Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Sous-Brigadier — Gardien

Claude MARTY

Victime du Devoir le 23 août 1988

Département

Pyrénées-Orientales (66)

Affectation

Sécurité Publique — Perpignan

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Interpellation(s) d'individu(s)

Au cours de la matinée du mardi 23 Août 1988, deux malfaiteurs entraient dans la bijouterie Paulignan, rue des Augustins à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Déterminés à financer leur cavale, Alain Raspaut, vingt-neuf ans et Pascal Castillo, vingt-sept ans, avaient effectivement profité d’une permission de sortie pour s’évader de la maison d’arrêt de Lannemezan, où ils étaient incarcérés pour vols qualifiés.

Munis d’armes de poings et d’une grenade offensive, ils menacèrent aussitôt le gérant, lequel était accompagné d’une employée. Le premier se retrouva pieds et poings liés tandis que la jeune femme fut intimée d’aider les braqueurs à mettre les bijoux dans des sacs. Bien que apeurée, elle prévenait par des signes équivoques une riveraine, laquelle alerta aussitôt police-secours. Deux policiers se présentaient sur place.

Arme au poing, le sous-brigadier Claude Marty, quarante-trois ans, maitrisa Castillo alors que celui-ci quittait la bijouterie. Le policier très expérimenté lui fit lever les bras, procéda à une palpation de sécurité et découvrit un pistolet calibre 9mm dissimulé dans la ceinture.

Ce fut à cet instant que Raspaut surgit et tira avec un pistolet calibre 7,65mm. Frappé par trois projectiles, le policier s’écroulait, tué net.

Son équipier fut à son tour grièvement blessé au ventre par le même tireur.

Dans le même temps, deux policiers motocyclistes arrivèrent sur place, et furent aussitôt pris pour cibles. Nouvelle fusillade ; Castillo fut blessé à la tête. Les deux agents étaient grièvement blessés par balles, ainsi qu’un employé de mairie assistant à la scène.

Contraint de retourner dans le magasin après s’être emparé de l’arme du policier tué, Raspaut était pris au piège. Il retint en otage l’employée et s’enfuyait dans une impasse en brandissant sa grenade. Blessé par des tirs de policiers arrivés en renfort, Raspaut fut maitrisé.

L’enquête établit que Castillo avait été condamné à six ans de détention criminelle pour vol qualifié ; il n’avait pas regagné la maison d’arrêt depuis le mois de mars. Raspaut avait été condamné à une peine de dix ans de réclusion prononcée en 1985 pour vol aggravé ; il n’avait pas reparu à la maison d’arrêt à l’issue d’une permission obtenue en juillet.

Le 2 Septembre suivant, le gardien de la paix motocycliste Marc Pierre, trente-six ans, succombait.

Le 14 février 1992, la cour d’assises des Pyrénées-Orientales condamna Raspaut à la réclusion criminelle dite à perpétuité ; peine assortie de 20 ans incompressibles pour les meurtres des deux policiers. Castillo écopait de 20 ans de réclusion criminelle.

Le 6 Août 2003, alors qu’il avait été libéré trois ans plus tôt, le corps de Castillo fut découvert gisant dans une armoire métallique, flottant dans les eaux d’une mine désaffectée de Cazouls-lès-Béziers ; exécuté de deux balles de 7,65mm. Élucidé, ce meurtre est imputé à deux anciens complices dans le contexte d’un trafic de stupéfiants.

Le 3 Avril 2012, Raspaut bénéficiait d’une libération conditionnelle et fut de nouveau interpellé à Malaga (Espagne) en 2015, comme l’instigateur d’un enlèvement avec séquestration d’un homme d’affaires. Le 3 juillet 2020, il était de nouveau condamné par la cour d’assises de Charente à la réclusion criminelle dite à perpétuité.

Biographie

Direction d'emploi

Sécurité Publique

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité de Voie Publique — Service Général

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Né le 28 mai 1945 à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) ; marié, père de deux enfants.

Entré dans la police en 1969, il était un ancien membre du groupe d’intervention de la police nationale de Toulouse (Haute-Garonne).

Sources et références

BODMR n° 07 du 22/07/1989 — BODMR n° 01 du 11/02/1989 — Fichier des personnes décédées en France, 1970-2019 — Le Monde du 24/08/1988, “A Perpignan, un policier tué par des malfaiteurs” — Le Monde du 25/08/1988, “L’attaque à main armée d’une bijouterie à Perpignan […] — “L’indépendant du 16/09/2015, “Le film du braquage sanglant de Perpignan”

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  1. “Quand j’ai appris qu’Alain Raspaut avait été arrêté, j’ai trouvé cela écœurant. Cette justice laxiste qui s’effondre complètement c’est lamentable. Je n’ai jamais été partisan de la peine de mort mais il faut abolir le droit de tuer exercé par ces assassins. On tombe dans la commisération et le pardon. Il faut des peines exemplaires. On ne demande pas à le tuer. Je ne l’ai pas fait quand on l’a arrêté. Car je ne suis pas un tueur.”

    “Je rentrais au bureau. J’ai entendu la sirène. C’était que des coups de feu avaient été tirés. Je prends une voiture, je fonce à la bijouterie et je me retrouve avec Claude Marty effondré, mort, contre la vitrine, à côté un individu à terre menotté, en face trois collègues blessés et Marc Pierre touché à la carotide, avec le sang qui giclait. Je crois lui avoir mis un appui-tête de voiture sous la tête pensant que ça irait mieux. Un collègue m’a dit : Il (Raspaut) est parti dans la ruelle et je me suis retrouvé au bout de l’impasse avec un divisionnaire, Henry Mas, et un policier auxiliaire, très courageux. Ils avaient déjà maîtrisé Raspaut au sol qui avait pris deux balles dans la poitrine.”

    “Il hurlait : ‘Vous m’avez tiré dessus comme un lapin !’. Et là, c’était la panique totale. On ne sait plus quoi faire. On hurle à la radio. On essaye de faire des constatations avec les moyens du bord, c’est à dire : rien. Tout va très vite. Tout s’embrouille. Raspaut était très agressif. C’est un tueur, je l’ai toujours dit et je le hurlerai s’il le faut. Il a la haine du flic.”

    “Ça faisait des années que je me disais que ce sale type allait sortir de prison. Même à la retraite, je me renseignais et il y a quelque temps j’ai perdu sa trace. On n’arrive pas à savoir quand il est vraiment sorti de prison. J’étais persuadé qu’il allait recommencer. J’ai compté pour lui le nombre d’années, de mois et de jours jusqu’à l’ultime seconde qui le séparait de sa libération. Cela devait arriver ? Non ! Cela n’aurait jamais dû arriver ! Oublier c’est se perdre. C’est pour cela que je commémore cette tragédie.

    Parce que je l’ai vécu. Parce que j’étais délégué des orphelins de la police et parce que, sans esprit de revanche, il faut continuer à résister.

    Raspaut n’a jamais exprimé le moindre regret. En réponse, il fallait être là, encore debout et affronter la mort .”

    Source : L’indépendant (propos rapportés par l’administrateur pour mémoire)

  2. Bonjour nous étions en vacances à Canet plage.
    Nous sommes passés vous faire les condoléances.
    Nous nous sommes revu à Menton en 1990.
    Le temps passe vite. DIAS

  3. Je travaillais avec mon ami Claude Marty au commissariat de Perpignan, nous étions au poste de police de la place Molière en Brigade de Jour. Ce jour du 23 août 1988 je ne travaillais pas.. Claude était mon ami, nous habitions à St Estève, nous faisions les trajets ensembles pour nous rendre au travail.

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