Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Commissaire divisionnaire

Antoine BECKER

Victime du Devoir le 04 août 1944

Département

Bouches-du-Rhône (13)

Affectation

Sécurité Publique — Marseille

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Circonstances

Cause du décès

Assassinat, exécution ou extermination

Contexte

Guerre — Terrorisme

Le 4 décembre 1943, dans le contexte de l’Occupation allemande, la police secrète d’État du Troisième Reich (Geheime Staatspolizei – Ge.Sta.po) procéda à l’arrestation du commissaire divisionnaire Antoine Becker, trente-et-un ans, lequel assurait les fonctions de commissaire central de Marseille (Bouches-du-Rhône).

Replié en zone dite libre depuis l’armistice, ce dernier était recherché dans le cadre de ses anciennes activités au service du contre-espionnage visant les agents autonomistes allemands dans la région de l’Alsace-Lorraine (voir biographie).

Transféré en Alsace annexée, il fut emprisonné à Kehl (Bade, Allemagne) et interrogé à de nombreuses reprises par la Gestapo.

Le 2 août 1944, il fut transféré au camp de sûreté de Schirmeck (Bas-Rhin) et torturé à plusieurs reprises dans les douches du camp. Sur un ordre venu de Berlin, il fut conduit en camionnette en direction du camp de concentration de Natzwiller-Struthof.

Au cours du transfert, M. Becker était assassiné d’une balle dans la nuque par un sous-officier de la shutzstaffel (SS), et son corps fut incinéré au Struthof.

Heinrich Neuschwanger, ce sous-officier dont la cruauté était répandue et qui l’exécuta probablement sur ordre, fut capturé dans la zone soviétique de Berlin en 1946 par le service de recherche des criminels de guerre. Traduit en cour martiale britannique, il fut condamné à mort et exécuté par pendaison le 3 août de cette même année.

Biographie

Direction d'emploi

Sécurité Publique

Corps

Conception — Direction

Type d'unité

Unité de Gestion Opérationnelle, de Coordination ou d'Intendance

Titres et homologations

MPF - Mort pour la France

MED - Mort en Déportation

Citation à l'Ordre de la Nation

Croix de la Légion d'Honneur

Né le 14 janvier 1893 à Bergheim (ex Haute-Alsace annexée ; Haut-Rhin) d’Alphonse Becker, cultivateur et de Marie Anne Wessner ; époux d’Amélie Richert ; père de deux enfants.

Antoine Becker était jusqu’à la grande guerre journaliste au « Nouvelliste de Colmar », quotidien francophile de l’abbé Wetterlé. Il fut mobilisé dans l’armée allemande durant la Première Guerre mondiale de 1915 à 1919.

Entré dans l’administration comme inspecteur de police à la brigade spéciale de police judiciaire de Strasbourg (Bas-Rhin) en 1920, il fut chargé de la surveillance et de la répression des mouvements autonomistes alsaciens.

Promu commissaire de police en 1928 , il devint commissaire spécial, chef du contre-espionnage en Alsace et fut mêlé à diverses arrestations d’agents allemands. Il participa en particulier aux poursuites contre le chef autonomiste Karl Roos, condamné à mort pour espionnage en octobre 1939 et exécuté près de Nancy en février 1940.

Replié en zone libre après l’armistice, il fut désigné comme commissaire central de la Police d’État de Toulon (Var), où il apparut comme « maréchaliste ardent ». Ses rapports le firent même apparaître comme un serviteur plutôt zélé du régime de Vichy.

Au lendemain de l’invasion du camp retranché de Toulon par les Allemands le 27 novembre 1942, se sachant menacé, il se cacha un temps à Cabasse (Var) avec son épouse chez des amis du chef de Police judiciaire de Toulon, le commissaire Michel Hacq.

Il fut nommé sur sa demande à Guéret (Creuse), poste moins en vue, puis rejoignit Clermont-Ferrand. Convaincu par les assurances de Vichy pour sa sécurité, il accepta vers le 15 novembre 1943, le poste de commissaire central de Police à Marseille jusqu’à son arrestation (voir circonstances).

Cité à l’ordre de la Nation (1950) ; nommé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur (1950 ; mention “Mort pour la France” ; mention “Mort en Déportation”.

Une rue de Marseille, où se trouve l’Hôtel de Police, porte son nom depuis mai 1954, de même qu’il a été attribué à une rue de Toulon (inaugurée le 4 juin 1959), à une rue de la cité voisine de La Valette (Var), à deux rues de Strasbourg, au Neuhof et au Heyritz (rue longeant le nouvel hôtel de police), une rue de Bergheim.

Son nom a été donné à la 35e promotion de l’École Nationale Supérieure de la Police (1985-1987).

Sources et références

Arch. ENSP – Photo, via SLHP – Michel Salager — Le Maitron – Notice de Léon Struss — Fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace, notice Becker Antoine. — Arolsen Archives, DocID: 3146681 du 18/08/1944

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