Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Gardien de la paix
Célestin GALY
Victime du Devoir le 02 janvier 1936
Département
Bouches-du-Rhône (13)
Affectation
Police d'État — Marseille
Circonstances
Cause du décès
Maladie ou blessure contractées à l'occasion du service
Au cours de la journée du mardi 9 octobre 1934, dans le cadre de la politique étrangère de la France, le Roi de Yougoslavie Alexandre Ier effectuait un déplacement officiel à Marseille (Bouches-du-Rhône).
Il était accueilli par le ministre des affaires étrangères, M. Barthou, ainsi que de nombreux officiels locaux. Dès 15h, un service d’ordre fut en place sur le Quai des Belges : un bataillon de l’infanterie coloniale en garnison à Aix-en-Provence avec drapeaux et musique, et un peloton de dix-huit gardes mobiles à cheval.
Venu à bord du destroyer Dubrovnik, le souverain débarqua depuis une vedette sur le Vieux-Port, en tenue d’amiral ; sa venue suscita un vaste concours populaire qui forma un cortège festif spontané.
Alors que le convoi automobile officiel circulait à 10km/h sur la Canebière pavoisée, ceinturée d’agents de police et de gendarmes, un individu corpulent surgit parmi la foule de spectateurs paisibles, et parvint à se frayer un accès jusqu’à l’automobile de tête tout en s’écriant Vive le Roi!
Surprenant le service d’ordre insuffisamment étanche, il monta sur le marchepied du véhicule Delage dont le toit était découvert, et saisit un pistolet Mauser Schnellfeuer 7,63mm à vingt coups doté d’un sélecteur de tir automatique.
L’assassin tira à trois reprises et tuait le Roi de Yougoslavie.La scène était immortalisée par une caméra.
Des agents de la brigade de permanence, postés sur le trottoir du Square de la Bourse, le confrontèrent. De nouveaux tirs blessaient les gardiens de la paix Mathieu, Debionne et, plus grièvement, Célestin Galy, trente-deux ans, qui était parvenu à le ceinturer.
Une fusillade désordonnée éclata au milieu d’une foule ivre de colère. Vlado Gueorguiev Tchernozemski, trente-six ans, fut finalement neutralisé à coups de sabre par le Colonel Piolet, du 14e de ligne, monté sur son cheval.
Dans le véhicule officiel, à côté du corps du Roi, le Général Alphonse Georges et le ministre Louis Barthou, qui s’étaient mis en opposition au meurtrier,étaient grièvement blessés. Ce dernier succomba à son tour d’une hémorragie humérale.
On découvrait sur l’assassin un Walther P38, des dizaines de cartouches ainsi qu’une grenade offensive.
La rigoureuse enquête menée sous l’autorité de M. Mondanel, inspecteur général de la direction de la police judiciaire, démontra que l’attentat était l’oeuvre du mouvement séparatiste croate (USTASA : les oustachis, littéralement : les insurgés). Ces derniers auraient agi pour le compte de l’organisation révolutionnaire intérieure macédonienne (VMRO).
L’attentat contre le Roi de Yougoslavie était un événement complexe, qui montrait bien l’ampleur des ruptures à l’œuvre dans l’Europe des années 1930.
Le bilan de l’attentat fut de quatre morts et sept blessés admis aux hôpitaux, dont deux enfants âgés de treize et quatorze ans.
Avec l’appui de la Commission Internationale de Police Criminelle et des autorités yougoslaves, le tueur fut identifié et les membres du commando arrêtés au cours de leur fuite dans un hôtel de Thonon-les-Bains et en gare de Longjumeau-Avon.
Dès la mi-octobre, la police judiciaire remontait le piste des meurtriers, membres de deux organisations terroristes des Balkans citées plus haut, lesquelles bénéficient du soutien d’États dictatoriaux, au premier chef l’Italie fasciste et la Hongrie de l’amiral Horthy qui voyaient d’un mauvais oeil l’établissement près de leurs frontières d’une grande Yougoslavie amie de la France.
Il fut établi que le chef de l’opération était l’adjoint d’Ante Pavelic, fondateur du mouvement oustachis : Eugen Dido Kwaternik, vingt-quatre ans (inextradable); lequel avait recruté des soldats aguerris pour le commando marseillais : Vlado Gueorguiev Tchernozemski (tué) et Mijo Krajli, Ivo Rajitch et Zvonimir Pospishil (arrêtés) et d’un couple de logisticiens croates habitant Chicago : Anton et Stana Godina (inextradables).
Admis à l’Hôtel-Dieu avec une très grave blessure par balle à la poitrine, l’agent Galy demeurait de longs mois alité, soigné avec un grand dévouement par les chirurgiens et le personnel de l’hôpital.
Son attitude héroïque face au régicide lui valut de nombreuses éloges officielles. Il fut fait chevalier de la Légion d’Honneur et chevalier de l’ordre royal de la couronne de Yougoslavie.
Après une période de convalescence passée auprès de sa famille en Ariège, il reprit le service en septembre 1935. Cependant victime d’une rechute de sa blessure, il fut de nouveau hospitalisé.
Il succombait sur son lit d’hôpital le 2 janvier 1936.
Le 12 février 1936, la cour d’assises d’Aix-en-Provence condamna les trois oustachis arrêtés deux ans plus tôt aux travaux forcés à perpétuité ; deux étaient tués en détention ; les trois autres inculpés absents du procès sont condamnés à mort par contumace.
Biographie
Direction d'emploi
Sécurité Publique
Corps
Encadrement — Application
Type d'unité
Unité de Voie Publique — Service Général
Titres et homologations
Citation à l'Ordre de la Nation
Croix de la Légion d'Honneur
Né le 2 juin 1902 à Le Port (Ariège) de Baptiste Galy Pradal et de Marie Sutia d’El Galy ; époux de Marie Delpy, beau-père de trois enfants. Domicilié dans un pavillon au N°60 Boulevard Dahdah, aux Chutes-Lavie.
Entré dans l’administration le 3 avril 1926 comme gardien de la paix à Marseille (Bouches-du-Rhône).
Chevalier de la Légion d’honneur ; Chevalier de l’ordre royal de la couronne de Yougoslavie.
Inhumé dans son village natal dans une concession familiale.
Sources et références
Journal officiel de la République française, 1 janvier 1935 — Chroniques marseillaises des années 30 : L’assassinat du Roi Alexandre 1er (web) — La Révolution Française © : L’attentat de Marseille : régicide et terrorisme dans les années trente (web — Le Petit Provençal du 03/01/1936, “Les victimes du devoir” — Le Petit Marseillais du 13/10/1934, “La courageuse attitude d’un gardien de la paix […]” — Le Petit Marseillais du 13/10/1934, “Après l’attentat de Marseille” — Le Petit Provençal du 10/10/1934, “Un abominable attentat à Marseille”
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