Jules Gaudry, trente-cinq ans.

Transportés à l’Hôtel-Dieu, son état de santé ne fit qu’empirer. Il reçut la visite du secrétaire général de la police, M. Cacaud, ainsi que du maire de Lyon, M. Herriot. Il mourut après une terrible agonie le 14 avril 1911.

Les vigiles étaient écroués à la prison de Saint-Paul, à la disposition de M. Rey, juge d’instruction (suite inconnue).