Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Sous-Brigadier — Gardien

Eric GARCIA

Victime du Devoir le 28 décembre 1989

Département

Gard (30)

Affectation

Sécurité Publique — Nîmes

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Interception de véhicule

Au cours de la soirée du jeudi 28 décembre 1989, un équipage de la brigade de surveillance nocturne de Nîmes (Gard) repérait sur l’Avenue du Président Salvadore-Allende les manoeuvres suspectes d’un Volkswagen Golf, roulant à très vive allure entre les usagers, et changeant fréquemment de file de circulation de sorte à se laisser une possibilité de fuite par les extérieurs.

Intercepté à hauteur d’un flot de véhicules à l’arrêt au feu rouge fixe, le conducteur déterminé accélera brutalement et percuta la Renault 11 banalisée de la BSN. Le fuyard prenait dès lors de nombreux risques, allant jusqu’à franchir le Boulevard Talabot, par le terre-plein central, sans parvenir à distancer les policiers très expérimentés.

Au terme d’une intense course-poursuite, le malfaiteur fut acculé dans une impasse au croisement de la rue de l’Ancien Vélodrome et de la rue Terraube. Il percutait par une violente manoeuvre en marche arrière le véhicule de police. Suite au choc, les deux véhicules furent immobilisés ; un policier qui s’était déjà extirpé fut blessé à une jambe.

Deux autres venaient saisir le malfaiteur dans l’habitacle avec grande difficulté. Hamdane Djemaa, trente-et-un ans, se débattait avec grande virulence ; il se savait activement recherché dans tout l’hexagone depuis le 11 du même mois, jour de son évasion à main armée de la prison de Mende.

Djemaa saisissait un pistolet automatique, calibre 9mm, et tirait à quatre reprises sur les intervenants. Les sous-brigadiers Eric Garcia, trente-trois ans, et Michel Nevot, trente-sept ans, furent mortellement blessés. Le quatrième policier tirait aussitôt à une reprise et neutralisait définitivement en retour le meurtrier.

Les premières constatations permettaient de découvrir que le véhicule Volkswagen Golf, maquillé d’une fausse plaque d’immatriculation, ressortait volé. Un fusil à pompe, un revolver prêts à faire feu, et un sac de sport rempli avec cent-vingt-mille francs en espèces étaient dissimulés dans le coffre ; cette somme provenait d’un vol à main armée commis quelques heures plus tôt au préjudice d’un établissement bancaire savoyard.

Une empreinte sur le véhicule désignait un autre complice, également échappé de la prison de Mende, où il purgeait une peine de dix ans de réclusion criminelle pour des vols à main armée commis dans le Gard ; il était à son tour interpellé une vingtaine de jours plus tard à Paris, porteur d’armes de poing.

La voie où s’est joué ce drame fut renommée impasse Garcia-Nevot.

Biographie

Direction d'emploi

Sécurité Publique

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité d'Appui Opérationnel — Service Spécialisé

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Croix de la Légion d'Honneur

Né le 25 janvier 1956 à Casablanca (Maroc). Marié et père d’un enfant.

Éric Garcia, décèdait dans l’ambulance qui l’acheminait à l’hôpital. Il était le fils d’un inspecteur de police retraité, et ainé d’une fratrie : deux frères, une soeur.

Décrit comme passionné par son métier, calme et sympathique, il est entré dans l’administration en 1975 au Centre Régional d’Instruction de la Police Nationale de Châtel-Guyon ; d’abord affecté à Bastia en Haute-Corse, il rejoignait finalement sa région natale où il intégrait rapidement la brigade de surveillance de nuit de Nîmes.

Inhumé au cimetière de Bouillargues (Gard).

Sources et références

BODMR n° 04 du 21/04/1990 — Crédit photo : Luc Garcia (DR) — [1]JORF n°83 du 07/04/1990, page 4264 — Le Monde du 31/12/1989, “Mort d’un deuxième policier après la fusillade de Nîmes” — Le Nouvel Obs du 08/01/1990, article ” L’hiver des évadés

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  1. Le 28 décembre 1989 , c’était le jour de mon anniversaire. Dans la soirée, la salle de commandement m’appelle et me demande de me rendre d’urgence Impasse Terraube , où deux de mes gars s’étaient fait abattre…
    J’arrive sur place, des voitures de police, du monde, une ambulance… On m’informe, un véhicule de la BAC raccompagnait Michel NEVOT de la BAC, en congé maladie , qui était passé au commissariat et qui n’avait pas de moyens de locomotion pour rentrer chez lui comme il était tard.
    En chemin, ils flairent un véhicule suspect et décident de le contrôler. Une course poursuite effrénée qui se termine dans une impasse. GARCIA s’approche du véhicule et tente de sortir le conducteur à mains nues, sans sortir son arme… et là, DJEMAA, truand évadé et recherché activement sort une arme et tire.
    La balle pénètre dans l’aine d’Eric GARCIA, ricoche sur l’os iliaque et, traversant tout le corps ressort à l’épaule, au niveau du trapèze, en passant elle a endommagé l’aorte, déclenchant une hémorragie interne fatale.
    Michel NEVOT, qui avait suivi son collègue essaie de se saisir de l’arme en intimant à Djemaa “Arrête de tirer, arrête de tirer” ; lui prend une balle, à mon souvenir quand je l’ai vu dans l’ambulance, sous l’œil… DORO, mal placé ne peut rien… HORTALA ( récemment décédé près de Carcassonne ) abat DJEMAA de deux balles. Lorsque j’arrive, DJEMAA est au sol ; un médecin lui pratique des soins. “Qu’est ce que vous faites” lui dis-je. “Mon métier” … Je mets une main sur mon arme. “Docteur, si vous reculez pas, je lui mets une balle dans le crâne”.
    Mes gars se rapprochent, menaçants , il débranche tout et DJEMAA expire ; de toutes façon, il n’aurait pas survécu…
    Je me rends à l’hôpital avec le chef de la BAC, le brigadier Rémy GERBOIN, pour aller voir GARCIA. Au commissariat, toute la hiérarchie a débarqué… Le directeur demande à ce que la famille soit avertie… C’était mon devoir. J’ai tenu à revêtir mon uniforme N° 1, et avec GERBOIN on cherche la maison de Louis GARCIA, mon ami, ancien inspecteur parti à la retraite depuis un bout.
    On arrive à la maison, pas de sonnette, on rentre, je vois de la lumière filtrer derrière un volet. Je tape au volet, une voix “Qui c’est ?” “Garcia ouvre c’est Vezon.” “Je t’ouvre la porte”
    Quand il ouvre la porte, il me regarde, en uniforme, Gerboin à côté… blêmissant “Mon fils ??” ” Oui, il s’est fait descendre…” La maman d’Eric descend de l’étage en criant, elle a compris… Là je vois Louis se tourner vers elle et d’une voix ferme : ” Remontes dans ta chambre… remontes dans ta chambre”… Elle remontait en pleurant. Louis, sans nous regarder va au téléphone, appelle son fils médecin à une vingtaine de kilomètres. ” Viens , ton frère s’est fait descendre, ta mère va avoir besoin de toi “. Il appelle son autre fils, policier à Paris “Eric s’est fait descendre ” ” …” ” Non non , tu ne fais rien , je ne veux pas perdre un autre fils dans un accident, demain matin tu descends, mais en train ..d’accord??” il donne quelques coups de téléphone, je crois à une sœur de son épouse pour la faire venir en soutien..et là il se retourne vers moi et effondre en larmes…De ma vie je n’ai vu quelqu’un manifester une force de caractère à ce niveau…
    Depuis chaque année mon anniversaire est celui de la mort de ces deux garçons….

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