Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Gardienne de la paix
Catherine CHOUKROUN, née POISSON
Victime du Devoir le 20 février 1991
Département
Paris (75)
Affectation
Sécurité Publique (PP) — Compagnies de Circulation
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme à feu
Contexte
Forcené retranché, périple meurtrier
Au cours de la nuit du mardi au mercredi 20 février 1991, un équipage de la compagnie de circulation urbaine de la préfecture de police fixait un point de contrôle radar sur la bretelle d’accès de la Porte de Clignancourt à Paris (XVIIIe).
Un véhicule monté par trois individus, dont une femme assise à l’arrière, circulant à faible allure, s’arrêta à hauteur de leur Peugeot 405, comme pour demander un renseignement ou une indulgence. De façon soudaine, l’un des occupants exhibait une arme d’épaule modifiée et tirait à deux reprises en direction des policiers.
Une première gerbe de projectiles blessait mortellement Catherine Choukroun née Poisson, vingt-sept ans. La deuxième décharge blessait grièvement à l’épaule son équipier, Émile Hubbel, quarante-et-un ans. Le trio prit aussitôt la fuite devant témoin.
Les obsèques officielles de la policière, jeune mère de famille, ont lieu à la préfecture de police le vendredi suivant. Ce lâche assassinat, aussi minable qu’énigmatique, provoqua une forte émotion aussi bien dans la profession que dans la sphère publique : la jeune femme était la première policière française tuée en service.
Très investis, les enquêteurs redoublèrent d’effort pour retrouver la trace des meurtriers ; mais la carence d’indices et le décès du principal témoin oculaire amenaient à une impasse. La piste se figeait sur un petit véhicule de type Austin Metro immatriculé dans les Hauts-de-Seine, monté par deux hommes et une jeune femme. Ils restèrent insaisissables pendants six longues années.
En décembre 1996, un renseignement déterminant fourni par une indicatrice à un policier de la brigade des stupéfiants de Seine-Saint-Denis amenait les enquêteurs sur la piste d’une jeune prostituée et d’un ancien détenu se vantant d’être l’auteur du “coup du périph”.
Le 17 juin suivant, la brigade criminelle se rendait dans le Vercors et interpellait Nathalie Delhomme alias “Johanna”, trente-cinq ans. Cette prostituée de la Rue Saint-Denis, toxicomane, auparavant propriétaire d’une Austin Metro immatriculée dans les Hauts-de-Seine, dit avoir refait sa vie.
Devenue mère de famille, la jeune femme craquait et désignait formellement le tireur assis à la place passager : Aziz Oulamara alias “Jacky”, trente-neuf ans, proxénète.
Interpellé à son tour, ce dernier rejetait la responsabilité sur son acolyte placé au volant selon le témoignage de Johanna : Marc Pétaux, quarante-et-un ans.
L’enquête établit que le trio alcoolisé et sous l’emprise de drogues cherchait à se procurer de l’héroïne. L’idée de tirer sur le véhicule de police serait venue par défi, après être passé une première fois devant le point de contrôle radar.
Le 15 Septembre 2000, au terme d’un procès difficile, sans mobile objectif et en l’absence de témoins fiables, la cour d’assises de Paris condamnait Oulamara et Pétaux à vingt ans de réclusion criminelle pour assassinat et tentative d’assassinat sur agents de la force publique. Delhomme fut acquittée.
Le 29 Novembre 2001, statuant en appel du jugement, la cour d’assises du Val de Marne acquittait Pétaux mais confirmait la peine prononcée contre Oulamara. Son pourvoi en cassation fut rejeté deux ans plus tard et sa peine définitivement confirmée.
Biographie
Direction d'emploi
Préfecture de Police
Corps
Encadrement — Application
Type d'unité
Unité de l'Ordre Public — Sécurité Routière
Titres et homologations
Citation à l'Ordre de la Nation
Croix de la Légion d'Honneur
Née le 8 mai 1963 au Pertuis (Vaucluse) ; épouse de Gilles Choukroun et mère d’une petite Estelle âgée de six mois ; famille domicilée à Brunoy.
Entrée dans l’administration en 1986, la jeune policière qui venait de reprendre son service après un congé maternité avait fait le choix de travailler la nuit afin de pouvoir mieux s’en occuper.
En 2020 eut lieu la cérémonie de baptême de la 25ème promotion d’officiers de police baptisée « Catherine Choukroun », réalisée en présence de sa fille, laquelle a pu recevoir l’épée d’honneur de sa mère, nommée à titre posthume dans le corps de commandement de la Police Nationale.
Citée à l’ordre de la Nation [1] ; élevée au grade de chevalier de la Légion d’Honneur [2] ; promue brigadier de police à titre posthume ; médaille d’Honneur de la Police Nationale.
Sources et références
BODMR n° 11 du 05/09/1992 — JORF n°45 du 21/02/1991, “Citation à l’ordre de la nation” — JORF n°120 du 25/05/1991, “Décret portant nomination à titre posthume” — Le Monde, article du 21/02/1991, “Sur le boulevard périphérique à Paris, une femme policer tuée par balles”Le Monde, article du 21/06/1997, “Un homme suspecté de l’assassinat d’une jeune femme […] écroué” — Le Monde, article du 07/09/2000, “Le meurtre d’une femme policier aux assises de Paris” — Le Monde, article du 08/09/2000, “Le poids des bruits de la rue Saint-Denis”Le Monde, article du 12/09/2000, “Les confessions de Madame Simone”Le Monde, article du 14/09/2000, “Une accusée disculpe l’un des suspects” — Le Monde, article du 16/09/2000, “20 ans de réclusion pour deux des accusés […]” Le Monde, article du 01/12/2001, “La cour d’assises du Val de Marne acquitte Marc Pétaux […]”
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Catherine était l’incarnation même de la gentillesse, de la douceur et de la discrétion.
J’ai eu la chance de partager avec elle une partie de nos années “collège” à Pompidou. Son assassinat, appris quelques années plus tard dans le journal, lors du procès, m’a plongé dans une profonde tristesse.
Qu’elle repose en paix, à Montgeron, où elle a vécu. En novembre, il m’arrive d’aller fleurir sa tombe.