Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Sergent de ville
Félix PÉRIN
Victime du Devoir le 10 février 1911
Département
Val-de-Marne (94)
Affectation
Police Municipale (PP) — Joinville-le-Pont
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme à feu
Contexte
Interpellation(s) d'individu(s)
Au cours de la nuit du jeudi au vendredi 10 février 1911, deux agents cyclistes du commissariat de Joinville-le-Pont (ex Seine ; Val-de-Marne) furent sollicités par un marchand de vins de Champigny, secteur de leur ressort.
Il informait les policiers qu’il venait d’être victime de deux escrocs munis de fausse monnaie, et lesquels ont pris la fuite avec des bicyclettes. Munis du signalement précis des gredins, les agents n’effectuèrent qu’un kilomètre lorsqu’ils trouvèrent les deux bicyclettes rangées près d’un autre débit de vins.
Ils surprenaient deux consommateurs en proie à une soudaine nervosité ; l’un d’eux avait un bec de lièvre, un signe distinctif révélé par leur victime.
Emmenés à la caserne de gendarmerie locale non sans de véhémentes protestations, on procéda à leur fouille. Fidèle Solet, trente-cinq ans, verrier domicilié à Pantin, et fut trouvé en possession d’une somme de six-cents francs en billets de banque, de bijoux, et de reconnaissances du Mont-de-Piété. Les gendarmes découvraient avec stupeur une arme de poing prête à faire feu.
De son côté, dans un bureau annexe, Maxime Decoué, trente ans, électricien demeurant à Aubervilliers, sortit lui même la fausse monnaie de sa poche, aussitôt examinée par le policier intervenant.
Decoué profita de l’inattention, exhiba un pistolet et tira à bout touchant sur le sergent de ville Félix Périn, trente-neuf ans, tué net. Aussitôt cerné, le meurtrier déterminé retourna l’arme dans sa bouche et se fit justice lui-même.
Le drame trouvait un rapide écho dans la paisible petite commune de Champigny. Un attroupement de riverains écoeurés se forma devant la caserne, tel qu’il empêchait la circulation du tramway.
Un service d’ordre fut improvisé pour empêcher ces derniers d’investir la petite caserne et, comme ils le réclamaient, de mettre à mort le second suspect toujours bien gardé.
Le commissaire de Joinville-le-Pont, M. Montsarrat, fut dépêché sur place avec son secrétaire, M. Gautier. Très affecté, le commissaire fit transporté le corps du sergent de ville Périn, très estimé du service, jusque dans son bureau personnel, transformé en chapelle ardente afin que son épouse puisse s’y recueillir avec ses enfants âgés de quinze et douze ans.
La perquisition menée au domicile de Solet amena à la découverte d’un lot de vingt-huit fausses pièces de cinq francs et d’un revolver américain.
Chez Decoué, on découvrait encore une somme de quatre-cents francs en or, et soixante-quatre francs en argent, ainsi que plusieurs lots de brochures anarchistes.
L’enquête établit que Decoué, fils d’une famille aisée du Maine-et-Loire, était déjà frappé de plusieurs condamnations pour vols, outrages, escroqueries, émissions de fausse-monnaie ou encore détention d’explosifs pour le compte de menées subversives anarchistes, dont il fréquentait assidument les réseaux de Montmartre.
Il avait fait la rencontre de Solet dans un bar de la capitale quelques mois plus tôt et ensemble écoulaient de la fausse monnaie pour leurs soirées d’ivresses.
Le 11 juillet 1911, la cour d’assises de Seine acquittait Solet du chef d’émission de fausse monnaie et le condamna à six mois de prison ferme pour port d’arme prohibé.
Biographie
Direction d'emploi
Préfecture de Police
Corps
Encadrement — Application
Né le 30 août 1871 à Paris (XVe) de Nicolas Périn et Marie Bergeret ; époux de Emilie Bédiguain ; père deux enfants. Sa famille habitait dans une conciergerie à Neuilly-sur-Seine, mais tenu d’avoir un logement sur la circonscription où il officiait, le policier occupait un logement au N°47 de la Rue de Paris, à Joinville-le-pont.
Ancien enfant de troupe, engagé volontaire au 24e régiment de ligne, du 30 août 1889 a” 30 août 1894. Libéré à cette dernière date, avec le grade de sergent et le brevet de moniteur de gymnastique.
Entré à la Préfecture de police le 1er avril 1895, il fut successivement attaché, en qualité de sergent de ville, aux commissariats des circonscriptions de Charenton-le-Pont, Neuilly-sur-Seine, Clichy et Joinville-le Pont.
Expérimenté, courageux et agile, il faisait le service d’agent cycliste.
Les restes du sergent de ville Périn furent inhumés le 13 février suivant, au cimetière d’Ivry (Parisien), dans une concession perpétuelle accordée par le Conseil général de la Seine.
A la suite de son décès, le conseiller général de la Seine Henri Galli pressait officiellement le ministre de l’intérieur pour l’assimilation des gardiens de la paix de la préfecture de police aux sergents de ville de banlieue parisienne, dont le traitement est inférieur et les conditions de recrutement moins sévères.
Sources et références
Arch. Dép Val-de-Marne, Champigny-sur-Marne, année 1911, acte de décès N°36.
Conseil municipal de la ville de Paris, rapports et documents, année 1913, page 156
Le Petit Journal du 11/02/1911, “Un agent tué par un faux-monnayeur à Champigny”
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