Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Gardien de la paix

Charles DUFRESNE

Victime du Devoir le 13 octobre 1909

Département

Paris (75)

Affectation

Police Municipale (PP) — Paris 17ème

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Maintien de l'ordre — Service d'ordre

Au cours de la journée du mercredi 13 Octobre 1909, un mouvement de solidarité à l’insurrection espagnole, consécutive à l’exécution du libre-penseur anarcho-libertaire Francisco Ferrer, fut orchestré par la Confédération Générale du Travail, la Section Française de l’Internationale Ouvrière et la mouvance anarchiste. Leur appel incitait à manifester aux abords de l’ambassade d’Espagne, sise 34, Boulevard de Courcelles, 17e arrondissement de Paris.

Plusieurs compagnies de réserve de gardiens de la paix et des cavaliers de la garde républicaine furent détachés pour maintenir l’ordre, avec l’objectif de disperser les groupes trop compacts de manifestants, dont le cortège formé par les élus Jean Jaurès et Edouard Vaillant.

Dans la soirée, répondant à l’appel de manifestes anarchistes distribués dans les faubourgs de la capitale prônant une véritable guerre sociale, plusieurs centaines de manifestants aux motivations interlopes étaient arrivés de la bouche de métro de la station Villiers.

Des bagarres éclatèrent rapidement dans le périmètre de la Plaine-Monceau lorsque des émeutiers tentèrent de forcer les barrages policiers en direction de l’ambassade.

Les becs de gaz des réverbères furent démolis plongeant les rues dans l’obscurité, des kiosques et des arbres incendiés, des soubassements détruits et des pavés arrachés pour en faire des projectiles.

Alors que le préfet de police Louis Lépine se trouvait au milieu du tumulte, exhortant la foule au calme à l’intersection du boulevard de Courcelles et de l’avenue de Villiers, plusieurs coups de feu éclatèrent.

Directement visé, le préfet fut très légèrement blessé au visage par un projectile ; mais les gardiens de la paix qui l’entouraient eurent moins de chance.

Trois agents cyclistes et un garde à cheval furent grièvement blessés ; atteint en pleine poitrine, le gardien de la paix Charles Dufresne, trente-six ans, succombait à l’hôpital Beaujon.

Dans la cohue générale, les sommations furent données : les agents de la préfecture chargèrent les émeutiers avec vigueur, sabre au clair pour les cavaliers, mais ils furent victimes de nouveaux tirs d’arme à feu, d’une pluie de projectiles faites de cailloux, de pavés et de briques.

La sédition dura jusqu’au milieu de la nuit avec des incendies d’autobus, des tramways renversés, des scènes de pillages et de violences, réprimées par des charges régulières et très appuyées de cavaliers et de gardiens de la paix.

Au terme des émeutes, la préfecture de police dressait un bilan désastreux rien que dans ses rangs : un mort, dix-huit blessés graves parmi les quatre-vingt-quatorze gardiens de la paix et les douze gardes républicains hospitalisés.

Deux émeutiers interpellés en possession d’armes de poing furent mis en examen, mais leur responsabilité dans la mort de l’agent Dufresne fut écartée à l’instruction. Ils furent définitivement acquittés par le jury de la cour d’assises de Seine en juin 1910. Le meurtrier du policier n’a jamais été identifié.

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité de l'Ordre Public — Sécurité Routière

Né le 9 septembre 1873 à Rosendaël près de Dunkerque (Nord) de Louis Dufresne et Marie Norré ; époux de Marie Angeline Guénault, et père de deux enfants ; domiciliés N°3 impasse Charles-Petit à Paris (XIe) ; inhumé au cimetière de son village natal.

Incorporé le 16 novembre 1894 au régiment de sapeurs-pompiers de la ville de Paris, Charles Dufresne fut libéré du service militaire le 18 septembre 1897.

Nommé gardien de la paix le 25 avril 1898, il fut d’abord attaché, en cette qualité, au 11e arrondissement ; puis à la 3e compagnie de réserve.

Courageux et énergique, il avait été blessé au cours de plusieurs manifestations. Le 25 octobre 1907, rue de l’Odéon, il avait arrêté un cheval emporté.

La mémoire de cette victime du devoir a été l’objet d’un hommage particulièrement touchant de la part des Conseils municipaux de Rosendaël (Nord) et Saint-Cyr-l’Ecole (Seine et-Oise), qui ont donné le nom de Dufresne à une rue de leur commune.

Sources et références

Conseil municipal de la ville de Paris, rapports et documents, année 1913 (photographie restaurée et colorisée via myheritage.fr — La Lanterne du 09/06/1910, “Après la manifestation, le verdict du jury, MDLT et AP sont acquittés” — Le Petit Parisien du 15/10/1909, “L’exécution de Ferrer, le bilan de la soirée de mercredi” — Le Petit Journal du 15/10/1909, “L’exécution de Ferrer, lendemain d’émeute”

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