Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Gardien de la paix

André PARADIS

Victime du Devoir le 10 juin 1949

Département

Rhône (69)

Affectation

Sécurité Publique — Lyon

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Forcené retranché, périple meurtrier

Tôt dans la matinée du vendredi 10 juin 1949, deux agents du poste de police du quartier Moncey dans le 3ème arrondissement de Lyon (Rhône), furent désignés pour appréhender Victor Del Grosso, vingt-six ans, peintre en bâtiment, lequel s’exhibait régulièrement entièrement nu aux fenêtres de son logement, au n°26 rue Paul-Bert.

Ce dernier ne répondait effectivement pas aux convocations suite aux nombreuses plaintes de ses voisins pour attentat à la pudeur.

Les agents interpellèrent sans incident le malandrin qui, à l’évidence, ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales. Escorté à pied jusqu’au commissariat, le dément profita d’une inattention pour prendre la fuite. Rattrapé dans la rue Villeroy, il exhiba un couteau à cran d’arrêt qu’il dissimulait, et frappa à la poitrine l’agent Metras, le blessant très grièvement. L’agent Bourdon se précipita revolver au poing, mais l’arme s’enraya. Il reçut un coup de couteau à la cuisse et s’écroula à son tour.

Del Grosso s’emparait des deux armes de poing des policiers, se coiffa d’un de leurs képis et prit la direction du pont de La Guillotière. Deux agents cyclistes le repéraient sur la Place du Pont et le confrontèrent ; ils furent aussitôt désignés avec les armes dérobées. Del Grosso tira et blessa grièvement au ventre l’agent Paradis ; puis il tira en direction de l’agent Colin sans l’atteindre et lui déroba son vélo. Il se débarrassait du képi volé et disparaissait trois heures durant lesquelles l’ensemble des agents disponibles à Lyon le recherchait.

Le forcené prit la direction des abattoirs de La Mouche (actuelle Halle Tony Garnier) où il avait ses habitudes, à savoir boire du sang de veau deux fois par semaine (!). Bien connu du personnel comme étant un illuminé notoire, le responsable avisa la sécurité à la vue des armes exhibées fièrement par le forcené, d’autant qu’il prétendait sans relâche être activement recherché en ville pour avoir dessoudé trois flics.

Alors que l’un des gardiens des abattoirs tentait de le raisonner, le forcené lui tira dessus à une reprise, le blessant à l’épaule. L’alerte fut donnée.

Constatant l’arrivée en nombre de véhicules de police, Del Grosso se réfugia dans les écuries vers la rue des Abattoirs (actuelle rue Challemel-Lacour) et tenta de se mêler aux bouchers et chevillards. Son attitude menaçante provoquait la fuite de nombreux clients présents dans les dédales des vastes et sombres bâtiments. Un brigadier du poste de La Charité finit par le découvrir dans l’angle d’un échaudoir et tira à trois reprises contre l’énergumène qui le braquait.

En réponse, Del Grosso vida ses chargeurs mais une rafale de pistolet-mitrailleur vint le faucher mortellement, et mit fin à son périple meurtrier.

Transporté à l’Hôtel-Dieu, le gardien de la paix cycliste André Paradis, vingt-six ans, fut déclaré décédé une heure après son arrivée aux urgences.

Biographie

Direction d'emploi

Sécurité Publique

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité de Voie Publique — Service Général

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Né le 7 octobre 1922 à Saint-Victor-Malescours (Haute-Loire). Marié, père d’un enfant.

Réfractaire au Service du Travail Obligatoire sous l’occupation allemande, il avait rejoint le maquis et combattu sur le front des Alpes avant d’entrer dans la Police Nationale, le 18 mai 1946. [2]

Il appartenait au 4e groupe cycliste des gardiens de la paix.

Médaille d’honneur de la police nationale décernée à titre posthume [3] ; son nom est gravé sur le monument commémoratif de la police de Lyon.

Sources et références

[1] Photograhie MemorialGenWeb, fiche n°366389- colorisée, sublimée via myheritage.fr/ [2] Société Lyonnaise d’Histoire de la Police, “Policier sous Vichy : obéir ou résister ?” page 330 — [3] paru au JORF du 21/06/1949 — Ce soir du 11/06/1949, “Bataille à la mitraillette dans les rues de Lyon”/ L’Aurore du 11/06/1949, “Le fou buveur de sang”

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