Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Gardien de la paix

Hubert MASSOL

Victime du Devoir le 09 janvier 1980

Département

Tarn-et-Garonne (82)

Affectation

CRS N°28 — Montauban

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Maintien de l'ordre — Service d'ordre

Au cours de la soirée du mercredi 9 Janvier 1980, le centre-ville d’Ajaccio (Corse) était quadrillé par de nombreuses forces de police dans le contexte d’une prise d’otages fomentée par des nationalistes de l’Union du Peuple Corse à l’Hôtel Fesch.

Ces derniers avaient capturé trois jours plus tôt, à Bastelica, trois activistes de l’organisation clandestine Francia, qui livrerait selon eux une guerre secrète sous l’égide du gouvernement français contre les mouvements autonomistes corses.

Vingt-cinq personnes et le personnel de l’hôtel étaient ainsi retenues avec l’objectif de médiatiser l’évènement et dénoncer publiquement la manoeuvre subversive supposée.

Trois escadrons de quatre-vingt-cinq hommes, dont un héliporté, appuyés par le Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale et plusieurs hommes de l’Office Central pour la Répression du Banditisme étaient déployés.

La présence massive de forces de l’ordre faisant opposition aux différents collectifs nationalistes corses locaux, venus apporter leur soutien, occasionna des échauffourées dans le périmètre de sécurisation établi par la CRS N°28 de Montauban et la CRS N°55 de Marseille, lesquelles menaient de nombreuses charges.

Dans la soirée, on signalait que des armes circulaient parmi les manifestants toujours plus nombreux et séditieux. Une section de la CRS N°28 se trouvait à l’intersection des rues Cardinal Fesch et du Dr Stéphanopoli lorsqu’elle entreprit de repousser lentement les émeutiers au delà de l’Hôtel Fesch et du parc automobile CRS, victime de nombreux jets de projectiles.

Un couple de jeune gens se tenait à distance de l’opération lorsque l’homme exhiba brusquement un pistolet automatique 9mm et tira à cinq reprises à bout portant sur quatre gardiens de la paix.

Trois étaient gièvement blessés par des projectiles ; quant au gardien de la paix Hubert Massol, vingt-sept ans, il fut mortellement blessé à la poitrine ; son fils fêtait ses deux ans le jour-même.

Dans une situation extrêmement tendue, ordre fut donné par le Commandant Georges Bru de ne surtout pas riposter. La CRS N°28 fut relevée par la CRS N°4 de Lagny-sur-Marne, dépêchée en urgence.

Désavoués par l’UPC, les preneurs d’otages décidaient de se rendre après une longue négociation avec le GIGN. La quarantaine d’autonomistes quittaient l’hôtel sous escorte policière pour gagner la mairie, où ils remettent les quelques armes qu’ils avaient toujours en leur possession.

Au terme de la nuit, on comptait encore deux civils abattus sur deux barrages distincts tenus par des gendarmes mobiles.

Le 12 janvier, transférés à Paris, les trente-six autonomistes arrêtés à Ajaccio, après l’Occupation de l’Hôtel Fesch, étaient inculpés de “participation à une attroupement armé” par M. Thin, juge d’instruction à la Cour de sûreté de l’État, et placés sous mandat de dépôt.

Le 25 juin, une douzaine de membres présumés du groupe Francia étaient interpellés dans un opération d’envergure à Ajaccio, Bastia, Corte et Nice sur commission rogatoire de M. Corneloup, juge d’instruction, dans le cadre d’une information judiciaire reliée à l’affaire “Bastelica-Fesch”.

Le 11 Février 1981, la cour de sûreté de l’État, composée de cinq magistrats civils et militaires, condamnait huit des principaux instigateurs de l’affaire “Bastelica-Fesch” à des peines allant de quatre à un an d’emprisonnement.

L’assassin du gardien de la paix Massol ne fut jamais identifié.

Biographie

Direction d'emploi

Compagnies Républicaines de Sécurité

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité de l'Ordre Public — Sécurité Routière

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Né le 29 février 1952 à Lédergues (Aveyron) ; marié et père de trois enfants.

Entré au Centre Régional d’Instruction de la Police Nationale de Toulouse en octobre 1973, Hubert Massol intégrait quatre mois plus tard la CRS N°52 de Sancerre. Il était finalement inhumé dans le petit cimetière des Vialettes, dans son Aveyron natal, par ses collègues de la CRS de Toulouse.

Cité à l’ordre de la Nation ; nommé brigadier de police à titre posthume ; médaille d’or des actes de courage et de dévouement ; médaille d’Honneur de la Police Nationale.

Sources et références

Journal officiel du 10/01/1980, page 79, “Citation à l’ordre de la nation” — Le Monde, article du 22/01/1980, “Une semaine sur une poudrière” — Le Monde, article du 15/01/1980, “Les 36 occupants de l’hotel Fesch ont été écroués” — Le Monde, article du 16/01/1980, “Le maudit voyage de la CRS 28” — Le Monde, article du 11/01/1980, “Un CRS et deux civils sont tués à Ajaccio” — Le Monde, article du 13/02/1981, “Quatre ans d’emprisonnement pour les principaux accusés…” Un demi-siècle au service de la République, de Robert Pinaud – L’Harmattan (2013) — Archive vidéo de l’I.N.A du 10/01/1980, “Affrontements entre CRS et manifestants à Ajaccio”La Dépêche du 11/12/2009, “La CRS 28 se retourne sur son histoire”

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  1. Le téléphone sonna , dans la nuit du 9 au 10 Janvier 1980, à mon domicile de Lognes (77). L’équipe de permanence de la CRS 4 m’informe que la Cie doit rapidement partir pour Ajaccio. Entre temps mon épouse écoute les infos TV et apprend ces faits. Donc le paquetage est fait, j’arrive à la compagnie où nous nous préparons. Nous avons pris l’avion avec tout notre armement entre autre. Pour la première fois l’AMD 5/56 était du voyage. Le personnel naviguant ne connu la mission et le plan de vol qu’une fois dans l’avion. A Ajaccio le personnel de la CRS 28 nous attendait sur le tarmac. La relève s’est faite dans un silence le plus complet. Nous sommes restés 10 jours en alerte 24 h/24. Le Commandant PIERRE était à la tête de la compagnie. Nous avions fabriqué un mât afin de placer notre drapeau. Le jour des obsèques du gardien de la paix Hubert MASSOL, la compagnie était rassemblée au pied du mât pour la minute de silence. J’ai vu pour la première fois notre commandant avoir les larmes qui coulaient le long de son visage. René CUOMO, brigadier à l’époque.

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