Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Inspecteur

Georges DORMIEN

Victime du Devoir le 29 novembre 1948

Département

Paris (75)

Affectation

Direction de Police Judiciaire — Paris

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Interpellation(s) d'individu(s)

Au cours de la nuit du lundi au mardi 16 novembre 1948, le rapide Vintimille-Paris quittait la gare de Lyon-Perrache, après l’avoir desservie en correspondance, en direction de la capitale.

Vers 1h40 du matin, alors que le train circulait encore dans le nord de l’agglomération lyonnaise, un voyageur clandestin saisissait un pistolet Herstal 7,65 et faisait irruption dans le wagon de la première classe.

Avec une rare audace, il extorqua sept mille francs sous la menace de son arme aux voyageurs aisés, trouvés endormis dans les deux premiers compartiments.

Cependant, dans le compartiment suivant, le malfaiteur trouva trois voyageurs bien décidés à intervenir ; s’agissant de deux inspecteurs des douanes et d’un inspecteur de la Police Judiciaire revenant d’une mission à Marseille.

Face au refus des trois hommes qui dévoilèrent leur qualité, le malfaiteur tirait et blessait l’inspecteur des douanes Pierre Jenoudet, trente-et-un ans. Le forcené fut saisi par les deux autres agents, et désarmé.

A la surprise générale, il exhiba une seconde arme de poing, un Mab 6,35, et tira à nouveau. Il blessait l’inspecteur des douanes Roger Pahun, trente-six ans, et l’inspecteur de police Georges Dormien, trente-huit ans.

Le signal d’alarme fut déclenché et le train s’immobilisa entre les communes de Saint-Romain-au-Mont-d’Or et de Couzon-au-Mont-d’Or. Le forcené profita de l’occasion pour sauter sur la voie ferrée ; il disparut à travers les bois.

Les trois blessés sont aussitôt transportés dans un état grave à l’Hôpital Grange-Blanche de Lyon. Les deux armes de poing, le chapeau, une paire de lunettes et une musette appartenant au fugitif furent appréhendés sur la scène de crime. Un très large périmètre de recherche fut établi sur les trois départements limitrophes, avec le renfort de centaines de gendarmes, équipés de chiens policiers.

Dès le lendemain, le fugitif fut repéré à Anse, grâce au flair du chien policier Astor II et de la pugnacité des gendarmes locaux, alors qu’il tentait de monter dans un bus à destination de Villefranche-sur-Saône.

Joseph-Marie Le Solliec, vingt-neuf ans, originaire de Bretagne, fut immédiatement transféré à la caserne de gendarmerie de Neuville-sur-Saône.

Myope sans ses lunettes, et bien incapable d’inventer une histoire solide pour expliquer son vagabondage dans la région, Le Solliec remit finalement des aveux aux inspecteurs de la 10ème brigade mobile de police judiciaire de Lyon.

Chômeur à Paris depuis deux mois où il logeait dans un meublé, Le Solliec avait fini par y écouler ses économies issues de la vente de terres familiales dans le Morbihan. Lorsqu’il déroba le pistolet Herstal 7,65 dans la veste d’un client du Marignan où il était embauché comme garçon de salle, ce fut l’escalade.

Il acheta le second pistolet Mab 6,35 à un gredin de Barbès et ciblait les trésoreries de manufactures, avant de se raviser sur des attaques provinciales.

Le 29 novembre suivant, Georges Dormien succombait à ses graves blessures à Lyon.

En mars 1949, un collège d’experts médicaux concluait à l’abolition du discernement de Le Solliec, qui ne fut jamais jugé pour ses actes. Il fut placé au centre psychiatrique fermé du Vinatier à Lyon.

Biographie

Direction d'emploi

Police Judiciaire

Corps

Inspecteurs — Enquêteurs

Type d'unité

Unité d'Investigation et de Recherche

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Né le 25 avril 1919 à Lanvollon (Côtes-du-Nord ; Côtes-d’Armor) de Georges Dormien et de Mathilde Boëlen ; marié à Ginette Gruyer et père de famille. Domicilié 24 rue Pelleport à Paris (XXe).

Georges Dormien ne connut jamais son père, mort pour la France durant la grande guerre, sur le front de l’Aisne le 8 octobre 1918 ; la famille originaire de Malo-les-Bains (Nord) s’était alors réfugiée à Lanvollon, où il fut déclaré Pupille de la Nation à l’âge de deux ans.

Décrit comme un serviteur intelligent, dévoué et pur, Georges Dormien était inspecteur de la Sûreté Nationale depuis 1944, d’abord affecté aux Renseignements Généraux de la gare Saint-Lazare, puis à la section économique de la Direction de Police de Sûreté, sous les ordres du célèbre commissaire divisionnaire Jean Belin ; il avait acquis la qualité d’officier de police judiciaire le 16 octobre 1947.

Médaille des actes de courage et de dévouement, échelon or ; médaille d’Honneur de la Police Nationale.

Sources et références

Société Lyonnaise d’Histoire de la Police – recherches dans les fonds numérisés des archives municipales de Lyon — Arch. Dép. Côtes-d’Armor, Lanvollon 1919, acte de naissance n°2. — JORF du 15/01/1949, page 4/32, “Ministère de l’Intérieur : Actes de courage et de dévouement” — Qui ? du 03/01/1949, “Hommage du commissaire Jean Belin – Victime du devoir” — Qui ? du 22/11/1948, “Reportage. A Bellal, article de G. Truffaut – l’attaque du train” — L’Intransigeant du 18/11/1948, “Le bandit du rapide a été arrêté” — Combat du 18/11/1948, “20H de battues dans quatre départements” — Combat du 17/11/1948, “Audacieuse agression nocturne dans le rapide Vintimille-Paris”

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