Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Commissaire

Louis François JOUIN

Victime du Devoir le 24 avril 1912

Département

Paris (75)

Affectation

Police Municipale (PP) — Paris - Service de la Sûreté

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Interpellation(s) d'individu(s)

Dans la matinée du mercredi 24 Avril 1912, le service de sûreté de la Préfecture de police perquisitionnait une bâtisse de deux étages, sises au N°63 Rue de Paris, quartier du Petit-Ivry à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne).

Les policiers exploitaient l’environnement d’un suspect en lien avec les derniers membres encore en fuite d’une bande d’anarchistes violents, connue du grand public sous le nom de la bande à Bonnot.

Défrayant les chroniques depuis plusieurs mois, auteurs de plusieurs vols accompagnés ou suivis de meurtres sordides, ces truands mobiles et organisés commettaient leurs forfaits crapuleux au volant de puissantes automobiles de luxe pour échapper aux forces de l’ordre, démunies face à cette méthode peu conventionnelle.

En outre, les bandits n’hésitaient pas à tirer sur la foule pour couvrir leur fuite. Deux mois plus tôt, un agent de police fut abattu lâchement dans la capitale bondée alors qu’il venait d’intercepter les malfaiteurs dans une auto volée.

Le concierge ne s’opposa pas aux cinq policiers, et déclarait qu’aucun locataire n’était présent. Les policiers entrèrent dans une chambre du premier étage, dans une obscurité presque complète ; un guet-apens.

Dissimulé et prêt à riposter, Bonnot tirait et tuait net le commissaire Louis François Jouin, quarante ans, sous-chef de la sûreté. Il blessait également l’inspecteur Colmar qui se tenait à ses côtés.

Bonnot prenait la fuite, mais il fut cerné et tué cinq jours plus tard avec deux complices dans une intense fusillade à Choisy-le-Roi, réfugiés chez un sympathisant anarchiste. Un siège qui dura plusieurs heures, et qui se conclua par l’emploi de dynamite.

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Conception — Direction

Né le 20 octobre 1871 à Paris (Ve) de Pierre Jouin et Joséphine Féron ; époux de Jeanne Bazard, père d’un enfant. Inhumé au cimetière du Montparnasse.

Commissaire de police de la ville de Paris, sous-chef au service de sûreté, Louis François Jouin fut engagé volontaire le 9 février 1891, au 2° régiment de zouaves, en garnison à Oran, et libéré le 9 février 1895 avec le grade de sergent.

Admis dans le personnel de la Préfecture de police, le 16 juillet 1895, comme inspecteur au service administratif de la direction générale des recherches, il devint, le 1er juillet 1898, secrétaire suppléant près les commissariats de police et, l’année suivante, secrétaire titulaire. Il Passa successivement, en cette qualité, aux commissariats de Puteaux, de Pantin et des quartiers de la Gare et d’Amérique.

Le 6 avril 1903, il vint remplir les mêmes fonctions auprès du chef de la sûreté. En août 1909, il fut nommé sous-chef de ce service et commissaire de Police de la ville de Paris en remplacement du Commissaire Blot, tué en service par le bandit Delaunay.

Il était officier d’académie et titulaire d’une médaille d’honneur en argent. Très attaché à ses devoirs professionnels et passionnément épris de sa fonction, le commissaire de police Jouin, qui était un brave dans toute l’acception du mot, n’hésita jamais devant aucun des dangers qu’il rencontra au cours des périlleuses missions dont il fut chargé.

A ses obsèques, devant son cercueil, M. Steeg, Ministre de l’Intérieur, a prononcé a son sujet, les paroles suivantes : « Ce qui frappait dans l’homme hardi qui vient de nous être prématurément arraché, c’est que son activité ne se contentait pas de la stricte observation du devoir : il apportait dans l’accomplissement de sa tâche une élégance de bravoure, une Coquetterie d’intrépidité qui faisaient de lui un merveilleux entraîneur d’hommes. Il est mort à son poste, en chef, face à l’ennemi. Nous le saluons. »

Les restes du vaillant sous-chef de la sûreté reposent aucimetière du Montparnasse, dans le tombeau des Victimes du devoir dela Préfecture de police. L’inspecteur principal Colmar, qui s’est remis de sa blessure,a reçu la croix de la Légion d’honneur.

Sources et références

Arch. PP SMAC, photo série KC, sous licence, restaurée et colorisée via myheritage.fr
Arch. Dép. Val de Marne, Ivry, décès 1912-357
Arch. Conseil de Paris, rapports et documents, année 1913, page 139
Criminocorpus, 02/2017 “La bande à Bonnot, du mythe à la réalité”

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