Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Brigadier
Patrick FILLON
Victime du Devoir le 19 février 1997
Département
Rhône (69)
Affectation
Sécurité Publique — Lyon
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme à feu
Contexte
Interpellation(s) d'individu(s)
Au cours de l’après-midi du mercredi 19 février 1997, un malfaiteur armé de deux pistolets automatiques exécutait deux braquages dans des établissements bancaires du nord de l’agglomération lyonnaise.
Selon le même mode opératoire, Jean-Pascal Aldrovandi, trente-deux ans, entrait à visage découvert, menaçait les employés avec une arme de poing, et se faisait remettre les fonds, ainsi que les vidéos de surveillance.
Décrit par des témoins comme surexcité, traqué, Aldrovandi volait par car-jacking près d’une dizaine de véhicules pour tenter de masquer sa fuite, en allant jusqu’à faire feu sur leurs occupants.
Dans la soirée, une automobiliste contactait police-secours et informait l’opérateur qu’elle venait de se faire dérober sous la menace d’une arme de poing son véhicule Peugeot 205.
Alors qu’ils circulaient dans le vieux Lyon, deux policiers motocyclistes repéraient le malfaiteur et procédaient au suivi du véhicule volé.
Déterminé à ne pas se laisser prendre, Aldrovandi prit tous les risques au point de s’engager à contresens de circulation sur le Quai Fulchiron, où il finit par s’encastrer dans plusieurs véhicules en stationnement.
Il n’hésitait pas à tirer pour couvrir sa fuite. Les motards confrontèrent le braqueur tandis qu’il menaçait le conducteur d’un véhicule en circulation. Il tirait à une douzaine de reprises sur les policiers.
Le brigadier de police Patrick Fillon, trente-six ans, fut frappé mortellement par trois projectiles à la poitrine. Le gardien de la paix Didier Cottin, vingt-neuf ans, était grièvement blessé à l’épaule.
Ce dernier parvenait néanmoins à neutraliser le forcené avec l’assistance de Pierre-Jean Faure, capitaine de police à la brigade de répression des actions violentes, domicilié à proximité.
L’enquête démontra que Aldrovandi avait déjà été condamné à quatre reprises pour des actes de grand banditisme en 1986 et 1993, il était recherché depuis plusieurs mois pour avoir ouvert le feu sur des gendarmes et des douaniers en Gironde.
En outre le service régional de la police judiciaire de Montpellier le soupçonnait d’avoir fomenté quelques mois plus tôt un hold-up commis dans l’Hérault, où deux gendarmes avaient été blessés par balles.
Le 31 mai 2002, Aldrovandi fut condamné en appel à la réclusion criminelle dite à perpétuité par la Cour d’Assises de Grenoble ; peine assortie d’une mesure de sûreté de quinze ans.
Le 27 février 2008, il fut retrouvé mort dans sa cellule, au centre de détention de Muret en Haute-Garonne.
Biographie
Direction d'emploi
Sécurité Publique
Corps
Encadrement — Application
Type d'unité
Unité de l'Ordre Public — Sécurité Routière
Spécialité
Unité Motocycliste
Titres et homologations
Citation à l'Ordre de la Nation
Croix de la Légion d'Honneur
Né le 10 juillet 1961 à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) ; marié et père de deux enfants.
Entré dans l’administration le 3 mars 1982 à l’école de police de Troyes, Patrick Fillon obtenait un premier poste à la Préfecture de police dans le 13e arrdt de Paris.
Désireux de retourner auprès de ses proches près de Quincieux dans l’Ain, où il a passé son adolescence, il fut muté à sa demande à Lyon le 1er mai 1985 ; et affecté à la caserne Molière à la 3e compagnie territoriale.
Passionné des sports mécaniques et plus particulièrement de moto, à l’issue d’un stage pratique réalisé au CIAPN de Sens, il fut affecté à la formation motocycliste urbaine de Lyon.
Cité à l’ordre de la Nation [1] ; nommé Lieutenant de police à titre posthume ; nommé au grade de Chevalier de la légion d’honneur [2] ; médaille d’or des actes de courage et de dévouement.
Le Capitaine Pierre-Jean Faure et le gardien de la paix Didier Cottin reçoivent la médaille d’argent.
En juin 2014, l’espace foyer de l’hôtel de police de Montluc à Lyon est baptisé Lieutenant Patrick Fillon et une plaque commémorative y est apposée.
Sources et références
BODMR n° 06 du 19/04/1997
[1] JORF n°57 du 8 mars 1997 page 3695 — — [2] JORF n°166 du 19 juillet 1997 page 10844 — Société lyonnaise d’histoire de la police – Michel Salager
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Collègue exemplaire que je n’oublierai jamais. Quel choc ce fut pour la compagnie et tous les collègues. Pensées pour sa famille que je connaissais.
A Dieu Patrick
“Un homme, un flic”
Je ne suis qu’un homme. Un homme ordinaire, à qui l’on demande des choses peu ordinaires. C’est mon choix. Il faut avoir la foi ; la foi en ce métier ; celui de policier.
J’ai tire plusieurs fois. “Pourquoi ?” demande l’enquête. Pour tuer, peut-être. Non, pour sauver des vies ; quel paradoxe.
Tirer, pourquoi ? Pour survivre, vivre, vieillir, mais surtout ne pas mourir.
Je ne suis qu’un homme. La peur ne m’a pas fait signe ; le courage a répondu présent. L’inconscience peut-être…
Il y a mon gilet, ce fameux pare balles, mon bouclier personnel, mon cadeau de noël ; pour une envie de vivre et ne pas disparaitre.
Vivre ou mourir, peut on choisir ? Le cœur peut avoir ses raisons, que le cerveau rejette en négation.
Vises, tires et n’oublies jamais, la peur n’est que le désir de la mort.
Je tire ; le bruit, les flammes, mon cœur devient barillet, les coups de feu ses battements.
Lui, ce truand sans scrupule ; ou moi cet homme policier. Tirer, pourquoi ?
Pour survivre, vivre, vieillir ; mais surtout ne pas mourir.
Je ne suis qu’un homme. Je suis une arme sous un ciel vide d’éternité.
Quelle brûlure, cette balle qui déchire mon corps ; vilaine blessure.
Vivre, je n’en suis plus très sûr. Je dois l’arrêter, le blesser, le tuer.
Si je tombe ici bas, je ne verrai plus le sourire de mes enfants.
Je suis policier ou tueur. La balle a décidé du sort qu’il a choisi, et du sort qui m’est imposé.
Il s’écroule, c’est fini. Fini pour qui ? Patrick, je réponds à tes appels.
Au moment où tout s’arrête, ton cœur aussi s’arrête ; nous sortons de l’enfer et tu pars seul au paradis, dans un lit de douceur.
A moi toute cette douleur. Tirer, pourquoi ? Pour survivre, vivre, vieillir mais surtout ne pas mourir.
Je ne suis qu’un homme, et j’ai mal ; mal dans ma chair ; mal dans mon cœur.
On me dit héros. Je crie c’est faux. Un héros sauve des vies, et toi dans mes bras tu es parti.
Je ne sais pas encore qu’après ce bain de sang, ma vie prendra un autre élan.
Je suis ton messager pour faire porter un gilet.
Tu es présent pour sauver des vies ; les policiers t’en remercient.
Tirer, pourquoi ? Pour survivre, vivre, vieillir. Ne pas tuer ; tel est mon métier.
Didier Cottin
Je n’oublierai jamais ce jour là où j’ai vu de mon balcon la 205 traverser notre parc privé. J’ai appris dans la soirée aux infos , que le criminel avait fini sa course à pied puis braqué un automobiliste dans la montée de Champagne .Puis l’horreur …..mon mari était gardien de la paix également et je me souviens d’avoir eu ce sentiment de colère et d’amertume . Je pense encore à sa famille.