Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Inspecteur
Jacques POTTIER
Victime du Devoir le 23 juillet 1975
Département
Paris (75)
Affectation
Direction de Police Judiciaire — Paris
Circonstances
Cause du décès
Accident de tir à l'entrainement ou en opération
Au cours de la journée du mercredi 23 juillet 1975, une opération de police à l’initiative de la 4ème brigade territoriale de la Préfecture de Police était menée conjointement avec la brigade de recherche et d’intervention (BRI) dans le 12ème arrondissement de Paris.
Le dispositif ciblait une association de malfaiteurs originaire de Montrouge, convoitant l’attaque d’un bijoutier, disposant d’un atelier Rue de la Brèche-aux-Loups. Sept inspecteurs de l’antigang et huit autres de la territoriale se trouvaient en position d’attente dans des véhicules radio banalisés.
Les malfaiteurs laissaient une Renault 16 réservée à leur fuite dans la Rue de Valmy ; voie déserte de Charenton-le-Pont. Vers 18h, quatre braqueurs juchés sur deux motos Honda 125 volées surgissaient. Un duo neutralisait la circulation tandis que l’autre se rua vers le hall d’immeuble que le couple de bijoutiers venait de quitter.
Thierry Pallard, dix-huit ans, employé d’imprimerie originaire du 14ème arrondissement, et Kamal Tadjine, vingt ans, employé aux usines Renault originaire de Montrouge, se révélèrent être de piètres amateurs impulsifs.
Pallard s’empara de la sacoche tenue par l’épouse du bijoutier, M. Elie Mellah, trente-neuf ans, qui ne se laissa pas intimider et résista… Il fut abattu sommairement par Tadjine. Les truands prirent aussitôt la fuite avec un butin de 10.000 francs et gagnèrent la rue de Valmy pour récupérer leur voiture relais.
Un groupe de la brigade territoriale progressa armes à la main avec pour objectif de stopper la R16 par l’avant, sans savoir qu’une seconde équipe de la BRI est venue renforcer le dispositif initial.
De fait, du côté opposé, ces derniers ne reconnurent pas leurs collègues de la territoriale courant dans leur direction. A cet instant précis, tous les policiers étaient habillés en civil, et déconcertés par leurs moyens radios à ondes courtes.
Une courte fusillade éclatait, l’inspecteur Jacques Pottier, vingt-six ans, était tué, mortellement blessé par plusieurs projectiles.
Tadjine et Pallard furent interpellés avec le butin ; l’enquête aboutit malgré tout à l’identification de trois autres malfrats : Mossadeque Sadaoui, Gilbert Rogelet et Mohamed Makouf, mais l’opération demeurait un échec humain.
Parallèlement, concernant la mort de l’inspecteur, une information judiciaire fut ouverte contre X pour “coups mortels ayant entraîné la mort sans intention de la donner” et confiée à M. Pia, juge d’instruction. Elle aboutira à un non-lieu.
La “fusillade de Charenton” provoqua inévitablement scandales et prises de positions au sein de l’administration. Après un entretien avec M. Verger, directeur général de la police nationale, et M. Paolini, préfet de police, venus rendre compte des circonstances des faits, M. Poniatowski, ministre de l’intérieur, prononca l’allocution suivante :
• Les policiers en civil porteront des signes distinctifs à l’occasion des opérations dangereuses, afin “d’être reconnus par leurs collègues ou par les citoyens”.• Des crédits seront prochainement alloués pour le développement des moyens de transmission de la police pour que des équipes d’intervention différentes sur une même affaire “puissent mieux communiquer entre elles” et que le commandement “soit rendu plus efficace”.
Le 11 août, des brassards de couleur rouge orange et luminescents portant l’inscription Police en lettres noires furent distribués aux policiers des brigades centrales et territoriales, ainsi qu’aux unités de la police municipale, qui devront les porter au moment de leurs interventions sur la voie publique.
Le 25 Octobre 1977, la cour d’assises de Paris condamna Tadjine à 15 ans de réclusion criminelle pour le meurtre du bijoutier ; 10 ans pour Makouf ; 8 ans pour Sadaoui et Rogelet ; 6 ans pour Pallard. Les circonstances particulières du braquage n’eurent pas retenu l’attention des jurés, et les peines prononcées furent plus sévères que celles requises par l’avocat général.
Biographie
Direction d'emploi
Police Judiciaire
Corps
Inspecteurs — Enquêteurs
Type d'unité
Unité d'Investigation et de Recherche
Titres et homologations
Citation à l'Ordre de la Nation
Né le 8 février 1949 à Paris (XXe) ; marié et père d’un enfant.
Citation à l’ordre de la Nation [1] ; promu inspecteur divisionnaire à titre posthume.
Sources et références
BODMR n° 04 du 24/03/1976
Le 36, quai des Orfèvres: à la croisée de l’histoire et du fait-divers, de Clovis Bienvenu – 2015 — 50 ans de lutte contre le crime de Matthieu Frachon – 2014 Commissaire Broussard, mémoires – 2005 Dossier P,… comme police – de Alain Hamond et Jean-Charles Marchand – 1983 Le Monde, article du 27/10/1977, “Six à quinze ans de réclusion pour les cambrioleurs de Charenton”Le Monde, article du 26/10/1977, “La méprise de Charenton aux assises de Paris”Le Monde, article du 12/08/1975, “Signes distinctifs pour les hommes en civil et améliorations des moyens de communication” Le Monde, article du 09/08/1975, “Tadjine soutient qu’il a blessé mortellement M. Mallah par accident”Le Monde, article du 01/08/1975, “Les membres de la brigade antigang étaient-ils en état de légitime défense ?”Le Monde, article du 28/07/1975, “Jacques Pottier a été tué de 7 balles tirées par 2 membres de l’antigang”Le Monde, article du 25/07/1975, “On ne savait plus qui étaient les malfaiteurs, qui étaient les policiers…”
Laisser un témoignage
Les témoignages irrespectueux ne seront pas acceptés. Pour une demande particulière, merci d'utiliser le formulaire de contact.
Les champs marqués d'une asterisque (*) sont obligatoires.