Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Gardien de la paix

Albert NEUFCOURT

Victime du Devoir le 31 août 1949

Département

Paris (75)

Affectation

Sécurité Publique (PP) — Paris 19ème

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Interpellation(s) d'individu(s)

Dans la soirée du mercredi 31 août 1949, trois individus s’engouffraient dans un taxi à hauteur de la Porte Saint-Martin à destination du de la Rue de Crimée à Paris (XIXe).

Le chauffeur immobilisa sa Renault Viva Grand-Sport dans cette rue déserte, près des voies ferrées. De manière préméditée, l’un des malfaiteurs au fort accent espagnol menaçait sous la menace d’une arme de poing la victime.

Le trio extorqua la recette journalière, puis l’un d’eux prit la place du conducteur avec l’intention de dérober le véhicule. Celui-ci qui refusait de démarrer après avoir calé.

Les bruits du démarreur finirent par attirer l’attention de deux agents de police de la brigade cycliste du commissariat de la rue de Tanger.

Alors qu’il se présenta côté conducteur, le gardien de la paix Albert Neufcourt, vingt-huit ans, fut mortellement blessé par deux tirs d’arme de poing. Son collègue était grièvement blessé après avoir riposté avec un modique Herstal 7,65mm.

La brigade criminelle découvrait dans le véhicule des indices abandonnés ; notamment un crocodile, jargon policier pour décrire le jeu de pinces dentelés reliées à un fil de fer utilisé par les voleurs d’autos pour permettre un contact électrique ; sa présence démontrait que les malfaiteurs étaient déterminés à dérober une automobile.

Les enquêteurs retrouvaient également un chargeur de sept cartouches de calibre 11,43mm, atypique des bandits locaux, et une serviette en cuir contenant des bidons d’eau et une gamelle contenant des restes de nourriture, synonyme de clandestinité.

Les opérations menées dans les milieux crapuleux de la Porte Saint-Martin et de la Villette pour tirer des informations restaient vaines.

Au cours de la soirée du 14 octobre suivant, de manière providentielle, deux motocyclistes de la préfecture de police prenaient en chasse une traction-avant montée par trois suspects sur le boulevard Sérurier.

Deux des occupants étaient interpellés, le troisième, en fuite, abandonna un Colt 45 calibre 11,43mm dans un buisson du Parc de la Butte du Chapeau-Rouge.

Le service de l’identité judiciaire établit avec certitude que l’arme avait servi à tuer l’agent Neufcourt.

Confrontés à un interrogatoire vigoureux, les suspects désignaient un certain Giuseppe Lovera, malfaiteur redoutable du gang des tractions-avants. Sorti prématurément de prison le 9 du mois à la suite de l’erreur d’un greffier, ce dernier était effectivement recherché pour meurtres et vols qualifiés par les parquets de Gênes et de Milan et attendait son extradition.

Le 23, Lovera fut arrêté à Marseille alors qu’il tentait de prendre clandestinement un bateau pour l’Espagne.

Tranféré à Paris à la brigade criminelle de la Police Judiciaire, Lovera reconnut son implication dans l’affaire du 14 octobre ; avoir été détenteur du Colt ; mais nia farouchement être le meurtrier de l’agent Neufcourt.

Il produisait un alibi indiscutable et indiquait s’être fait remettre l’arme par un membre de la Fédération Anarchiste Ibérique ; milieu avec lequel le truand entrenait des relations solides.

Les enquêteurs découvraient qu’en septembre, un certain Wenceslao Jiménez-Orive, vingt-six ans, avait remis le Colt 45 à Lovera lors d’un rendez-vous survenu dans un bar entre la porte Saint-Martin et la Porte-Saint-Denis.

Or, recherché dans le cadre de ses actions antifranquistes, Jiménez-Orive fut tué dans une opération de police à Barcelone le 9 janvier 1950.

Deux complices issus du milieu anarchiste espagnol furent identifiés : Rodolfo Benetto Ferrer, alors incarcéré à Barcelone pour menées subversives antifranquistes, inextradable ; et José Sotto-Suarez, trente-et-un ans.

Ce dernier fut reconnu formellement par le taxi comme l’individu l’ayant menacé avec une arme de poing.

Le 6 mars, interpellation de Sotto-Suarez dans un logement de Belleville. Il reconnut sa présence parmi le trio de malfaiteurs à l’origine du meurtre de l’agent Neufcourt, dont il se défend en l’imputant à Jiménez-Orive.

Il donnait une dimension politique au crime en arguant que la bande recherchait un véhicule puissant pour effectuer un transport d’armes de contrebande jusqu’à la frontière espagnole, au nom de la lutte contre le régime de Franco.

Le 4 février 1953, la cour d’assises de la Seine condamna Sotto-Suarez à dix ans de travaux forcés et à la déportation au bagne colonial pour complicité de vol qualifié suivi de meurtre et tentative de meurtre sur agents de la force publique.

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Encadrement — Application

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Croix de la Légion d'Honneur

Né le 24 avril 1921 à Paris (IVe) ; marié, père d’un enfant à naître ; demeurant 7 boulevard d’Algérie à Paris (XIXe)

Entré dans la police le 16 décembre 1943 et affecté le 16 novembre 1944 au commissariat de la rue de Tanger, Paris 19e – matricule 21339.

Cité à l’ordre de la nation ; nommé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur ; nommé brigadier des gardiens de la paix à titre posthume.

Inhumé au cimetière de Pantin parisien dans un caveau familial.

Sources et références

Crédit photo : Arch. PP SMAC, série KC ; restaurée et colorisée via myheritage.fr
Bulletin municipal officiel de la ville de Paris du 10/09/1949, “Obsèques du brigadier Neufcourt” — QUI ? du 12/09/1949, “Au martyrologue des gardiens la paix des gardiens de la paix […] — Le Monde du 05/02/1953, “Le meurtrier de l’agent Neufcourt et condamné à dix ans de bagne” — L’Intransigeant du 05/02/1953, “Le journal des faits divers : ont été condamnés” — L’Intransigeant du 07/03/1950, “L’assassinat de l’agent Neufcourt” — Ce Soir du 07/03/1950, “Arrêté hier soir à Belleville” — Combat du 07/03/1950, “Un revolver oublié a permis d’arrêter l’un des assassins de l’agent Neufcourt” — L’Intransigeant du 02/09/1949, “Trois bandits attaquent un chauffeur de taxi […]” — L’Aurore du 02/09/1949, “Trois suspects arrêtés ont été relâchés” —

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