Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Inspecteur-chef P.R.E.

André BENOÎT

Victime du Devoir le 14 mars 1944

Département

Isère (38)

Affectation

Sécurité Publique — Grenoble

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Circonstances

Cause du décès

Assassinat, exécution ou extermination

Contexte

Guerre — Terrorisme

Le 22 septembre 1943, dans le contexte de l’Occupation allemande, André Benoît, inspecteur-chef de police régionale d’État de Grenoble (Isère) fut mis en état d’arrestation par les autorités allemandes pour menées subversives en faveur de mouvements de Résistance.

Interné à la prison Montluc, puis déporté par convoi depuis le complexe de Compiègne-Royallieu à destination du camp de concentration de Bergen-Belsen (Allemagne), il mourut le 14 mars 1944.

Biographie

Direction d'emploi

Sécurité Publique

Corps

Inspecteurs — Enquêteurs

Type d'unité

Unité d'Investigation et de Recherche

Titres et homologations

MPF - Mort pour la France

FFI - Forces Françaises de l'Intérieur (maquis, corps-francs,...)

DIR - Déporté, Interné de la Résistance

MED - Mort en Déportation

Né le 30 novembre 1900 à Saint-Jean-d’Hérans (Isère) de Séraphin Benoît et Marie Sarrazin.

Mention “Mort pour la France” ; homologué militaire des forces françaises de l’intérieur (FFI) ; statut “Déporté et Interné de la Résistance” (DIR) ; médaille de la Résistance (1959).

Sources et références

Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 48056

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  1. Honneur et respect éternel à tous ces héros qui étaient des justes !

  2. Mon grand père, Camille Lagrandeur, a travaillé comme Secrétaire aux côtés d’Arsène Poncey, son Chef de bureau au sein du Service des Anciens Combattants de la Préfecture de Police de Paris. Il s’agissait de la génération qui s’était farouchement battue au cours de la Première Guerre Mondiale et qui n’avait pas accepté la défaite de 1940 (j’ai ouï dire que mon grand père pleura contre un mur à la vue de son premier soldat allemand à Paris…).

    Il a appartenu au Groupe Valmy avec Poncey. Il parlait souvent d’une planque sous les toits dans le quartier du Trocadéro équipée d’un équipement radio et où il allait porter des messages à transmettre, de filières de prises en charge d’aviateurs anglais abattus afin de les réexpédier en Angleterre. En juillet 42, le Groupe fût informé du projet d’une rafle de Juifs à Paris (la rafle du Vel d’Hiv) et ils réussirent à obtenir à l’avance la liste des personnes qui devaient être arrêtées. En prenant des précautions, mon grand père et quelques uns de ses collègues allèrent prévenir les familles avant leur arrestation.

    Le jour de la rafle, les membres du Service furent réquisitionnés pour cette tâche abjecte et les membres du Groupe Valmy ne purent se dérober, leur absence ayant pu paraître suspecte et permettre de les identifier. Mon grand père et ses collègues frappèrent alors aux portes des appartements qu’ils avaient visités quelques jours plus tôt. Ils s’attendaient à trouver les lieux vides mais à leur grande stupéfaction, la plupart du temps les personnes averties étaient encore sur place. Les regards se croisèrent à nouveau…

    Les membres du réseau à contre coeur fûrent alors les acteurs et les témoins de scènes bouleversantes. Le Groupe continua ses activités clandestines jusqu’au 13 mars 1943. Ce jour là, mon grand père n’était pas rentré du travail. Mon père, 24 ans, jeune instituteur (il avait fait la Campagne de France de 40) se décida à aller se renseigner à la Préfecture. Lorsqu’il arriva sur place, il avisa un planton qui lui dit “Je veux bien vous laisser passer mais faites attention à vous, la Police allemande a investi les lieux !”

    Mon père monta les escaliers et tomba nez à nez avec des policiers français (!) portant chapeaux et cirés noirs qui prêtaient main forte à leurs collègues allemands. Ils l’agrippèrent “Qui êtes vous, vous ?” Mon père raconta le but de sa visite et aperçut soudain son propre père attaché avec d’autres collègues à un banc avec des menottes (Poncey était peut-être l’un d’entre eux ?). “Vous avez juste le droit de lui dire bonjour puis vous disparaissez !” lança l’homme au ciré noir. “T’inquiète pas, c’est un malentendu !” dit mon grand père. Tu parles ! Il devait disparaître pendant plusieurs mois. Il fût d’abord transféré à la Prison du Cherche Midi avec Poncey.

    Ma famille était dans une profonde angoisse. Personne ne savait ce que Camille était devenu. Une parente eût alors une idée ingénieuse ; elle décida de présenter un paquet de linge propre aux différentes prisons de Paris. Rien ! Il avait quitté le Cherche Midi. Elle essaya alors les prisons de banlieues. A la Prison de Fresnes, le paquet fût accepté ! La famille savait maintenant où il se trouvait. Mais Camille, isolé dans une cellule dans le quartier des condamnés à mort, s’attendait à être fusillé. Un matin, il entendit des pas et une rumeur dans le couloir. “C’en est fini de moi !” pensa-t-il. En fait, c’était la Gestapo allemande qui venait le chercher. Il fût conduit en voiture au 84 Avenue Foch, siège de la Gestapo pour y être interrogé. Attaché sur une chaise, un officier allemand qui ne parlait pas un mot de français le questionna avec l’aide d’une “souris grise” (secrétaire traductrice de l’armée allemande).

    Il lui montra des photos de résistants. “Vous le connaissez ?” “Non !” répondait mon grand père. Et à chaque réponse négative, il se prenait un violent coup au visage… Or parmi ces photos, il avait reconnu ses collègues du Groupe Valmy mais il résista à la torture et ne parla pas. Il fût reconduit à Fresnes. Les semaines passèrent. Poncey fût également incarcéré à Fresnes mais je ne me souviens pas que mon grand père l’y ait aperçu.

    Finalement, seul Arsène Poncey, le chef du Réseau fût déporté. Mon grand père et ses collègues fûrent placés en liberté surveillée. Rentré chez lui et craignant une perquisition, une des premières choses que fît Camille fût de se débarrasser d’un revolver qu’il cachait chez lui. Il alla discrètement le jeter dans la Seine. Le Réseau démantelé, Camille fût déclassé et envoyé dans un petit commissariat de banlieue. Quelques semaines plus tard, non sans courage après ce qu’il avait vécu, il rejoignit le Réseau Vengeance et participa au soulèvement de la Police parisienne d’août 44. Arsène Poncey mourût à Mauthausen. Après la Libération, mon grand père parlait d’une messe à Notre Dame en la mémoire d’Arsène Poncey à laquelle il participa, lui et ses anciens collègues du Groupe Valmy.

  3. Merci aux anciens résistants des forces de l’ordre ( mon père en faisait parti) ainsi qu’à tous les autres résistants.

  4. Heureusement que nous avons eu ces héros….sans qui la France ne serait pas la France….et nous par la même occasion !!
    Honneur et Respect !!🇲🇫

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