Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Gardien de la paix
Jean-Baptiste MAURS
Victime du Devoir le 21 février 1900
Département
Paris (75)
Affectation
Police Municipale (PP) — Paris 13e
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme blanche
Contexte
Interpellation(s) d'individu(s)
Tôt dans la matinée du dimanche 18 Février 1900, trois rôdeurs alcoolisés écumaient le quartier de la Butte-aux-Cailles, 13e arrondissement de Paris. Renversant les étalages des boutiquiers, bousculant et injuriant les passants, les ivrognes âgés d’une vingtaine d’années finirent par provoquer l’intervention des gardiens de la paix Coppier et Schmettezki. Rue de Vergniaud, ils maitrisèrent tant bien que mal deux des trois trublions : Eugène Hocquart dit gobelette, et Louis Chevalier dit trois-pattes, et les emmenèrent jusqu’au commissariat pour outrages à agents et ivresse publique manifeste.
Alors que Hocquart se débattait vigoureusement en incitant à l’émeute les malandrins qui les encerclaient, les gardiens de la paix Baudoin et Maurs, en poste-vigie rue de la Glacière, vinrent prêter main forte. C’est à cet instant que le troisième de la bande, Jules Guyomar dit le breton, dix-neuf ans, revint à la charge sur l’agent Maurs et le frappa à trois reprises à la nuque et à la tête avec un redoutable stylet.
Les coups furent donnés avec une telle force que la lame se brisa dans le crâne de la victime. Guyomar tenta de prendre la fuite mais il fut terrassé d’un violent coup de poing porté par l’agent Coppier. Il apparait au bulletin criminel que les trois malfaiteurs faisaient l’objet de recherches pour des centaines de vols de nature avicole, commis de manière sérielle sur l’arrondissement.
Le gardien de la paix Jean-Baptiste Maurs, quarante-et-un ans, fut transporté jusqu’à l’hôpital Cochin dans un état désespéré. Il y reçut la médaille d’or de 1re classe pour actes de courage et de dévouement des mains de M. Laurent, secrétaire général de la préfecture de police. Il succombait le 21 février après une terrible agonie.
Le 21 mai suivant, la cour d’assises de la Seine condamna Guyomar à mort pour le meurtre de l’agent Maurs. Toutefois, en raison de son jeune âge, un recours en grâce fut signé en sa faveur le jour même du verdict. Le recours fut validé le 11 juillet et la peine capitale commuée aux travaux forcés à perpétuité. Guyomar fut transféré de la prison de la Santé jusqu’à l’île-de-Ré, d’où il embarqua définitivement pour la Guyane Française. Le 21 juillet 1928, il fut tué à Saint-Laurent-du-Maroni après une deuxième tentative d’évasion.
Biographie
Direction d'emploi
Préfecture de Police
Corps
Encadrement — Application
Type d'unité
Unité de Voie Publique — Service Général
Né le 30 mai 1858 à Saint-Parthem (Aveyron) de Jean-Baptsite Maurs et Marcelle Delon ; époux de Grâce Soubielle, père deux enfants ; domiciliés N°23 Rue du Moulin-des-Prés à Paris (XIIIe).
Jean-Baptsite Maurs avait accompli une période de cinq ans de service militaire à la 16e section d’infirmiers militaires. Depuis son entrée à la Préfecture de police, il appartenait à la brigade du 13e arrondissement où il avait été nommé le 1er janvier 1886. D’un caractère énergique, il s’acquittait de son service avec beaucoup de zèle. Il avait deux frères dans l’administration : l’un gardien de la paix comme lui au 13e arrdt et l’autre sergent de ville de banlieue parisienne à Clichy. Inhumé le 22 février suivant, au cimetière du Montparnasse, dans le tombeau des Victimes du devoir de la Préfecture de police.
Sources et références
Dossier individuel de bagne FR ANOM COL H 4025/a — Conseil municipal de la ville de Paris, rapports et documents, année 1913, page 141 — Le Matin du 14/07/1900, “A travers Paris : la grâce de Guyomar” La Lanterne du 20/05/1900, “Condamnation à mort” — L’éEcho de Paris du 21/02/1900, “Faits Divers : meurtre d’un agent” Le Petit Journal du 20/02/1900, “Le drame du boulevard d’Italie”
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