Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Inspecteur principal
Albert DHALENNE
Victime du Devoir le 13 janvier 1942
Département
Hauts-de-Seine (92)
Affectation
Sécurité Publique (PP) — Clichy-la-Garenne
Circonstances
Cause du décès
Assassinat, exécution ou extermination
Contexte
Guerre — Terrorisme
Le 17 juillet 1941, dans le contexte de l’Occupation allemande et au terme d’une enquête établie sur la base d’une dénonciation, la police de sûreté d’État et services de sécurité du parti nazi (Sicherheitspolizei undicherheitsdienst, Si.po – SD) arrêta une douzaine de membres d’un mouvement de résistance gaulliste.
Parmi eux, Albert Dhalenne, quarante-cinq ans, inspecteur principal, et Émile Gaget, quarante-et-un ans, inspecteur spécial en fonction au commissariat de Clichy-la-Garenne (ex Seine).
Ce groupe dirigé par Pierre Fillol, avait organisé une filière de passage maritime en zone libre de prisonniers de guerre et de réfractaires recherchés, en leur fournissant de faux documents. Ces derniers étaient exfiltrés vers l’Angleterre, l’Espagne ou l’Afrique du Nord depuis La Rochelle, afin de rejoindre les forces françaises libres.
Incarcéré au quartier allemand de la prison de Fresnes, Dhalenne fut inculpé de « menées gaullistes » ; il comparut du 21 au 25 octobre 1941 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe).
Onze personnes étaient inculpées, cinq furent condamnés à mort dont Albert Dhalenne pour « activités favorables à l’ennemi », motivant sa décision en le décrivant comme « donnant l’impression énergique, forte de caractère et fanatique ». Dhalenne et Fillol furent passés par les armes au Mont-Valérien le 13 janvier 1942.
Gaget fut inculpé pour « aide à des clandestins, activités favorables à l’ennemi » et condamné à vingt ans de prison.
Mais le 21 janvier suivant, des résistants tirèrent sur un soldat allemand, le blessant grièvement, à Elbeuf (Seine-Maritime). En représailles, Émile Gaget fut passé par les armes le 14 février au Mont-Valérien.
Biographie
Direction d'emploi
Préfecture de Police
Corps
Inspecteurs — Enquêteurs
Type d'unité
Unité d'Investigation et de Recherche
Titres et homologations
MPF - Mort pour la France
RIF - Résistance Intérieure Française (création de mouvements et de réseaux)
DIR - Déporté, Interné de la Résistance
Citation à l'Ordre de la Nation
Croix de la Légion d'Honneur
Né le 26 juin 1896 à Saint-Josse-sur-Mer (Pas-de-Calais) de Florimond Dhalenne et Eugène Hispard ; époux de Marie Guénet, père de deux enfants.
Mobilisé le 10 avril 1915 au 73e régiment d’infanterie, soldat de 1re classe, il combattait jusqu’à l’armistice. Démobilisé le 10 juillet 1919 – Croix de guerre avec trois citations et de la Médaille militaire.
Albert Dhalenne fut employé au chemin de fer à titre militaire à compter du 12 février 1919, puis à titre civil après sa démobilisation jusqu’au 4 septembre 1920.
En 1921, il entra à la police municipale comme gardien de la paix à la préfecture de police à Saint-Ouen ; il fut nommé brigadier en 1928 ; puis inspecteur principal adjoint (brigadier-chef d’inspecteurs) à Nogent-sur-Marne en 1931.
En 1937, le commissaire de police de Clichy-la-Garenne le proposa, au choix, pour le grade d’inspecteur principal, avec la mention suivante : “Gradé d’élite et précieux, collaborateur d’un dévouement total, a su faire preuve des plus grandes qualités de tact et d’autorité dans maintes circonstances difficiles, a fréquemment assuré le commandement d’effectifs importants.”
Pendant l’exode de 1940, il vécut deux mois au 16 rue Madame-de-Sanzillon à Clichy-la-Garenne ; un local attenant appartenait à Ferrari, marchand de métaux, Albert Dhalenne commença à y entreposer des armes et des munitions.
Le commissaire René Cornec sans connaître le détail de l’activité résistante d’Albert Dhalenne le couvrait tacitement.
Il rejoignait l’Armée-Volontaire et le groupe Fillol dès le début de l’année 1941 ; mais son nom finit par être révélé par un bavard imprudent et exploité par un indicateur de la police allemande, ce qui entraina son arrestation à l’été 1941 (voir circonstances).
Mention “Mort Pour la France” ; homologué Adjudant au titre de la “Résistance Intérieure Française” ; homologué Adjudant des Forces Françaises Combattantes ; nommé au grade de Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur et nommé Officier de paix à titre posthume.
Sources et références
Journal officiel de la République française, 12 janvier 1949, p.19/64 (RIF) — Journal officiel de la République française, 2 janvier 1945, p.4/16 (LH) — Arch. Hauts-de-Seine, année 1942, acte de décès n°436. — Le Maitron des fusillés, article de Daniel Grason n°142944. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 183530 (RIF, DIR)
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