Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Inspecteur principal
Jacques CAPELA
Victime du Devoir le 31 juillet 1978
Département
Paris (75)
Affectation
Direction de Police Judiciaire — Paris - Brigade criminelle
Circonstances
Cause du décès
Assassinat, exécution ou extermination
Contexte
Guerre — Terrorisme
Dans la matinée du lundi 31 juillet 1978, dans le contexte de représailles entre différents mouvements de soutien à la cause palestinienne, deux membres de l’Organisation de Libération de la Palestine, lourdement armés, attaquaient l’ambassade d’Irak située rue de la Faisanderie dans le 16ème arrondissement de Paris, avec pour objectif d’assassiner l’ambassadeur.
Les assaillants découvraient que ce dernier était en déplacement à l’Élysée avec son service de sécurité et prenaient dès lors neuf membres du personnel comme otages.
Avant la mise en place d’un important dispositif policier, l’un des assaillants prenait finalement la fuite, laissant seul son complice toujours armé d’un pistolet-mitrailleur. Avec l’accord de l’ambassadeur, la brigade de recherche et d’intervention investissait les lieux, et au prix de longues négociations, obtenait la reddition d’Hosni Haj Eid Walid, vingt-cinq ans. Le contexte était sensible car le bâtiment se trouve sous juridiction irakienne.
Eid Walid signifiait aux policiers qu’il craignait sérieusement les représailles du service de sécurité irakien et demanda un gilet pare-balle. Dans le centre culturel faisant face à l’ambassade, les agents en question étaient effectivement tendus et l’ambassadeur lui-même portait ostensiblement un browning GP35 à la ceinture.
Néanmoins confiants, les policiers assuraient le preneur d’otages de leur protection rapprochée et lui firent comprendre qu’en France, les exécutions de ce type n’avaient pas cours.
Le véhicule Renault 16 banalisé de la police judiciaire se positionnait face à l’entrée, côté rue Général-Appert et le preneur d’otage fut emmené, encadré par des inspecteurs de la brigade criminelle.
Mais l’impensable se produisit ; le service de sécurité irakien ouvrit le feu sans distinction, depuis les fenêtres du centre culturel et la rue, sur le groupe de policiers et le palestinien.
Jacques Capela, trente-trois ans, inspecteur principal à la brigade criminelle fut tué ; les inspecteurs François Antona, Pierre Cesara et Roland Ségear furent grièvement blessés ; un agent irakien était également abattu.
Pour le commissaire Robert Broussard, il ne fit aucun doute que les irakiens voulaient châtier le preneur d’otage à n’importe quel prix malgré le succès des négociations. Presque immédiatement, les trois irakiens membres de la garde rapprochée de l’ambassadeur firent valoir leur immunité diplomatique.
Le 2 août, les trois agents irakiens impliqués, pris les armes à la main, furent expulsés vers Bagdad par avion. Il s’agissait du premier secrétaire Ibrahim Al Sigab, de Khalil Al Windawi et de Aboul Natik. L’ambassadeur fut également expulsé. Dans les rangs de la Police, l’écœurement fut palpable.
Le 17 octobre, à Bagdad, Saddam Hussein, vice-président du Conseil du commandement de la révolution irakienne annonca que la police irakienne avait décidé d’indemniser la famille de l’inspecteur Capela “pour panser certaines blessures”. Deux jours plus tard, le représentant du gouvernement irakien fut éconduit du ministère de l’intérieur.
Le 28 mars 1980, Eid Walid fut condamné par la cour d’assises de Paris à huit ans de réclusion criminelle. Dès janvier 1983, il fut cependant libéré à son tour et expulsé.
Biographie
Direction d'emploi
Police Judiciaire
Corps
Inspecteurs — Enquêteurs
Type d'unité
Unité d'Investigation et de Recherche
Titres et homologations
Citation à l'Ordre de la Nation
Né le 15 mai 1945 à Quillan (Aude) de Henri Capela (Libraire) et Anita Beltrami ; marié et père d’un enfant.
Avant d’intégrer l’école des inspecteurs de police, Jacques Capela était instituteur. Décrit comme bon vivant, sensible et très attaché à ses terres d’origine, il était un amateur de rugby et de poésie ; grand lecteur de Charles Baudelaire.
Cité à l’ordre de la nation ; promu inspecteur divisionnaire de police à titre posthume. Le 3 Mars 2009, La salle de crise de la Police Judiciaire du 36 Quai des Orfèvres est baptisée Salle Jacques Capela : un symbole fort.
En 2017, Bastien, le fils de l’inspecteur Capela devenu photographe-vidéaste, dessine un projet artistique Pater dans lequel il se projette dans les “images manquantes” de la fusillade filmées en direct. La genèse de ce projet est visible à cette adresse : http://www.bastiencapela.fr (page réalisée avec son aimable autorisation
Sources et références
BODMR n° 05 du 28/02/1979
Journal officiel du 02/08/1978, page 2972, “Citation à l’ordre de la nation”
Le Monde du 27/03/1980, “Aux assises de Paris, un terroriste dans la solitude”
Le Nouvel Obs, article du 05/08/1978 – “Les intouchables”Mémoires de Robert Broussard – éd. Broché – 2005
Dossier P… comme Police de Alain Hamon et J-C Marchand – 1983
La Crim’ : les grandes affaires de la brigade criminelle de Jean-Pierre Van Geirt, éd. Fenixx – 199
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