Boris VOELCKEL

Dans la nuit du mercredi au jeudi 21 Février 2013, un Range Rover Evoque noir aux vitres teintées, monté par deux individus, circulait à hauteur de la Porte Maillot à Paris. Il s’agissait d’un véhicule de location placé sous surveillance par le groupe d’intervention régional (GIR 75) dans le cadre d’une enquête sur la société de location elle-même, ainsi que sur le train de vie douteux d’une partie de sa clientèle.

Le conducteur, Malamine Traoré, vingt-deux ans, très défavorablement connu des services de police, circulait en état d’ivresse et dépourvu de permis de conduire, annulé suite à de très nombreuses infractions au code de la route commises auparavant. A ses côtés dans le même état, Mehdi Bensassou, vingt-et-un ans.

À 5h38, le Range Rover était repéré par un équipage de la brigade anti-criminalité de nuit de la Préfecture de Police (BAC 75 N) alors que le conducteur prenait des risques importants, circulant de façon anarchique à très vive allure, et commettant de nombreuses infractions au code de la route.

Les policiers décidaient d’intercepter le véhicule mais le conducteur refusait d’obtempérer et empruntait aussitôt les voies expresses du périphérique intérieur en direction de la Porte de la Chapelle.

Le 4×4 circulait à très grande vitesse ; les policiers, qui se laissaient distancer, donnaient sa direction de fuite par moyens radio, et le perdaient de vue à hauteur de la Porte de Clichy. Alors que le véhicule suspect atteignait la sortie de la porte de la Chapelle sans jamais ralentir, il percuta avec une extrême violence l’arrière de la Ford Mondéo d’un second véhicule de la BAC 75 N, circulant à allure réduite plus en amont, et anéantit son équipage.

Le brigadier-chef Cyril Genest, quarante ans, et le brigadier Boris Voelckel, trente-deux ans, furent tués sur le coup. Le brigadier-chefFrédéric Kremer, cinquante-quatre ans, était très grièvement blessé.

Les occupants du 4×4, indemnes, furent interpellés et pris en charge dans les locaux de la brigade criminelle. Le conducteur devait répondre d’un taux d’alcoolémie de 1,4g d’alcool/litre de sang.

Le 23 février, le parquet de Paris ouvrait une information judiciaire pour meurtres et tentatives de meurtres aggravés de personnes dépositaires de l’autorité publique, refus d’obtempérer, conduite sous l’empire d’un état alcoolique en récidive et conduite sans permis en récidive à l’encontre du conducteur ; de complicité de meurtres aggravés, détention de produits stupéfiants pour le passager.

En outre, la perquisition menée à son domicile amenait à la découverte incidente de cent grammes de résine de cannabis, trente grammes de cocaïne. Tous deux étaient placés en détention provisoire.

Le 6 Septembre 2015, une ordonnance de mise en accusation rendue par le juge d’instruction ne retenait pas l’intention de tuer ; Traoré devait désormais répondre de coups et blessures volontaires ayant entrainées la mort sans intention de la donner, aggravé par le refus d’obtempérer, la conduite sous l’empire d’un état alcoolique et la conduite sans permis.

Le 30 novembre 2016, la cour d’assises de Paris condamnait Traoré à 12 ans de réclusion criminelle. Le parquet fit appel de cette décision.

Le 30 mars 2018, jugé en appel par les assises du Val-de-Marne, Traoré fut condamné à 15 ans de réclusion criminelle ; décision assortie d’une peine de sûreté de 10 ans.