Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Commissaire de police
Edmond DUBENT
Victime du Devoir le 17 mars 1945
Département
Paris (75)
Affectation
Sécurité Publique (PP) — Paris - Services Techniques
Circonstances
Cause du décès
Assassinat, exécution ou extermination
Contexte
Guerre — Terrorisme
Le 28 décembre 1943, dans le contexte de l’Occupation allemande et d’une intense activité de la Résistance intérieure française, la police secrète d’État du Troisième Reich (Geheime Staatspolizei – Ge.Sta.po), aidée d’agents supplétifs français, cernait et investissait les sous-sols de la brasserie « Zimmer », Place du Châtelet à Paris (Ier).
A la suite d’une trahison probablement obtenue par la torture, elle surprenait la réunion secrète d’un groupe d’action tenue par cinq résistants.
Ces derniers projetaient de dynamiter le repaire de « La Carlingue », surnom donné à l’association de malfaiteurs devenus de prolifiques agents auxiliaires de la police allemande, dirigée par les redoutables Henri Chamberlin dit Lafont et Pierre Bonny.
Étaient mis en état d’arrestation Charles Porte, trente-sept ans, ex-commissaire de police révoqué en 1942, à la tête du réseau d’action « Frédéric » (alias d’Henri Manhès, représentant de Jean Moulin en zone Nord) ; Edmond Dubent, trente-six ans, commissaire de police, chef des services techniques de la Préfecture de police (PP), initiateur du réseau « L’Honneur de la Police » à la PP (voir biographie).
Dubent s’était présenté au rendez-vous accompagné de Paul Turgné, trente-six ans, ex inspecteur spécial des renseignements généraux (RG-PP), Raymond Boudier, trente-six ans, inspecteur de police de Sûreté (PJ-PP) ; Marcel Pruvost, trente-sept ans, gardien de la paix avec une longue carrière de résistant et Raymond Micheli, officier de police.
Conduits au siège de la Gestapo, ils subissaient des interrogatoires sous la torture, puis étaient incarcérés à la prison de Fresnes.
Le 1er janvier, le commissaire Dubent était révoqué pour « abandon de poste ». Il fut transféré et interné au complexe de Compiègne-Royallieu, puis déporté le 27 janvier vers le camp de concentration Nordhausen (Allemagne nazie), enregistré sous le numéro 43686.
Le duo Bonny-Lafont, incarnation de la collusion entre la pègre française et les autorités nazies, tant pour le pillage de richesses, la persécution et la spoliation des juifs, que pour la traque et la torture de résistants français, fut passé par les armes au fort de Montrouge le 27 décembre 1944, avec six autres complices d’intelligence avec l’ennemi.
Le 17 mars 1945, Edmond Dubent mourut à la dite infirmerie du camp de Mittelbau-Dora, sans connaitre le sort de ses bourreaux ni l’issue favorable de la guerre, et quelques jours avant la libération du camp provoquée par l’avancée des forces alliées.
Biographie
Direction d'emploi
Préfecture de Police
Corps
Conception — Direction
Type d'unité
Unité de Gestion Opérationnelle, de Coordination ou d'Intendance
Titres et homologations
MPF - Mort pour la France
FFI - Forces Françaises de l'Intérieur (maquis, corps-francs,...)
FFC - Forces Françaises Combattantes (renseignement, action et évasion)
RIF - Résistance Intérieure Française (création de mouvements et de réseaux)
DIR - Déporté, Interné de la Résistance
MED - Mort en Déportation
Citation à l'Ordre de la Nation
Croix de la Légion d'Honneur
Né le 21 janvier 1907 à Choisy-le-Roi (Val de Marne), de André Dubent (gardien de la paix) et Rachel Grandjean ; marié le 18 juillet 1936 à Paris avec Marguerite Amélie Aufort.
Edmond Dubent, fils et neveu de policiers, a débuté sa carrière au sein de la Préfecture de police comme secrétaire stagiaire près les commissariats de police de Paris en 1930 ; nommé successivement secrétaire du commissariat de police de Noisy-le-Sec (1935), de Charenton-le-Pont (1937).
Nommé Commissaire de police au commissariat du quartier de Saint-Fargeau (1939), ce patriote intransigeant parvient avec son adjoint Jean Andréani, à faire condamner par le tribunal correctionnel de Versailles un certain Henri Lafont, collaborateur notoire qui mobilisait la Feldgendarmerie contre eux.
Nommé Commissaire de police au quartier de Charonne (1941), puis de Noisy-le-Sec, il demande à être relevé de son commandement, où il trouve trop de personnes favorables à la collaboration, il est affecté à la Direction des Services Techniques, au garage central de la Préfecture de police (1942).
Mobilisé en 1939 comme Officier de renseignement de l’Armée de l’Air, il a adhéré à l’Union des Anciens Combattants de la Préfecture de police (UACPP), rare association professionnelle à ne pas avoir été interdite au commencement de l’occupation du territoire français par les allemands.
Présidée par le brigadier de police Arsène Poncey, vétéran de la grande guerre, l’association qui a ses bureaux au sein même de la Préfecture de police était devenue dès l’été 1940 un véritable centre opérationnel de propagande anti-nazi, d’actions subversives intenses et de renseignement.
Cette structure de Résistance policière formait le groupe « Valmy », subordonné à « L’Armée Volontaire » (AV) fondée par le Commandant René Lhopital, ex-officier d’ordonnance du Maréchal Foch.
En mars 1943, l’AV fut pratiquement anéantie à la suite d’une trahison. Dubent succédait à Poncey, et initiait le mouvement de résistance « L’Honneur de la Police », structurée en fonction de l’organisation administrative de la police parisienne.
Il fut chargé de constituer la section paramilitaire du « Noyautage des Administrations Publiques » (NAP). Le comité directeur se réunissait à son domicile du 19ème arrondissement ; son épouse, Marguerite agissait comme secrétaire.
En liaison avec Londres, Dubent, alias « Mesure, Lefèvre », transmit de nombreux renseignements recueillis par ses collègues, fournissait des armes et des fausses cartes d’alimentation, organisait l’évasion d’aviateurs alliés, préparait des parachutages et des caches d’armes.
Dubent n’aura probablement jamais eu connaissance de l’heureux dénouement de la libération de Paris et de l’avancée des forces alliées.
Cité à l’ordre de la Nation ; nommé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur ; promu Commissaire Divisionnaire de police à titre posthume ; homologué Capitaine des Forces Françaises de l’Intérieur (aviation) et aux Forces Françaises Combattantes (réseau N.A.P.) ; médaillé de la Résistance par l’Ordre de la Libération ; mention “Déportés et Internés et de la Résistance” ; mention “Mort pour la France” ; mention “Mort en Déportation”
Sources et références
AD94, registres de l’état civil – cote 4E 1868, année 1907, acte de naissance n°15 — Site Mémoire des Hommes (MPF, FFC, FFI, RIF, DIR, MED) — JORF du 17/07/1952, décret du 07/06/1952 (CN, LH)
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Émotion et Respect
respect ! Il vivait dans mon quartier dans le 20eme arrondisement de Paris. Je me suis toujours interrogé devant saa plaque commemorative au coin de la rue Henri Poincarré.
Content de savoir son histoire enfin! Quel homme courageux !