Charles BLANC

Au cours de la matinée du 8 décembre 1922, les inspecteurs Pichaud et Bayle, de la sûreté de Toulon (Var), aperçurent sur la Place Victor-Hugo un individu dont le signalement paraissait correspondre avec celui d’un fugitif recherché pour meurtre par le parquet de Béthune, émis au bulletin criminel le 26 septembre.

Au cours de sa fuite, Marcellin Delval, vingt-quatre ans, après avoir tenté d’assassiner ses beaux-parents, avait effectivement tué un gendarme, et blessé un autre. L’homme ayant effectué son service militaire à Toulon était susceptible d’y séjourner.

Alors qu’il était approché par les inspecteurs, l’individu qu’ils n’ont pas encore formellement identifié subissait un contrôle d’identité. Sournois, il se montrait extrêmement coopératif au point d’inviter les limiers à se rendre au poste de police pour y effectuer une vérification plus minutieuse.

Aux abords de l’hôtel de police, le fugitif bouscula brutalement son escorte pour prendre la fuite en courant par la Rue Hippolyte-Duprat.

Une véritable chasse à l’homme s’engageait dans les rues de la ville avec plusieurs gardiens de la paix du poste central. A plusieurs reprises, il exhibait une arme de poing automatique cal. 7,65mm et faisait feu sur ses poursuivants, blessant grièvement un riverain à la jambe. Traqué, il empruntait le corridor d’une maison de ville du n°22 Rue de la République, afin de s’y dissimuler.

Avisé de la situation, le directeur de la police de Toulon, M. Charles Blanc, cinquante-sept ans, organisait un important dispositif, accompagné du chef de la Sûreté, M. Harel.

Débusqué, le criminel apparaissait alors au premier étage de la maison et se mit à tirer au jugé sur la foule contituée de policiers et de riverains.

M. Blanc prenait le forcené à revers et gagnait avec plusieurs agents les toits de l’Hôtel des Etats-Unis par la Place Gambetta, d’où ils pouvaient avoir une position dominante.

Au cours de la manoeuvre, alors qu’il devançait ses agents, le directeur était visé par des tirs et fut blessé mortellement à la tête. Admis à l’hôpital civil, il expirait en début d’après-midi.

Après plusieurs nouvelles fusillades sur les toits d’immeubles, Delval était pris au piège dans une mansarde et décidait de se rendre ; blessé lui-même, il était parvenu cependant à blessé un autre gardien de la paix.

Le 17 avril 1923, la cour d’assises du Var condamnait Delval à la peine de mort pour meurtre et tentatives de meurtres. Peine exécutée le 22 décembre suivant par guillotine.