Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Commissaire principal
Mathieu RUTALI
Victime du Devoir le 27 juillet 1962
Département
Vosges (88)
Affectation
Sécurité Publique — Épinal
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme à feu
Contexte
Interpellation(s) d'individu(s)
Dans la soirée du vendredi 27 juillet 1962, deux individus étaient surpris en flagrant délit de cambriolage dans une villa de Golbey, et interpellés par des gardiens de la paix du corps urbain d’Épinal (Vosges).
Un troisième complice, identifié plus tard comme étant Louis Philippe Guglielmi, tout juste évadé de la prison d’Aix-en-Provence, prit la fuite pour se terrer dans la petite cave d’une villa voisine, où il fut repéré.
Tandis que le serrurier s’efforçait d’ouvrir la porte à coup de masse, des coups de feu éclatèrent. Le malfaiteur, un pistolet à chaque main, venait de tirer à bout portant sur les policiers qui lui firent face.
Le commissaire principal Mathieu Rutali, quarante-quatre ans, fut mortellement blessé.
Biographie
Direction d'emploi
Sécurité Publique
Corps
Conception — Direction
Type d'unité
Unité d'Investigation et de Recherche
Titres et homologations
FFC - Forces Françaises Combattantes (renseignement, action et évasion)
RIF - Résistance Intérieure Française (création de mouvements et de réseaux)
Citation à l'Ordre de la Nation
Croix de la Légion d'Honneur
Né le 17 janvier 1918 à Rutali (Corse) de Paul et Ursule Bonetti. 23 ans et 7 mois de services civils et militaires.
Entré dans l’administration le 1er septembre 1941 en qualité d’inspecteur stagiaire à la Surveillance du Territoire de Marseille, et titularisé dans ce poste. Mathieu Rutali, alias Van Laar oeuvre très tôt en faveur de la Résistance. La Gestapo avait remis auprès de sa cellule des Résistants du réseau Alliance appréhendés en zone libre parmi lesquels son chef Marie-Madeleine Fourcade. Refusant de participer à des actes de répression contre des patriotes, il organise avec deux de ses collègues l’évasion des captifs.
Cet acte de résistance susceptible d’éveiller les soupçons sur leurs personnes, les trois policiers se voient proposer par le réseau de rejoindre les forces françaises libres du Général De Gaulle en Angleterre. Au cours de la nuit du 25 au 26 Novembre 1942, Rutali et ses deux collègues se trouvent à un petit aérodrome à proximité Thalamy Usell dans la Corrèze. Mme Fourcade avait arrangé un avion spécial RAF – un Lysander – conçu pour atterrir et décoller dans de petits champs de venir les chercher pour les faire voler en Angleterre. Ils débarquent sur un
aérodrome de la RAF appelé Tangmere, près de Chichester, sur la côte sud de l’Angleterre. Ils ont été emmenés en voiture à Londres.
En août 1943, Rutali rejoint la section RF du Special Operations Executive dirigé par André De Wavrin (alias Colonel Passy) du BCRA à Duke Street. Ces agents ont été formés pour être envoyés en territoire ennemi. Rutali a entrepris une formation en parachute spécial en école de formation de parachutistes de la RAF à Ringway, près de Manchester, dans le Nord de l’Angleterre. Sous le pseudonyme de Frédéric Van Laar, il assure plusieurs missions dangereuses en Corse, en Italie, avant le débarquement des forces alliées dans ces régions.
Réintégré dans l’administration après la libération, Promu Commissaire de police, il succède à des postes aux renseignements généraux et en sécurité publique entre 1944 et 1960 à Roubaix, Wattrelos, Feignies, Clermont-Ferrand, Nancy et enfin Epinal où il assurait les fonctions de commissaire de la sûreté nationale en poste à Epinal depuis le 1er mars 1960. Son parcours exemplaire, sinon héroïque, s’achève à Golbey en confrontation d’un évadé de prison retranché dans une villa, après avoir été surpris en flagrant délit de cambriolage.
Cité à l’ordre de la Nation [1 ; nommé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur [2] ; homologué aux Forces Français Combattantes – Réseau “Alliance”, alias “Frédéric Van Laar” [3] et aux Forces Françaises Libres [4] ; médaille de la Résistance Intérieure Française [5] ; médaille d’Honneur de la Police Nationale ; médaille des actes de courage et de dévouement – échelon Or.
La 23ème promotion de l’École Nationale Supérieure de la Police (ENSP), 1971/1973, porte le nom de Mathieu Rutali.
Sources et références
[1] JORF du 08/11/1962
[2] Base de données Léonore, notice c-127018
[3] Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 528315
[4] Service historique de la Défense, Vincennes SHD/ GR 28 P 2 322
[5] Site Mémoire des Hommes, base Ordre de la Libération
Association Alliance, en souvenir du réseau – RUTALI Mathieu
Voce di Rutali – Biographie de RUTALI Mathieu (source photo
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