Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Inspecteur de sûreté
Étienne BUFFET
Victime du Devoir le 09 mars 1804
Département
Paris (75)
Affectation
Police Municipale (PP) — Paris - Service de la Sûreté
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme à feu
Contexte
Interception de véhicule
Au cours de la soirée du vendredi 9 Mars 1804, une conspiration visant à assassiner le Premier Consul Napoléon Bonaparte réunissait plusieurs conjurés dans un cabaret parisien de la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève (Ve).
Dirigée par le royaliste Georges Cadoudal, ex-chef des Chouans, celui-ci projetait de renverser la République et restituer la France à son Roi légitime, avec l’appui de l’Angleterre.
Les hommes guettaient l’arrivée d’un complice dans son cabriolet, Léridant, chargé de transporter et dissimuler Cadoudal chez un parfumeur de la Rue du Four.
Le cabriolet en question, une disgracieuse voiture à caisse jaune clair portant un grand numéro 53 écrit en noir, était fourni par un ami de Léridant, un certain Goujon, oeuvrant secrètement comme un indicateur de la police.
Bien renseigné sur l’assassinat qui se préparait, l’entourage de Bonaparte mit donc en place un dispositif devant permettre l’arrestation de Cadoudal à bord de l’immanquable cabriolet. Mêlés à la population parisienne, plusieurs inspecteurs de police se dissimulèrent dans les voies et cabarets du quartier du Panthéon.
Lorsque Cadoudal tenta de monter à bord du cabriolet, quatre inspecteurs en bourgeois se précipitèrent pour l’interpeller ; ils confrontèrent plusieurs complices armés ; ainsi, l’inspecteur Calliole fut lacéré avec un poignard.
Les agents poursuivaient à pied le cabriolet, appelant de vive voix le renfort de la population. Ils parvenaient à le devancer au carrefour de l’Odéon, l’inspecteur Buffet se plaçant face au cheval.
Cadoudal saisissait un pistolet d’arçon et tira à deux reprises sur l’inspecteur Étienne Buffet, quarante-cinq ans, frappé d’une balle en pleine tête.
Calliole eut néanmoins la force d’assommer le meurtrier d’un coup de bâton, aidé par d’autres acolytes et d’une foule de parisiens témoins de la scène.
Ligoté, le vigoureux et corpulent Cadoudal fut transporté jusqu’à la Préfecture de police, où il fut déclaré aussitôt : « Le premier consul a ordonné que les enfants des inspecteurs Étienne Buffet et Jean-François Calliole soient élevés aux frais de l’État. Tout ce qui a été pris sur Cadoudal, montant à une valeur de soixante à quatre-vingt mille francs en lettres de change, a été abandonné à la veuve et aux enfants d’Étienne Buffet; l’état de Calliole donne de grandes espérances pour sa vie. Le premier consul a chargé le grand juge de faire une enquête authentique pour découvrir le nom des citoyens qui, dans cette circonstance, ont manifesté leur courage et leur dévouement; ils seront récompensés par des distinctions d’honneur. »
Le 25 juin 1804, Cadoudal et onze de ses compagnons furent menés en place de Grève pour être guillotinés. Au juge qui lui reprochait d’avoir tué un père de famille, il aurait répondu avec aplomb : « La prochaine fois faites-moi arrêter par des célibataires ! ».
L’inspecteur Calliole fut nommé Officier de Paix par l’Empereur, et admis à faire valoir ses droits à la retraite par ordonnance du 31 juillet 1814.
Biographie
Direction d'emploi
Préfecture de Police
Corps
Inspecteurs — Enquêteurs
Type d'unité
Unité d'Investigation et de Recherche
Natif du hameau de Caumartin (Rhône-et-Loire) ; marié et père de trois enfants ; domicilié Rue des Prouvaires à Paris (Ier).
Étienne Buffet fut le premier policier “victime du devoir” inscrit au monument de la Préfecture de police de Paris. Attaché, sous le Directoire, au Bureau central du canton de Paris comme inspecteur de police, il fût, lors de l’institution de la Préfecture de police en l’an 1800, maintenu dans ses fonctions et placé sous les ordres des officiers de paix Petit et Destavigny, chefs de la première attribution de Sureté.
Sources et références
Conseil municipal de Paris, rapports et documents, année 1913, page 115. — “Le Crime de 1804” de H. Gourdon de Genouillac, année 1873.
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