Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Brigadier

Charles BROSSARD

Victime du Devoir le 27 juillet 1919

Département

Paris (75)

Affectation

Police Municipale (PP) — Paris 3e

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Interpellation(s) d'individu(s)

Au cours de la nuit du samedi au dimanche 27 juillet 1919, un brigadier et un gardien de la paix de la brigade cycliste du quartier des Arts-et-Métiers à Parix (IIIe) avisèrent des individus suspects surpris en train de destocker de la marchandise depuis un entrepôt de cuir et de pelleterie, sis 8 rue Montgolfier.

Monté à bord d’une Torpédo Grégoire 1908 jaune foncé, leur chauffeur effectuait des allers-retours avec plusieurs kilos de feuilles de cuir, jusque dans un garage du même quartier, au 21 rue des Vertus.

Tandis que le brigadier inspectait le livret militaire remis par ce dernier, Edmond Cellier, vingt-quatre ans, son collègue retenait l’un des voleurs, porteur de ballots de cuir ; un troisième avait pris la fuite.

Le brigadier se postait sur le marchepied du véhicule et lui intimait de se rendre au poste de police de la rue Notre-Dame-de-Nazareth en roulant au pas ; le complice de Cellier montait côté passager ; l’agent Burcey tenait la distance avec les vélos.

Alors que l’auto empruntait la rue Volta, le passager saisissait de façon soudaine une arme de poing dissimulée et tira à deux reprises sur le policier, à hauteur du visage.

Le brigadier Charles Brossard, quarante-trois ans, s’écroula sur la chaussée à l’angle de la rue du Vert-bois, mortellement blessé. Les bandits prenaient aussitôt la fuite.

Les agents de la brigade spéciale relevèrent un préjudice de plusieurs centaines de kilos de cuirs d’une valeur de vingt mille francs ; ils découvraient le livret militaire de Cellier, lequel vint se constituer prisonnier à l’aube au commissariat de quartier du Père-Lachaise.

Le bandit inexpérimenté livrait aux enquêteurs l’association de malfaiteurs de Belleville à l’origine du cambriolage. La Torpédo fut retrouvée abandonnée sur les bords de Marne à Joinville-le-Pont, encore garnie du butin partiel.

L’enquête établit que Cellier fut recruté comme chauffeur par un certain P’tit Louis, alias de Lucien Mathieu, vingt-cinq ans, bandit réputé déjà condamné pour vols qualifiés.

Ce dernier avait projeté le cambriolage de la pelleterie sur indication d’un receleur, Socrate Bourtequoy, vingt-neuf ans. Le véhicule du troisième complice, Alphonse Suard, vingt-quatre ans, serait tombé en panne et les talents de mécanicien de Cellier entrainèrent son implication.

Le 4 août suivant, Bourtequoy fut interpellé dans un garni du 11ème arrondissement.

Dans le même temps, un industriel local souhaitant décourager les voyous d’investir le quartier s’était manifesté auprès de M. Vallet, chef de la sûreté, afin de l’aviser qu’il mettait mille francs à la disposition de toute personne susceptible d’aider à la capture du P’tit Louis. La nouvelle parut dans la presse et agita le milieu.

Le 17 septembre, le corps de Suard fut découvert dans un fossé de la commune de Verviers en Belgique, vraisemblablement exécuté le jour même d’une balle dans la tête. Un règlement de compte que la sûreté attribua à Mathieu, l’annonce de l’industriel ayant pu les pousser à passer la frontière.

Le 29 octobre, Mathieu fut interpellé sur la Place des Fêtes à Belleville, que les inspecteurs de la brigade spéciale surveillaient avec acharnement, grâce aux indications obtenues dans l’environnement du meurtrier et de ses complices.

Le bandit était trouvé porteur d’un browning. Confronté aux rudes interrogatoires de la police judiciaire, Mathieu finissait par remettre des aveux circonstanciés devant le magistrat et reconnaissait le meurtre du brigadier.

Le 27 novembre 1920, la cour d’assises de la Seine condamna Mathieu aux travaux forcés à perpétuité au bagne colonial de Guyane ; il s’en évada quatre ans plus tard et ne fut jamais repris. Cellier et Bourtequoy écopaient respectivement de dix et huit ans de réclusion criminelle, peine assortie d’une interdiction de séjour de vingt ans.

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité de Voie Publique — Service Général

Né le 7 novembre 1875 à Pougues-les-Eaux (Nièvre). Marié, père d’un enfant. Domicilié 11 passage Saint-Pierre dans le 11e arrdt de Paris.

Entré dans l’administration le 1er avril 1901 après avoir effectué une période de service militaire de trois ans au 4e régiment de zouaves pendant la campagne de Tunisie.

Libéré de ses obligations militaires comme zouave musicien de 2e classe.Nommé brigadier le 22 septembre 1908.

Médaille d’or des actes de courage et de dévouement.Inhumé dans une concession familiale au cimetière de Pougues-les-Eaux.

Sources et références

Crédit photo : Arch. PP SMAC, série KC6 ; restaurée et colorisée via myheritage.fr — Bulletin municipal de la ville de Paris du 14/08/1919 “Obsèques du brigadier Brossard” — Registre des matricules militaires de la Nièvre, classe 1895, matricule 968 — Le Petit Journal du 28/11/1920 “Epilogue de l’assassinat du brigadier Brossard” — Le Petit Journal du 31/10/1919 “L’alibi de P’tit-Louis” — Le Petit Parisien du 04/10/1919 “On retrouve en Belgique le cadavre d’Alphonse Suard” — Le Journal du 05/08/1919 “Une nouvelle arrestation” — Le Figaro du 29/07/1919 “Le meurtre du brigadier Brossard” — Le Petit Journal du 29/07/1919 “La complicité du chauffeur Cellier est établie ” — Le Petit Parisien du 28/07/1919 “Un agent est assassiné par un voleur en auto”

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