Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Brigadier de la Sûreté
Jean POUCHET
Victime du Devoir le 04 septembre 1921
Département
Hérault (34)
Affectation
Police Municipale — Sète
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme à feu
Contexte
Interpellation(s) d'individu(s)
Dans l’après-midi du jeudi 1er septembre 1921, un percepteur de contributions âgé de soixante-et-un ans, était victime d’une agression à main armée alors qu’il était sur le point d’entrer dans son bureau, à l’angle des rues de l’Hospice et Montmorency à Sète (ex Cette, Hérault).
Frappé à la tête avec un objet contondant en métal, la victime fut guettée par trois malfaiteurs derrière un kiosque à journaux, qui s’emparaient de sa recette : huit cent mille francs de bons de la défense nationale, et soixante mille francs en liquide.
Le sinistre trio prenait la fuite par le quai de Bosc en direction de la petite localité voisine, La Peyrade. L’un d’entre eux n’hésita pas à tirer sur des témoins téméraires.
Avec le concours des gendarmes et de citoyens rivalisant d’ardeur, une battue fut organisée ; les bandits furent repérés à la gare de petite vitesse alors qu’ils tentaient de se dissimuler dans un train de marchandises.
Au cours de la traque jusqu’à l’étang dit des Eaux-Blanches, de nombreux échanges de tirs eurent lieu. Jean Pouchet, brigadier de la Sûreté âgé de cinquante-trois ans, fut très grièvement blessé par l’un des bandits qui s’était dissimulé dans des bouquets de roseaux. Il fut aussitôt abattu en retour par citoyen en arme.
Les deux autres bandits étaient interpellés sous de fausses identités avec le butin, lardés de morsures de chiens policiers lancés à leur poursuite.
Atteint au ventre et à la cuisse par deux projectiles distincts, le brigadier fut transporté à l’hôpital local dans un état désespéré. Il reçut la médaille d’Or des actes de courage et de dévouement des mains du Préfet de l’Hérault.
Le 4 septembre, il succombait des suites d’une péritonite contractée consécutivement aux graves blessures par balles reçues en service commandé.
Le 9 septembre, l’enquête menée par la brigade mobile de la police judiciaire établit l’identité du bandit tué : Hamdane Ben Ali, trente-deux ans, originaire d’Alger ; condamné à dix-huit mois de prison pour vols qualifiés à Paris, il était frappé d’une interdiction de séjour en France.
Le malfaiteur Auguste Marchetti, trente-deux ans, faisait parti de l’environnement parisien de ce dernier. Leur complice des plus cyniques est un bordelais se prétendant de nationalité espagnole, Raymond Sas, vingt-cinq ans.
Ce dernier était un redoutable malfaiteur recherché par l’autorité judiciaire pour des vols qualifiés similaires à l’attaque du percepteur pour lesquels il encourait deux condamnations à vingt ans de travaux forcés par contumace.
Le 12 juillet 1922, la cour d’assises de l’Hérault condamna Marchetti et Sas à la peine de mort, dont l’arrêt fut cassé le 17 août pour vice de forme. Un nouveau procès se tenait le 26 octobre suivant devant la cour d’assises des Pyrénées-Orientales.
Le duo fut condamné aux travaux forcés en colonie pénitentiaire de la Guyane Française. Cependant, dès le mois de février 1924, Sas parvint à s’échapper d’un camp et disparut ; en mars de la même année, il fut imité par Marchetti.
Biographie
Direction d'emploi
Police Municipale
Corps
Encadrement — Application
Type d'unité
Unité de Voie Publique — Service Général
Titres et homologations
Citation à l'Ordre de la Nation
Croix de la Légion d'Honneur
Né le 14 novembre 1868 à Vic-Dessos (Ariège) de Nicolas Pouchet et Marie Fauré ; époux de Joséphine Tournier ; père de trois enfants dont l’un était l’orphelin de sa soeur adopté.
Entré dans l’administration le 10 août 1902 comme agent de police municipale à Sète après une période de quatre ans de service militaire au 13e bataillon du Génie de Montpellier, Jean Michel Pouchet était très estimé de ses pairs ; il fut promu sous-brigadier au service de Sûreté le 1er janvier 1914, puis brigadier le 1er avril 1917.
Nommé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume ; médaille d’or de 1ere classe des actes de courage et de dévouement.
Inhumé au cimetière de Sète dans un caveau à concession perpétuelle.
Sources et références
Archives municipales, registres matricules, cote 1R1017, Pouchet Jean, Michel, matricule 618, classe 1888. — JORF du 12/03/1922, “Décret portant nomination dans l’ordre du mérite” — Le Petit Marseillais du 03/09/1921, “L’audacieuse agression de Cette” — Le Temps du 03/09/1921, “Agression à Cette contre un percepteur” — Le Petit Journal du 03/09/1921, “Un percepteur de Cette dévalisé en plein jour au centre ville”
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