Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Auxiliaire de police

Fernande GAILLARD

Victime du Devoir le 23 juillet 1944

Département

Vienne (86)

Affectation

Renseignements Généraux — Poitiers

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Circonstances

Cause du décès

Assassinat, exécution ou extermination

Contexte

Guerre — Terrorisme

Le 17 juillet 1944, dans le contexte de l’avancée des forces alliées en territoire occupé par les allemands, et d’une intense activité des mouvements de Résistance, un inspecteur et une auxiliaire de police des renseignements généraux de Poitiers (Vienne) étaient interceptés par des maquisards près de l’Isle-Jourdain, et suspectés d’espionnage au profit de l’ennemi dans le cadre de leurs fonctions.

Le capitaine Maurice Blondel, chef du maquis local, n’en référa pas à son supérieur, le colonel Roger Chêne, avec lesquels les policiers avaient pourtant pris contact préalablement. L’inspecteur Antoine Cantin, vingt-cinq ans, était effectivement un résistant infiltré jouant double-jeu au sein de son administration, nommé un mois plus tôt à l’État-Major des forces françaises de l’intérieur (FFI) du département avec son collègue Jean Henri Guibert.

Tous deux s’assuraient par des prises de contact clandestines que les opérations programmées contre les maquis locaux se sanctionneraient par des échecs. Ils fournissaient aussi des faux-documents et orientaient les volontaires vers les maquis

Chargée d’assurer la liaison des renseignements recueillis, l’auxiliaire Fernande Gaillard, vingt-quatre ans, fournissait des rapports fallacieux à l’intendance de police qui les avait chargés de repérer les maquis.

Malgré leurs dénégations, une cour martiale du maquis présidée de manière irrégulière par le capitaine Maurice Blondel décidait de les condamner à mort. Sûrs d’une issue favorable, ils ne tentaient pas une évasion pouvant être mal interprétée.

Les résistants Cantin et Gaillard étaient exécutés sommairement au bord d’un chemin de la commune de Millac, par d’autres résistants. Leurs corps furent découverts ultérieurement.

La Mémoire de ces deux patriotes était réhabilitée respectivement en 1949 et 2017 ; ils furent déclarés “Morts pour la France”.

Biographie

Direction d'emploi

Sécurité Publique

Corps

Personnels administratifs

Titres et homologations

MPF - Mort pour la France

FFC - Forces Françaises Combattantes (renseignement, action et évasion)

Née le 7 août 1919 à Nice (Alpes-Maritimes) d’Eugène Gaillard – militaire de carrière, et de Louise Mihiel – comptable ; célibataire ; un enfant ; domiciliée 12 Boulevard du Pont-Joubert à Poitiers.

Après le divorce de ses parents, Fernande Gaillard a vécu à Marseille avec sa mère et sa demie soeur, née d’une deuxième union, puis à Bourg-en-Bresse, où elle eut un fils en 1942, reconnu par son père après la guerre.

Dans le contexte de l’occupation, elle trouva un emploi d’auxiliaire de police au corps urbain de Poitiers ; puis fut détachée aux service des renseignements généraux sous l’autorité de l’intendant de police Lemoine, collaborateur des forces d’occupation dans la répression de la résistance.

Une cellule résistante s’y était constituée néanmoins, dirigée par les inspecteurs Jean Guibert et Antoine Cantin, et plusieurs membres du personnel dont Fernande Gaillard.

Affiliés au réseau “Éleuthère”, réseau de renseignements rattaché à “Libération-Nord”, ces résistants constituèrent un petit groupe nommé « Espérance ».

En liaison avec les chefs de la Résistance locale, le personnel résistant jouait un double-jeu, repérant les maquis sur ordre mais aussi démasquant les agents de la collaboration et les délateurs, ne communiquant qu’avec retard à l’intendant de police les informations et prévenant les maquis des opérations à venir.

Les diverses enquêtes ultérieures menées post-mortem pointèrent des dysfonctionnements accablants quant au sort réservé aux captifs par le groupe du Capitaine Blondel ; le ministre de l’Intérieur évoquant même “une tragique incurie” de sa part.

En 2017, elle fut rétablie dans son honneur et la mention « Morte pour la France » lui fut enfin accordée. Demandée dès 1962 par l’ancien inspecteur Guibert, elle ne put être accordée en raison de l’opposition de celui qui était devenu le lieutenant-colonel Blondel de l’Armée française pour qui une telle reconnaissance aurait établi son erreur.

Le 29 juillet 2018 eut lieu à Millac, la cérémonie d’inauguration d’une plaque à la mémoire de Fernande Gaillard, sur le monument aux morts. La médaille d’Honneur de la Police nationale décernée à titre posthume fut transmise à son arrière-petite-fille.

Sources et références

Les faux traîtres par Luc Rudolph, membre actif de l’HSCO – doc. du 16/11/2016 — Le Maitron, fiche de Michel Thébault — Luc Rudolph, Policiers contre policiers Éditions SPE, 2015. — Site de la ville de Montamisé (Vienne), article de Jean-François Liandier, août 2018. — Journal La Nouvelle République articles août 2018. — Mémoire des Hommes.

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