Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Inspecteur

Henri GROSJEAN

Victime du Devoir le 30 septembre 1931

Département

Côte-d'Or (21)

Affectation

Police Municipale — Dijon

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Forcené retranché, périple meurtrier

Tôt dans la matinée du mercredi 30 septembre 1931, la sûreté de Dijon (Côte-d’Or) était saisie de plusieurs plaintes pour des infractions aux moeurs visant un habitant du hameau du Chemin des Marcs-d’Or, sur les hauteurs de la ville.

Deux agents étaient dépêchés sur place pour vérifier l’adresse répertoriée, et interpeller cet individu notoirement connu des services de police pour être violent, sournois et dangereux.

Maurice Trompette, quarante ans, était effectivement un vétéran de la grande guerre, invalide à 100% après avoir été intoxiqué par les gaz dans les tranchées, et vivant seul de sa pension militaire.

Inquiété par l’éventuelle venue de policiers suite à ses agissements, le voisinage avait alerté le commissariat que l’homme semblait sur le qui-vive depuis quelques jours ; il se trouvait en outre, en possession de plusieurs armes dont il faisait régulièrement usage à titre récréatif sur la faune locale.

Vers sept heures et demie du matin, les deux agents de la sûreté atteignaient le hameau avec l’intention de surprendre Trompette à son domicile. Expérimentés, ils obtenaient des informations sur ses derniers faits et gestes par le voisinage immédiat, et décidaient de progresser sur le verger à l’arrière de sa maison en escaladant un muret d’enceinte.

Alors qu’ils atteignaient discrètement la cour intérieure séparant deux maisonnettes, cinq coups de feu retentissaient. Insomniaque et en hypervigilance après avoir servi quatre ans au front, Trompette venait d’abattre l’inspecteur Henri Grosjean, quarante-et-un ans, lequel était lui-même sorti du terrible conflit avec la Croix de Guerre et deux citations.

Le sous-inspecteur Jules Tupinier, cinquante-et-un ans, très grièvement blessé par trois projectiles, trouvait la force de fuir en revenant sur ses pas. Il fut conduit à l’hôpital par un voisin témoin de la scène et mourut au cours de l’opération visant à stopper une hémorragie interne.

Dans le même temps, Trompette était aperçu en train de monter dans son automobile pour prendre la fuite par la route de Plombières. Toutes les brigades de gendarmeries locales furent alertées et des barrages routiers mis en place.

Le véhicule fut aperçu à Semur puis retrouvé abandonné près d’un bois à Marigny-le-Cahouët. La battue effectuée avec des chiens menait les gendarmes dans les bois de Sainte-Colombe et vers dix heures, le boucher de Clamerey aperçut le forcené, encore armé, prendre la direction de Saint-Thibault en progressant le long du canal de Bourgogne.

Deux gendarmes de la brigade de Dijon confrontèrent le forcené alors qu’il se terrait dans un fossé près du Pont-Royal surplombant le canal sur le territoire communal de Saint-Thibault. Alors que Trompette désignait les gendarmes avec deux armes de poing, l’un d’eux abattait légitimement le forcené.

La ville de Dijon organisa des funérailles officielles aux deux policiers émérites tués, victimes du devoir, devant une assistance de près de trente-cinq mille personnes.

Les cercueils furent exposés dans la cour d’honneur de l’Hôtel de ville, devant plusieurs délégations officielles et sous les discours du maire de Dijon, M. Gérard ; du conseiller de la Préfecture interrégionale, M. Tallayrach ; du contrôleur de la sûreté générale, M. Profisy ; du Procureur de la République, M. Barra ; du chef de la police municipale, M. Ducorney ; du secrétaire général des polices de France et des colonies, M. Vidal.

Biographie

Direction d'emploi

Police Municipale

Corps

Inspecteurs — Enquêteurs

Type d'unité

Unité d'Investigation et de Recherche

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Croix de la Légion d'Honneur

Né le 18 avril 1890 à Traitiéfontaine (Haute-Saône) ; marié, sans enfant ; domicilié N°5 Route de Plombières à Dijon. Inhumé au cimetière de Rigney.

Vétéran de la grande guerre, Henri Grosjean était entré au corps des gardiens de la paix de la ville de Dijon le 1er février 1920. Nommé agent de la sûreté le 15 mai 1923.

Cité à l’ordre de la Nation ; nommé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur ; médaille des actes de courage et de dévouement, echelon Or.

Titulaire de la Croix de Guerre 1914-1918 avec citation à l’ordre de la division n°134 du 23/10/1918 suivante : “Blessé le 18 juillet 1918 à Nones (Aisne) ; alors qu’il était au petit poste avec son fusil-mitrailleur ; a été soumis à un violent bombardement de gros calibre ; est resté résolument à son poste de combat, faisant preuve d’endurance et de courage” ; et d’une citation à l’ordre des chasseurs du 14e bataillon n°162 du 15/12/1918 : “Excellent caporal ; a toujours témoigné d’une grande énergie. Au cours de la période du 26 au 30/10/1918, n’a cessé d’être un modèle de bravoure pour ses chasseurs ; à l’attaque du 30/10/1918, s’est porté sur l’objectif assigné à sa compagnie malgré un violent tir d’artillerie”

Sources et références

Registre des matricules militaires de Haute-Saône, classe 1910-1326, Henri Grosjean — Registre des matricules militaires, subdivision d’Auxonne, classe 1898-561, Jules Tupinier. — Le Progrès de la Côte-d’Or du 04/10/1931, “Dijon a fait aux deux agents d’émouvante et grandioses funérailles” — Le Progrès de la Côte-d’Or du 03/10/1931, “La mort tragique des agents Tupinier et Grosjean” — Le Progrès de la Côte-d’Or du 02/10/1931, “La tragédie des Marcs-d’Or : le meurtrier tombe sous la balle d’un gendarme” — Le Progrès de la Côte-d’Or du 01/10/1931, “La police dijonnaise en deuil : deux agents tués par un repris de justice” —

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