Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Sergent de ville
Émile TAZARD
Victime du Devoir le 30 mars 1907
Département
Seine-St-Denis (93)
Affectation
Police Municipale (PP) — Aubervilliers
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme à feu
Contexte
Interpellation(s) d'individu(s)
Au cours de la nuit du samedi 30 Mars 1907, des cris alertaient deux agents de police venant de prendre leur service dans le très difficile secteur des Quatre-Chemins à Aubervilliers (Seine).
Ils secondèrent une victime à la poursuite de son voleur sur l’Avenue de la République et l’interpelèrent à l’angle de la Rue des Cités. Louis Thellier, dix-neuf ans, venait de dérober une bicyclette appartenant à un militaire en permission.
Après une arrestation mouvementée, le bandit était conduit en direction du poste avec difficultés. Chemin faisant, Thellier opposait une vive résistance et incita une bande de rôdeurs à lui venir en aide. Les voyous se ruaient sur les agents et déployèrent les coups pour libérer Thellier ; l’un des agents fut désarmé.
Antonin Gailly, vingt ans, tirait aussitôt à une reprise et tuait le sergent de ville Émile Tazard, trente-et-un ans. Armé d’un petit revolver, un complice tire également à deux reprises.
Alertés par les coups de feu, d’autres agents confrontèrent la bande ; une quinzaine de coups de feu furent échangés. Avec le concours de plusieurs témoins, Gailly fut interpellé et le revolver d’ordonnance utilisé pour le meurtre fut retrouvé dans la matinée, jeté dans une cour d’immeubles.
Le jour même, M. Laurent, secrétaire général de la Préfecture de police se rendait au commissariat d’Aubervilliers où le corps de la malheureusement victime était déposé provisoirement.
Dès le lendemain, le juge d’instruction mit l’accusé en présence du cadavre de la victime. Confrontés aux récits des témoins, Gailly remit au juge des aveux partiels et désigna ses complices : Alexandre Petitalot dit le breton, peintre en bâtiment âgé de trente-deux ans, considéré comme le meneur de la bande ; Louis Job dit pellicules, vingt ans, auteur des deux autres coups de feu ayant atteint la victime. Des mandats d’amener furent décernés contre Léon et Auguste Boër, ferblantiers âgés de dix-neuf et vingt-trois ans, Adrien Barrau, polisseur âgé de dix-huit ans ; Félicien Beguin, journalier âgé de vingt-quatre ans ; tous inculpés de violences et voies de faits sur agents de la force publique. Un dernier complice restait insaisissable, Martin Théobald, vingt-trois ans.
Le 9 octobre, Thellier fut pris pour vagabondage aux Sables-d’Olonne et transféré à Paris. Le 23 novembre, la cour d’assises de la Seine condamna Gailly à la peine de mort. Job, qui encourait la même peine, était décédé de tuberculose à la prison de La Santé ; Petitalot et Thellier écopèrent respectivement de huit et six ans de réclusion criminelle et collectivement de dix ans d’interdiction de séjour en France ; tous jugés sans circonstances atténuantes ni remises de peine possible. Les autres obtenaient des peines de trois à deux ans.
Le 19 février 1908, après son pourvoi en cassation rejeté, Gailly fut finalement gracié par le Président de la République et sa peine commuée aux travaux forcés à perpétuité. Atteint de tuberculose contractée en prison, il mourut de cette même maladie au bagne.
Ultime absent du procès, Théobald fut interpellé sous un faux nom à Nancy. Condamné à dix ans de réclusion criminelle par contumace, il comparut le 27 novembre suivant à la cour d’assises de la Seine et écopait de cinq ans de prison pour menaces de mort, violences et voies de faits contre agents de la force publique et rébellion armée.
Biographie
Direction d'emploi
Préfecture de Police
Corps
Encadrement — Application
Type d'unité
Unité de Voie Publique — Service Général
Né le 11 décembre 1876 à Arieuf (Nièvre) ; célibataire, sans enfant. Domicilié 12, Boulevard de Stains à Aubervilliers.
Incorporé le 15 décembre 1897 au 10e bataillon de chasseurs à pied, il fut libéré du service actif le 22 septembre 1900, avec le grade de caporal.
Entré à la Préfecture de police, le 1er avril 1901, comme sergent de ville stagiaire au commissariat de police de la circonscription de Neuilly-sur-Seine, il devint titulaire de son grade le 1er avril 1902. Il passa ensuite, en la même qualité, aux commissariats des circonscriptions de Courbevoie, Gentilly et Aubervilliers.
D’un caractère calme et très cultivé, ses pairs l’avaient surnommé amicalement l’instituteur ; il était très estimé de ses chefs pour sa vaillance et sa disponibilité pour le service.
Inhumé dans son village natal dans une concession familiale.
Sources et références
Gil Blas du 17/11/1908, “Nouvelles du Palais” — Le Petit Journal du 14/06/1908, “Assassinat de l’agent Tazard : une arrestation à Nancy” — Le Matin du 24/11/1907, “A mort ! Le tribunal de Seine sans pitié avec les apaches” — La Lanterne du 24/11/1907, “Les tribunaux : le meurtre de l’agent Tazard” — La Justice du 07/04/1907, “Faits divers” — Le Journal du 02/04/1907, “L’affaire d’Aubervilliers” — Le Petit Parisien du 01/04/1907, “Encore un agent tué par les apaches” — L’Intransigeant du 01/04/1907, “Un apache tue un agent à Aubervilliers”
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