Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Brigadier
Guy HUBERT
Victime du Devoir le 03 novembre 1981
Département
Rhône (69)
Affectation
Sécurité Publique — Lyon
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme à feu
Contexte
Interpellation(s) d'individu(s)
Dans la matinée du mardi 3 Novembre 1981, une alarme télématique silencieuse signalait un hold-up en cours dans une agence de la “Société Lyonnaise de Banque” sise 29 Boulevard Anatole France à Lyon (Rhône). Quatre malfaiteurs lourdement armés raflaient un butin de 42.000 francs.
Montés à bord d’une Renault 12 banalisée, trois policiers de la 1ère Compagnie Territoriale se trouvant à quelques rues du braquage, empruntaient le dit boulevard depuis le parc de la tête d’or.
Les malfaiteurs sortaient au même instant, en retenant une otage pour couvrir leur fuite. L’un d’eux tirait immédiatement avec un pistolet-mitrailleur sur le véhicule de police. Guy Hubert, quarante-six ans, brigadier, fut mortellement blessé. La présence de l’otage empêcha toute riposte des autres intervenants.
Un second équipage se positionnait à l’angle de la Rue Sully et fut à son tour la cible de tirs nourris. Régis Dardillac, vingt-huit ans, gardien de la paix, fut grièvement blessé.
Les malfaiteurs emportaient leur otage dans un véhicule volé sous la menace de leurs armes, et prennaient la fuite en direction de Villeurbanne. L’otage fut retrouvée saine et sauve dans le quartier du Tonkin.
Le 28 mars 1986, après avoir fait l’objet d’une longue surveillance par les renseignements généraux, remontant la piste lyonnaise du groupe terroriste “Action Directe”, André Olivier dit “Raymond-la-science”, quarante-trois ans, et son complice Bernard Blanc, vingt-six ans, étaient interpellés. Les deux hommes disposaient d’un arsenal conséquent : trois revolvers, un pistolet, un pistolet-mitrailleur et une demi-douzaine de chargeurs.
Dès le lendemain, Joëlle Crépet, trente ans, était interpelée dans un squat, Rue Joseph Soulary à Saint-Étienne. La perquisition de l’appartement s’avéra particulièrement décisive ; le service régional de la police judiciaire de Lyon découvrait quatre armes de poing, un pistolet mitrailleur, plus de six cents clés, des cagoules, mais aussi des monceaux de papiers : coupures de journaux, une centaine de plans d’agences bancaires, relevés d’écoutes téléphoniques, textes de revendication d’une vingtaine d’attentats.
Ils retrouvaient plus particulièrement des notes manuscrites correspondant aux confessions très détaillées d’un ancien élève d’Olivier lorsqu’il était encore instituteur dans un lycée professionnel de Lyon : Maxime Frérot, trente ans, l’artificier du groupe.
Munis de ces écrits, l’enquête s’orientait complètement sur la piste terroriste et aboutit à de nombreuses interpellations et élucidations de crimes. Émile Ballandras, vingt-sept ans, déjà incarcéré pour braquage depuis deux ans, fut désigné par Frérot comme étant l’auteur du tir mortel sur le brigadier Hubert.
Le 24 Novembre 1987, Frérot fut interpellé dans les sous-sols de la gare de la Part-Dieu après un échange de coups de feu avec deux gardiens de la paix qui le suspectaient de voler un cyclomoteur.
Le juge Marcel Lemonde instruisit le dossier de la “branche lyonnaise” d’Action Directe. Vingt inculpés dont seize détenus durent répondre de trois homicides volontaires et d’une trentaine d’attaques à main armée, de prises d’otages et de centaines de délits divers.
Le 29 Juin 1989, la cour d’assises spéciale condamna Olivier, Frérot et Ballandras à la réclusion criminelle dite à perpétuité. Blanc et Crépet furent condamnés respectivement à trente et dix-huit ans de réclusion criminelle.
Biographie
Direction d'emploi
Sécurité Publique
Corps
Encadrement — Application
Type d'unité
Unité de Voie Publique — Service Général
Titres et homologations
Citation à l'Ordre de la Nation
Né le 16 septembre 1935 à Ecouviez (Meuse) de André Hubert et Rose Agazini ; marié et père de deux enfants ; inhumé à Massieux (Ain).
Après des études à l’école communale de Saint-Genix-sur-Guiers (Savoie), puis, en internat, au collège Technique & Moderne de Pont-de-Beauvoisin, Guy Hubert entra très tôt dans la vie active, dans une usine de fabrication de pièces pour cycles à Saint-Genix-d ‘Aoste.
A dix-neuf ans, il devançait l’appel de sa classe et fut admis à l’école spéciale d’artillerie anti-aérienne de Nîmes, puis affecté au 454e Groupe d’Artillerie Anti-Aérienne, en Allemagne, puis en Algérie à Oran. Promu brigadier, il est libéré de ses obligations militaires le 19 février 1957.
Dès le mois de juillet 1957, Guy Hubert entrait dans l’administration comme gardien de la paix avec une formation initiale au centre d’instruction et d’application de la Sûreté Nationale de Sens ; il fut affecté en CRS.
En 1967, il fut muté au corps urbain de Lyon, et promu brigadier en 1972 ; affecté à la 1ère compagnie territoriale, successivement à la caserne de police Molière puis à l’hôtel de police de Berjon.
Cité à l’ordre de la Nation ; promu Officier de paix à titre posthume ; médaille d’Honneur de la police nationale ; médaille des actes de courage et de dévouement – échelon Or ; médaille commémorative des opérations de sécurité et du maintien de l’ordre en Afrique du nord, agrafe Maroc et Algérie.
Sources et références
BODMR n° 01 du 13/01/1982
© société lyonnaise d’histoire de la police, “Guy Hubert, mort en service commandé” — Journal télévisé du 03/11/1981 , “Reportage vers la 21ème minute” Le Monde, article du 04/11/1981, “Un brigadier de police tué à Lyon Le Monde, article du 05/11/1981, “Des syndicats de policiers dénoncent le laxisme du gouvernement” Journal officiel du 06/11/1981, page 3030, “Citation à l’ordre de la nation” Le Monde, article du 09/11/1981, “Manifestations aux obsèques du brigadier Hubert” Le Monde, article du 13/06/1989 de Claude Régent, “Le dossier d’action directe s’alourdit” Le Monde, article du 16/05/1989 du bureau régional, “Les crimes d’une secte terroriste” Le Monde, article du 03/06/1989, “Des incertitudes de la balistique” Le Monde, article du 30/06/1989, “Réclusion à perpétuité pour les chefs lyonnais d’action directe” Le Progrès, article du 04/11/2011, “Il y a 30 ans, le brigadier Hubert tombait sous les balles d’action directe”
Laisser un témoignage
Les témoignages irrespectueux ne seront pas acceptés. Pour une demande particulière, merci d'utiliser le formulaire de contact.
Les champs marqués d'une asterisque (*) sont obligatoires.