Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Inspecteur
Antoine CANTIN
Victime du Devoir le 21 juillet 1944
Département
Vienne (86)
Affectation
Renseignements Généraux — Poitiers
Circonstances
Cause du décès
Assassinat, exécution ou extermination
Contexte
Guerre — Terrorisme
Le 17 juillet 1944, dans le contexte de l’avancée des forces alliées en territoire occupé par les allemands, et d’une intense activité des mouvements de Résistance, un inspecteur et une auxiliaire de police des renseignements généraux de Poitiers (Vienne) étaient interceptés par des maquisards près de l’Isle-Jourdain, et suspectés d’espionnage au profit de l’ennemi dans le cadre de leurs fonctions.
Le capitaine Maurice Blondel, chef du maquis local, n’en référa pas à son supérieur, le colonel Roger Chêne, avec lesquels les policiers avaient pourtant pris contact préalablement. L’inspecteur Antoine Cantin, vingt-cinq ans, était effectivement un résistant infiltré jouant double-jeu au sein de son administration, nommé un mois plus tôt à l’État-Major des forces françaises de l’intérieur (FFI) du département avec son collègue Jean Henri Guibert.
Tous deux s’assuraient par des prises de contact clandestines que les opérations programmées contre les maquis locaux se sanctionneraient par des échecs. Ils fournissaient aussi des faux-documents et orientaient les volontaires vers les maquis
Chargée d’assurer la liaison des renseignements recueillis, l’auxiliaire Fernande Gaillard, vingt-quatre ans, fournissait des rapports fallacieux à l’intendance de police qui les avait chargés de repérer les maquis.
Malgré leurs dénégations, une cour martiale du maquis présidée de manière irrégulière par le capitaine Maurice Blondel décidait de les condamner à mort. Sûrs d’une issue favorable, ils ne tentaient pas une évasion pouvant être mal interprétée.
Les résistants Cantin et Gaillard étaient exécutés sommairement au bord d’un chemin de la commune de Millac, par d’autres résistants. Leurs corps furent découverts ultérieurement.
La Mémoire de ces deux patriotes était réhabilitée respectivement en 1949 et 2017 ; ils furent déclarés “Morts pour la France”.
Biographie
Direction d'emploi
Sécurité Publique
Corps
Inspecteurs — Enquêteurs
Type d'unité
Unité d'Investigation et de Recherche
Titres et homologations
MPF - Mort pour la France
FFC - Forces Françaises Combattantes (renseignement, action et évasion)
Né le 22 mai 1919 à Phalsbourg (Moselle annexée) d’Antoine Cantin et de Rose Girard ; célibataire ; domicilié au 3, rue de l’Ancienne Comédie à Poitiers.
Originaire de Danne-et-Quatre-Vents où son père était cantonnier au service des Ponts et Chaussées, Antoine Cantin partit effectuer son service militaire à l’appel de la classe 1939, successivement à Bourges et Fontainebleau ; il passa ensuite par l’école militaire d’artillerie et en sortit aspirant.
Après l’armistice, il quittait la Moselle annexée pour la zone dite libre et rejoignait la Dordogne où il prit un emploi au cadastre. Il fonda la Légion des Alsaciens-Lorrains, une structure maréchaliste mais anti-allemande.
Puis il se rapprochait naturellement des Mouvements Unis de la Résistance (MUR) après avoir oeuvré au réseau “Libération-Sud”.
Il entrait dans la police en 1943 en qualité d’inspecteur à Périgueux, puis à titre “précaire et révocable”, aux renseignements généraux de Poitiers à compter du 25 septembre 1943, sous l’autorité de l’intendant de police Lemoine, collaborateur des forces d’occupation dans la répression de la résistance.
Informé des opérations et arrestations menaçant des habitants de Jaunay-Clan et de Chasseneuil (Vienne), il donnait l’alerte. Son collègue Jean Henri Guibert le recruta rapidement au sein d’un petit groupe “Espérance”, créé par le capitaine Olivet, dont l’objectif était de fournir des informations à toutes les structures locales de la Résistance.
Ils furent immatriculés au réseau “Éleuthère”, sous-réseau “Acajou”. Le groupe obtint de nombreux renseignements sur les opérations programmées contre les maquis locaux.
Ainsi, à la ferme d’Ys, le maquis “Gilles” dénoncé par un traître fut sauvé. En juin 1944, il était nommé au service de renseignements à l’état-major départemental des FFI.
Sources et références
Les faux traîtres par Luc Rudolph, membre actif de l’HSCO – doc. du 16/11/2016
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