Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Gardien de la paix
Ernest SIÉGRIST
Victime du Devoir le 21 août 1944
Département
Paris (75)
Affectation
Sécurité Publique (PP) — Paris - Compagnie de Circulation
Circonstances
Cause du décès
Assassinat, exécution ou extermination
Contexte
Guerre — Terrorisme
Le 11 juin 1943, dans le contexte de l’Occupation allemande et d’une intense activité de la Résistance intérieure française, la police secrète du Troisième Reich (Geheime Staatspolizei – Ge.Sta.po) piégeait deux résistants du SR Alliance dans un appartement du N°26 Quai de Retz (actuel Quai Jean-Moulin) à Lyon (Rhône).
Ernest Siégrist, trente-sept ans, policier entré dans la clandestinité devenu chef de la sécurité du réseau, et Louis Payen, vingt-deux ans, étudiant, devaient aménager un poste de commandement dans le logement servant régulièrement de refuge qu’occupait Jean-Philippe Sneyers, étudiant du même âge.
Ces derniers étaient victimes de la trahison d’un agent chargé de faire le guet : Jean-Paul Lien, trente-et-un ans, lequel avait été retourné à des fins vénales par le service de contre-espionnage allemand (Abwehrstelle, AST).
Ce traitre fut à l’origine d’une vague d’arrestations prolifique ayant abouti à l’anéantissement du réseau, et à la mort de centaines de résistants.
Interné à la prison de Montluc, Siégrist subissait des interrogatoires sous la torture, avant d’être transféré à Fresnes puis Royallieu.
Le 16 décembre, il fut déporté en Allemagne nazie à la prison de Kehl-am-Rhein puis celle de Freiburg-im-Breisgau.
Le 19 mars 1944, la Gestapo de Strasbourg transmit le dossier d’accusation d’espionnage au Tribunal de guerre du Reich.
Siegrist fut jugé seul le 3 juin suivant par le 3e Sénat (Chambre) du Tribunal de guerre, et condamné à mort pour espionnage au profit d’une puissance ennemie.
Il fut transféré le 15 juin à la prison de Schwäbisch-Hall en cellule individuelle, où devait débuter une attente cruelle. Son recours en grâce fut refusée par le Führer Adolf Hitler le 17 juillet.
A l’aube du 21 août, il fut conduit avec vingt-trois codétenus à la caserne Schlieffen de Heilbronn, pour être méthodiquement fusillés par groupes de huit sur le champ de tir.
Le 21 octobre 1945, le traître Lien fut démasqué par un survivant du réseau alors qu’il avait réintégré de manière audacieuse la Résistance, et mis en état d’arrestation.
Condamné à mort avec trente-cinq autres agents français de l’Abwehrstelle par la Cour de Justice de Dijon, Lien fut fusillé le 30 octobre 1946 au fort de Sennecey.
Biographie
Direction d'emploi
Préfecture de Police
Corps
Encadrement — Application
Type d'unité
Unité de Voie Publique — Service Général
Titres et homologations
MPF - Mort pour la France
FFC - Forces Françaises Combattantes (renseignement, action et évasion)
MED - Mort en Déportation
Citation à l'Ordre de la Nation
Né le 4 décembre 1905 à Concorès (Lot) de Joseph Siégrist et Marie Deviers ; époux de Joséphine Pichon ; père d’un enfant.
Lucien Ernest Siégrist passa l’ensemble sa scolarité à Paris et apprit le métier de droguiste. Après avoir effectué son service militaire dans l’artillerie lourde à Belfort, il fut employé de commerce pendant dix ans en Afrique occidentale française.
En 1937, désireux de trouver une situation plus stable, il entrait à la Préfecture de police de Paris, en qualité de gardien de la paix de la paix affecté aux compagnies de circulation.
Sous l’Occupation allemande, alors qu’il tente de rejoindre clandestinement l’Espagne par Marseille pendant l’hiver 1941, il entrait en contact avec des agents du service de renseignements « L’Alliance ».
Il intégra finalement l’antenne du SR Alliance à Marseille en janvier 1942, et recevait le pseudonyme « Éléphant ».
Assurant des liaisons entre Marseille, Grenoble, Lyon, et Vichy, il participa à la récupération de matériels parachutés dans ces régions, et procédait à la redistribution de l’argent collecté pour l’organisation ainsi que d’émetteurs radio, produits alimentaires, vêtements et courriers.
Très impliqué et obtenant la confiance des reponsables du réseau, il devint secrétaire personnel du commandant Léon Faye. Il échappa à la vague d’arrestations de novembre 1942 liées à l’évasion du général Giraud et participa à la reconstruction du réseau.
Une nouvelle vague d’arrestations ayant eu lieu en mars 1943, Siegrist fut chargé par le commandant Faye de créer une section sous le nom de “Défense passive”, servant de couverture pour la fabrication de faux papiers donnant aux agents de nouvelles identités afin de les protéger. Il mit au point des règles très strictes rendant les falsifications pratiquement impossibles à détecter. Le service “Défense passive” fut transféré à Lyon où il fut piégé (voir circonstances).
Ernest Siégrist fut homologué comme agent P2 des FFC (Forces françaises combattantes) et chargé de mission de 1ère classe de la DGER (Direction générale des études et recherches) avec le grade de capitaine le 10 octobre 1947.
Il obtint la mention “Mort pour la France” le 12 avril 1946 et “Mort en déportation” par arrêté du 18 septembre 2002.
Sources et références
Le Maitron, notice de Daniel Ponnevoy : https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article188542 — “Policier sous Vichy : obéir, résister ?” par Michel Salager, Société Lyonnaise d’Histoire de la Police, p.287
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c’était le cousin par alliance de ma mère, je connais sa descendance, et j’ai entendu récemment une méprise au sujet de son décès, donc je suis venue prouver qu’il est mort pour le pays, sa fille m’avait d’ailleurs montré la laque à son nom dans Paris , Yvette Arnoux