Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Sergent de ville
Théophile LANCELLE
Victime du Devoir le 14 novembre 1910
Département
Seine-St-Denis (93)
Affectation
Police Municipale (PP) — Aubervilliers
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme à feu
Contexte
Interpellation(s) d'individu(s)
Dans la nuit de dimanche au lundi 14 Novembre 1910, deux agents de police quittaient dans leurs tenues d’uniforme le commissariat central de la rue du Midi à Aubervilliers (ex Seine ; Seine-Saint-Denis) pour patrouiller dans le quartier des Quatre-Chemins sous une pluie battante.
Chemin faisant, ils furent requis par un septuagénaire se plaignant d’avoir été agressé sous la menace d’une arme de poing par un certain Senor, dans le Café Rizzi. Ce débit de vins de la rue Sadi-Carnot était réputé pour être un repère de rôdeurs.
Les agents constataient que le tenancier ne respectait pas l’arrêté de fermeture réglementaire. Alors qu’ils tentaient d’entrer, la porte fut maintenue fermée de l’intérieur et ils firent l’objet de quolibets.
Expérimentés, ils empruntaient alors la Rue de la Goutte-d’Or et décidaient d’attendre la sortie des consommateurs par un autre accès, depuis une cour intérieure.
Quelques instants plus tard, deux silhouettes quittaient effectivement le bar par la cour intérieure. Alors que les policiers se plaçaient en opposition, armes au poings, l’un des suspects fit feu à plusieurs reprises dans leur direction.
Frappé par un projectile à la poitrine, le sergent de ville Théophile Lancelle, vingt-sept ans, s’écroulait inconscient ; son collègue ripostait à deux reprises sans atteindre le tireur.
Le policier blessé fut transporté dans une pharmacie attenante, où il succombait rapidement. Son corps fut transporté au domicile conjugal, où son décès fut constaté.
Avisé des faits, le commissaire de police d’Aubervilliers, M. Laurent, accompagné de renfort, se rendit au 94 Rue de la Goutte-d’Or, au domicile des frères Sennore, alors dénoncés par le gérant du café.
Les policiers n’y trouvaient que Dominique, ce dernier arguant que ses deux frères Étienne et Ange n’avaient pas paru de toute la soirée. Les recherches se poursuivirent sans succès.
Vers trois heures du matin, M. Hamard, chef de la Sûreté de permanence au Quai des Orfèvres, fut averti par le chef de poste que le meurtrier préumé venait de se constituer prisonnier. Lors de son interrogatoire, Étienne Sennore, vingt ans, paveur de métier, déclarait au policier avoir pris peur en voyant les agents armés et tiré le premier de peur d’être abattu sans autre forme de procès.
Le 21 mai 1911, la cour d’assises de la Seine condamnait Sennore à une peine de 15 ans de travaux forcés pour violences et voies de faits ayant entrainé la mort à agent de la force publique. Le jury avait tenu compte de circonstances atténuantes : jeune ouvrier bien noté, l’accusé n’avait jusqu’alors aucun antécédent judiciaire.
Le 3 avril 1925, Sennore parvint à s’évader de la colonie pénitentiaire de Cayenne en Guyane Française où il était détenu depuis près de quinze ans, pour ne plus jamais reparaitre.
Biographie
Direction d'emploi
Préfecture de Police
Corps
Encadrement — Application
Né le 2 juillet 1883 à Cambrai (Nord) de Alfred Lancelle et Mélanie Happe ; époux de Angella Santerre, un enfant. Domicilié Rue Guyard-Delalain, n°4 à Aubervilliers.
Engagé volontaire le 8 mai 1903, Théophile Lancelle incorporait pour cinq ans le régiment de sapeurs-pompiers de la ville de Paris et fut libéré de ses obligations avec le grade de sapeur-pompier de 1ère classe.
Entré à la Préfecture de police le 15 juin 1908, en qualité de sergent de ville des communes suburbaines de la Seine, il fut, en cette qualité, attaché au commissariat de la circonscription d’Aubervilliers.
D’un caractère énergique et courageux, Théophile Lancelle se recommandait par sa manière de servir ; il fut inhumé au cimetière de Saint-Géry, dans sa ville natale.
Photographie originale sublimée et colorisée.
Sources et références
Le Petit Parisien du 22/03/1911 “Sennorre devant le jury” — L’Ouest-Eclair du 22/03/1911, “Le meurtrier d’un agent en cour d’assises” — La Lanterne du 16/11/1910, “Un agent assassiné” — Le Petit Journal du 15/11/1910 “Un agent de police tué à Aubervilliers”
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