Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Sous-Brigadier — Gardien

Jackie BOUYER

Victime du Devoir le 19 mars 1982

Département

Charente-Maritime (17)

Affectation

CRS N°19 — La Rochelle

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Circonstances

Cause du décès

Assassinat, exécution ou extermination
Homicide par arme à feu

Contexte

Guerre — Terrorisme

Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme basque, la Compagnie Républicaine de Sécurité N°19 de La Rochelle (Charente-Maritime) fut cantonnée à Saint-Étienne-de-Baïgorry dans les Pyrénées-Atlantiques pour assurer la surveillance des routes et des chemins, en renfort de la Police de l’Air et des Frontières. Depuis la fin des années 1970, l’organisation clandestine armée Iparretarrak, qui luttait pour l’indépendance du pays basque depuis 1973, intensifiait ses actions en utilisant des explosifs et des armes contre les symboles de l’État français.

Au cours de la soirée du vendredi 19 mars 1982, deux gardiens de la paix quittèrent le cantonnement de la C.R.S. pour patrouiller vers le col d’Ispéguy, situé sur la frontière franco-espagnole. Alors qu’ils empruntaient la Gaineko Karrika, ils tombèrent dans une embuscade. Des hommes en treillis militaires surgissèrent du bord de la route depuis un véhicule en stationnement et tirèrent avec des pistolets-mitrailleurs type Sten MKII 9mm. Les policiers furent visés par trois rafales successives de projectiles. Le gardien de la paix Jackie Bouyer, trente-et-un ans, qui avait tenté en vain de forcer le barrage, fut mortellement blessé à la tête. Il était déclaré décédé après son admission à l’hôpital de Bayonne.

Le gardien de la paix Bernard Roussarie, trente-quatre ans, fut blessé par neuf projectiles et paralysé à la colonne vertébrale. Transporté à l’hôpital Pellegrin de Bordeaux, il succombait le 18 avril suivant des suites d’une embolie pulmonaire, consécutivement aux blessures reçues dans l’attentat.

Avec le concours des services de l’identité judiciaire, il avait néanmoins pu reconnaître sans hésitation l’auteur des coups de feu : Philippe Bidart, considéré comme le chef historique d’IK.

Bidart, vingt-huit ans, dont la maison natale n’était située qu’à quelques pas des lieux de la fusillade fut par ailleurs reconnu comme étant l’auteur du braquage d’une banque à Saint-Paul-lès-Dax dans les Landes en novembre 1981 ; ce baïgorriard entré rapidement dans la clandestinité était désormais activement recherché sur l’ensemble du territoire.

Le 7 août 1983, Bidart et trois complices furent interceptés à bord d’un véhicule par une brigade de la gendarmerie de Montfort près du camping municipal de Léon dans les Landes. Le gendarme Yves Giummara, trente-deux ans, fut tué lors de leur confrontation armée. Le gendarme Jean-Pierre Plouzot fut grièvement blessé. Les malfaiteurs prenaient la fuite.

Le 25 août 1987, Bidart et sa compagne Lucienne Fourcade firent l’objet d’un contrôle de gendarmerie au lieu-dit Port-Maguide, près de Biscarosse, dans les Landes. Ces derniers s’étaient mêlés aux vacanciers mais leur Renault 4L immatriculée dans les Pyrénées-Atlantiques avait fini par attirer l’attention. Bidart tua le gendarme Roger Buschmann et blessa grièvement le maréchal des logis Guy Chevanton. Le couple prit la fuite.

Le 20 février 1988, après sept années de cavale, la gendarmerie interpellait Bidart au Vieux-Boucau en compagnie de quatre autres membres de l’organisation terroriste.

Le 12 novembre 1992, la cour d’assises spéciale de Paris condamnait Bidart à la réclusion criminelle dite à perpétuité pour les assassinats des gardiens de la paix Bouyer et Roussarie ; faits qu’il a toujours nié.

Le 9 Juin 1993, Bidart fut condamné à la réclusion criminelle dite à perpétuité par la cour d’assises spéciale de Paris, pour le meurtre du gendarme Buschmann en 1987. Fourcade, vingt-neuf ans, fut condamnée à cinq ans de prison dont quatre avec sursis, pour complicité du vol avec arme de la voiture de touristes allemands avec laquelle le couple avait pris la fuite à Biscarosse. La jeune femme ne retournera pas en prison, sa peine ayant été confondue avec celle de quatre ans dont trois avec sursis, déjà exécutée, que lui avait infligée, en mars 1991, le tribunal correctionnel de Paris pour association de malfaiteurs.

Le 2 Avril 2000, Bidart et son complice Gabriel Mouesca furent condamnés respectivement à vingt ans et quinze ans de réclusion criminelle pour le meurtre du gendarme Giummara en 1983.

Le 14 Février 2007, Bidart bénéficiait d’une libération conditionnelle. Depuis 2010, il est désormais de retour dans la région basque, actif au sein du parti politique nationaliste basque Ipparalde.

Biographie

Direction d'emploi

Compagnies Républicaines de Sécurité

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité de l'Ordre Public — Sécurité Routière

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Né le 11 juillet 1950 à La Rochelle (Charente-Maritime) de Denis Bouyer, épicier ambulant à Saint-Jean-d’Angely, et de Christiane, gérante d’un salon de coiffure de cette même commune ; marié et père de deux enfants.

Jackie Bouyer a passé toute sa scolarité à Saint-Jean-d’Angely où il a obtenu un certificat d’aptitude professionnel de tourneur ; métier qu’il a exercé à l’usine Simca de La Rochelle avant de réussir son concours d’entrée dans la Police Nationale.

Lysiane, qu’il a épousé le 6 décembre 1969 en l’église de Landes, évoque son souvenir :

“Nos enfants Stéphanie et Arnaud sont tous les deux nés à Saint-Jean, berceau de notre famille. Il a débuté sa carrière à la CRS N°41 de Saint-Cyr-sur-Loire, où il a reçu son brevet de Maître Nageur Sauveteur.
Spécialité qu’il a mis en pratique à la piscine de Tours, là où notre fille a appris à nager avec son père… Pas de cadeau c’était du sérieux !!! Suivant sa réussite, elle avait ou non son sac d’école préféré… Elle a obtenu son diplôme et son sac ; ma fille s’en souvient encore !

Être épouse de MNS en plage l’été n’était pas toujours serein. Nous avons fréquenté les plages de Saint-Palais, Vaux-sur-Mer et Anglet, pendant les vacances scolaires. Les déplacements sont difficiles à supporter, mais c’est la règle quand on vit avec un CRS.

Jackie a ensuite rejoint la CRS N°19 à La Rochelle, où je travaillais à l’URSSAF. Nous avons fait construire une maison à La Jarrie, commune limitrophe.
Nous avons passé en famille l’avant dernier week-end de sa vie à Saint-Étienne-de-Baïgorry. Nous étions heureux et très tristes de se séparer. Je revois Jackie nous faisant un geste d’au revoir puis baissant la tête…

Jackie était un bon cavalier ; il aimait chasser avec son chien ; il pêchait en rivière ; il jouait au tarot et à la belote avec brio.

Sources et références

BODMR n° 07 du 27/04/1983
BODMR n° 07 du 27/04/1982
Crédit photo : Lysiane Bouyer (DR) — Entretiens avec Sébastien Roussarie et Lysiane Bouyer — JORF du 25/03/1982, p.911 — Sud-Ouest du 19/03/2012 : “CRS rochelais assassinés : un si douloureux anniversaire” — Sud-Ouest du 19/03/2012 : “Il y a 30 ans, deux CRS rochelais étaient assassinés au pays basque” — La Dépêche du 15/02/2007 : “Bidart libéré, déjà la polémique” — Archives INA, JT du 20/03/1982 (évènement en Une) — Archives INA, JT du 23/03/1982 (obsèques officielles à La Rochelle)

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