Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Devoir de Mémoire
Initié en 2012, le « Mémorial des Policiers français Victimes du Devoir » honore et perpétue la Mémoire des agents tués en intervention de police depuis l’an 1800. Fruit d’un méticuleux travail de recherche, il est au cœur de notre devoir de Mémoire.
Ce Mémorial met à disposition des visiteurs des centaines de récits relatant les circonstances du décès de chaque policier Victime du Devoir, afin qu’ils ne soient jamais oubliés.
Article R434-28 du Code de la sécurité intérieure – « La fonction de policier comporte des devoirs et implique des risques et des sujétions qui méritent le respect et la considération de tous. Gardien de la paix, éventuellement au péril de sa vie, le policier honore la mémoire de ceux qui ont péri dans l’exercice de missions de sécurité intérieure, victimes de leur devoir. »
Plus de 2200 agents de la Police nationale et des Polices municipales ont actuellement été recensés ; les recherches se poursuivent.
Victime du Devoir : critères de recensement
Victime du devoir est une distinction honorifique française attribuée à un membre de la fonction publique ou assimilé « tué à la suite d’un acte de dévouement accompli dans l’exercice de ses fonctions, d’une lutte soutenue dans les mêmes circonstances ou d’un attentat. »
Initiée sous la Troisième République par la Préfecture de police pour honorer les agents morts en service, elle s’accompagnait d’avantages matériels et symboliques, comme la dotation de fonds spécifiques destinés aux familles endeuillées, et un protocole pour la prise en charge d’obsèques officielles publiques, dont le rituel semblait susciter un réel émoi dans la population parisienne.
De nos jours, elle est subordonnée à la citation à l’ordre de la Nation parue au Journal Officiel de République française depuis la création de ce titre honorifique en 1917.
Cependant, tous les policiers tués en service n’ont pas systématiquement obtenu cette qualité. Au début du XXème siècle, dans une approche soucieuse de saluer la bravoure de ceux qui en avaient fait preuve, et probablement pour ne pas compromettre les finances de la ville, le conseil municipal de Paris et le préfet de police écartaient les agents victimes d’accidents.
De plus, les notions d’acte de « dévouement », de « devoir » ou la définition du cadre de « l’exercice de ses fonctions » seraient interprétées différemment selon les troubles de l’Histoire, et le contexte politique ou social.
Quid d’un agent tué par des manœuvres de la Résistance Intérieure Française sous l’occupation, que rien ne distinguait d’un crime de droit commun (ex. Lecureuil, 1942) ? D’un agent oeuvrant clandestinement pour la Résistance, fusillé comme traitre par le régime de Vichy dit État français, et écarté légalement des honneurs (Dhalenne, 1942) ? D’un agent tué dans un acte de courage manifeste, mais en dehors de ses heures de service (ex. Nicotra, 2003) ? D’un agent renversé accidentellement par un véhicule, alors qu’il se trouve en faction devant un bâtiment officiel (ex. Greze, 1988) ?
Ce mémorial recense les policiers morts en service au sens de l’article 27-20 du règlement intérieur de la Police Nationale ci-dessous.
Article 27-20 du règlement intérieur de la police nationale
Le fonctionnaire est considéré en service :
- a – entre l’heure de la prise et celle de la levée du service y compris les pauses, sauf dans le cas où il s’absenterait sans autorisation pendant les heures où il est tenu d’exercer ses fonctions ;
- b – lorsqu’il se rend à son service ou en revient directement
- c – lorsque, même en civil, il intervient sur réquisition ou d’office dans une affaire pour laquelle son intervention serait obligatoire s’il était en uniforme;
- d – dans toutes les circonstances où il accomplit, quel que soit le lieu, un acte de courage ou de dévouement.
Dans tous les autres cas, le fonctionnaire est considéré hors service.
Causes de décès recensées
- La mention « Accident de tir à l’entraînement ou en opération » est définie comme un incident au cours duquel un agent est victime d’un tir accidentel ou non intentionnel d’une arme à feu par l’agent victime ou un autre agent ; ou est mortellement blessé à la suite d’un tir ami lors d’une fusillade impliquant un ou plusieurs suspects et un ou plusieurs autres agents.
- La mention « Accident de la circulation » recense les accidents de voie publique, de trajet, aériens ou navals survenus pendant le service.
- La mention « Accident hors-circulation » recense les décès survenus pendant le service à l’occasion d’une chute, d’une explosion, d’un incendie, d’une noyade, ou résultant d’un acte involontaire.
- La mention « Assassinat, exécution ou extermination » recense les homicides volontaires avec préméditation, en raison de la qualité de policier de l’agent victime, au motif non crapuleux ; les homicides extra-judiciaires, sommaires ou arbitraires survenus en temps de guerre ; les homicides contextuels relevant des crimes contre l’Humanité (morts en déportation)
- La mention « Engin ou projectile explosifs » recense les décès résultant d’une explosion accidentelle ou déclenchée d’engin explosif artisanal, improvisé ou de circonstance
- La mention « Homicide par arme à feu » recense les homicides volontaires résultant d’une confrontation avec un ou plusieurs malfaiteurs. Elle n’intègre pas les accidents de tirs en opération ou à l’entrainement.
- La mention « Homicide avec arme par destination » recense les homicides volontaires résultant de l’usage d’un objet détourné en arme improvisée (véhicule, projectile, outil, ustensile, etc)
- La mention « Homicide par arme blanche » recense les homicides volontaires résultant de l’usage d’une arme tranchante, perforante ou brisante dont la mise en œuvre n’est due qu’à la force humaine ou à un mécanisme auquel elle a été transmise.
- La mention « Maladie ou blessure contractées à l’occasion du service » recense les morts dites naturelles (infarctus du myocarde, anévrisme cérébral, etc.) ; les décès des suites d’une maladie ou blessure dont l’origine est imputable au service.
Exemples de scénarios : lutte avec un suspect ; poursuite d’un suspect ; formation requise ; toute autre activité nécessitant un effort physique ou « non routinier » pendant le service ; contraction d’une maladie ou d’une maladie infectieuse aéroportée ou transmissible par le sang telle que COVID-19, hépatite, VIH/SIDA, etc ; contraction d’une infection ou d’une maladie à la suite d’une maladie liée au service ; décès des suites de blessures antérieures résultant d’un acte criminel ou d’une cause accidentelle subi à tout moment alors qu’il était en service avant la date réelle du décès.
Causes de décès non recensées
Tout agent des forces de l’ordre dont le décès répond à l’une des conditions suivantes ne pourra être inscrit sur le mémorial :
- Accident de voie publique ou domestique, où l’agent n’est impliqué dans aucun type d’activité liée au service.
- Décès causés par l’intention de l’agent de provoquer sa propre mort, exceptés les suicides reconnus par les tribunaux administratifs comme « accidents de service ». Merci de votre compréhension.
- Décès provoqués par l’inconduite intentionnelle de l’agent ou sans rapport avec sa fonction ; ex: usages de drogues, drames intra-familiaux, collaborationnisme sous l’occupation allemande,…