Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Gardien de la paix
Bernard BOULAGE
Victime du Devoir le 29 avril 1945
Département
Val-de-Marne (94)
Affectation
Sécurité Publique (PP) — Vincennes
Circonstances
Cause du décès
Assassinat, exécution ou extermination
Contexte
Guerre — Terrorisme
A l’aube du 18 août 1943, dans le contexte de l’Occupation allemande, la police secrète d’État du Troisième Reich (Geheime Staatspolizei – Ge.Sta.po) procédait sur la base d’une dénonciation à l’arrestation d’un cantonnier municipal : Léon Verdier, quarante ans, domicilié dans le quartier Bellecombe à Lyon (Rhône).
Un autre résistant était découvert dans l’appartement, Bernard Boulage, trente-et-un ans, gardien de la paix révoqué pour abandon de poste et formé par le bureau central de renseignement et d’action (BCRA) en Angleterre (voir biographie).
Boulage, Verdier ainsi que son épouse étaient emprisonnés à Montluc, et soumis à des interrogatoires brutaux.
Le 17 février suivant, après avoir été transféré à la prison de Fresnes, Boulage était déporté au camp de Mauthausen-Ebensee sous le protocole Nacht und Nebel (nuit et brouillard), s’agissant du nom de code des « directives sur la poursuite pour infractions contre le Reich ou contre les forces d’occupation dans les territoires occupés ». Il fut exterminé le 29 avril 1945.
Biographie
Direction d'emploi
Préfecture de Police
Corps
Encadrement — Application
Type d'unité
Unité de Voie Publique — Service Général
Titres et homologations
MPF - Mort pour la France
FFC - Forces Françaises Combattantes (renseignement, action et évasion)
DIR - Déporté, Interné de la Résistance
MED - Mort en Déportation
Croix de la Légion d'Honneur
Né le 6 janvier 1912 à Ligny-le-Ribault (Loiret) de Gaston et Marie Boulage (charcutiers) ; marié et père d’un enfant.
Entré à la Préfecture de police de Paris en janvier 1936, Bernard Boulage fut affecté en qualité de gardien de la paix à Vincennes.
Le 31 août 1941, dans le contexte de l’Occupation allemande, il ne s’était pas présenté au service et entrait dans la clandestinité sans prévenir ; il fut révoqué dès le lendemain.
Il tentait avec un ami de contracter un engagement au sein de l’Armée d’Armistice pour se rendre en Afrique, sans y parvenir. Considéré comme déserteur, il fut arrêté et incarcéré quelques mois. Libéré en décembre, il rejoint l’Espagne en bâteau.
Le 16 mars 1942, il fut de nouveau arrêté à Bascarat, après avoir tenté de rejoindre l’Afrique du Nord via Marseille. Il fut incarcéré six mois dans les geôles locales, successivement à Gérone, Figueras, Barcelone, Saragosse, puis Miranda.
Il finissait par rejoindre Gibraltar le 6 juillet et embarquait quelques jours plus tard sur le Lanstephan Castle à destination de l’Angleterre. Il ralliait Greenock le 1er août et subissait le traditionnel passage à la Patriotic School, et rejoignait le Bureau Central de Renseignement et d’Action (BCRA).
Après plusieurs mois de formation, il fut parachuté en France en avril 1943 en Saône-et-Loire, chargé de la mission “Bir” par le Réseau “Action 1”, avec l’objectif de centraliser du renseignement dans la région, en créant un centre de recueil à Lyon.
Dans ce contexte, il accomplissait de nombreuses missions : mise en place de liaisons radio, organisation de parachutages, sabotages de voies ferrées. A la fin du mois de mai, il put passer quelques jours avec sa femme à Rodez, puis à Fontenay-sous-Bois et à Ligny.
Dans sa ville natale, il retrouvait un chef local de la Résistance, M. Masson, policier retraité de la Préfecture de police, et le chargeait de mission de renseignement. Il repartait en opérations à Mâcon, Dijon, Nice, Cannes, Marseille, avant d’être finalement intercepté à Lyon (voir circonstances).
Homologué sous-lieutenant des forces françaises libres (FFL) – Direction générale des études et recherches (DGER) ; mention “Mort pour la France” ; Croix de guerre avec palme ; mention “Mort en déportation” ; statut “Déporté, Interné de la Résistance” (DIR) ; médaille de la Résistance par l’ordre de la Libération (1958) ; réintégré et promu brigadier-chef de police à titre posthume.
Sources et références
Arch. SMAC PP, série KC, photo restaurée et colorisée sous licence
Fiche éponyme non créditée, site internet “Les amis de la Fondation de la Résistance”
Livre “Policier sous Vichy : obéir, résister ?” de Michel Salager, SLHP, page 257
Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 79375
Service historique de la Défense, Vincennes SHD/ GR 28 P 4 228 27
Service historique de la Défense, Caen SHD/ AC 21 P 625927
Service historique de la Défense, Vincennes SHD/ GR 28 P 2 290
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