Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Brigadier

Serge CASSARD

Victime du Devoir le 28 août 1975

Département

Rhône (69)

Affectation

CRS N°46 — Sainte-Foy-lès-Lyon

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Maintien de l'ordre — Service d'ordre

Dans la nuit du mercredi au jeudi 28 août 1975, à la suite d’une opération menée manu-militari par un groupe de nationalistes corses pour dénoncer une supposée colonisation viticole, entrainant la mort de deux gendarmes, l’Action pour la Renaissance de la Corse fut dissoute lors du conseil des ministres. Cette décision entraina immédiatement des mouvements de protestation à travers la Corse, et plus particulièrement à Bastia (Haute-Corse), où des émeutes d’une extrême gravité éclatèrent.

C’est dans ce contexte que la Compagnie Républicaine de Sécurité N°46 – Ste-Foy-lès-Lyon (Rhône) y fut déployée pour assurer la protection de la sous-préfecture, devenue la cible de nombreux jets de projectiles.

Répartis sur la Place Saint-Nicolas, les forces de l’ordre furent également ciblés par les émeutiers. Au cours de la nuit, les affrontements débordèrent jusque dans le centre-ville, où des incendies éclatèrent, des vitrines furent brisées et des barricades érigées à la hâte.

Vers les deux heures du matin, des insurgés munis d’armes à feu tirèrent en direction des C.R.S. positionnés au sud de la dite place. C’est à cet instant plus particulièrement qu’un individu se positionna avec une Winchester .30-30, équipée de sa lunette capable de tirer avec précision jusqu’à deux kilomètres ; il tira à plusieurs reprises sur les C.R.S.

A cet instant, le brigadier Serge Cassard, trente ans, déployait un fusil lance-grenade qu’il venait de recharger près d’un abri bus. Alors qu’il s’en décala, il fut frappé mortellement au sternum par un projectile de calibre .30-30.

Dix-sept hommes de la CRS N°46 blessés par des tirs furent extirpés du front de charge ; dont dix hospitalisés. [4] Trois d’entre eux sont dans un état grave : les gardiens de la paix Jean Montage, Christian Chalard et Jean-Claude Zelan.

Le Commandant Belin donna l’ordre d’organiser une riposte et fit détruire l’éclairage urbain pour éviter que ses hommes restent à découvert sur la place. Puis il ordonna d’ouvrir le feu sur des groupes de tireurs embusqués, repérés autour de la sous-préfecture. Cette riposte fut immédiatement dissuasive.

Dans la matinée, un témoignage décisif indiquait aux policiers le numéro de la plaque d’immatriculation du véhicule avec lequel le tireur prit la fuite. Des étuis furent récupérés sur le trottoir.

Serge Cacciari, vingt trois ans, agent d’assurances et militant nationaliste, fut interpellé à son domicile. Les enquêteurs découvraient dans un placard la fameuse Winchester. Les expertises effectuées reliaient directement cette arme au meurtre du brigadier.

Le 10 juillet 1976, la cour de sûreté de l’État condamne Cacciari à dix ans de réclusion criminelle. Le 21 Juillet 1981, Cacciari fut libéré par mesure de grâce présidentielle.

Biographie

Direction d'emploi

Compagnies Républicaines de Sécurité

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité de l'Ordre Public — Sécurité Routière

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Né le 18 juin 1945 à Besançon (Doubs). [1] Marié, père d’un enfant.

Entré à l’école de police de Sens en 1966. D’abord affecté à la CRS N°44 à Joigny (Yonne), il est muté en 1967 à la CRS N°6 à St-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes). Il obtient son grade de brigadier de police le 27 juillet 1973 et rejoint par la même la CRS N°46 à Sainte-Foy-Lès-Lyon (Rhône).

Cité à l’ordre de la Nation [2] ; nommé Officier de paix à titre posthume ; nommé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur.

Son nom a été donné à la 40ème promotion éponyme 1986-1987 de l’École Supérieure des Officiers de Paix. [3]
Page réalisée avec l’aimable autorisation de la famille Le Goff.

Sources et références

BODMR n° 04 du 24/03/1976
[1] Fichier des personnes décédées en France (INSEE)
[2] JORF N°201 du 30/08/1975, page 8963
[3] Société Lyonnaise d’Histoire de la Police, Michel Salager, hommage au brigadier Cassard PDF.
[4] Corse : des années ardentes 1939-1976, p. 232 – P. Silvani (1976)
La Question corse de Xavier Crettiez, éd. Complexe (1999)
Un demi-siècle au service de la République de  Robert Pinaud – éd. L’Harmattan (2013)
Le Monde du 07/07/1976, “Une Winchester dans la nuit chaude de Bastia”
Le Monde du 12/07/1976, “La cour de sûreté de l’état condamne Serge Cacciari à dix ans de réclusion criminelle”
Le Monde du 02/09/1975, “La balle a été tirée par une carabine saisie chez un suspect”
Le Monde du 01/09/1975, “Arrestation du meurtrier présumé du brigadier Cassard”

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  1. Je l’ai connu au service militaire en Moselle, en 1969. Nous avons passé ensemble le concours d’inspecteur de police (officier de police adjoint à l’époque). Affectés, lui à Paris, moi à La Réunion, nous étions restés très proches et devions nous revoir. L’annonce de son décès à la radio m’a fait une immense peine, dont je ne suis pas totalement remis aujourd’hui encore, 58 ans plus tard. A toi, Jacques…

  2. C’était un ami de profession et de coeur ! Malgré 47 ans passés, je pense souvent à ce petit mec sympa et élégant… un bon flic du XXème arrdt… Il m’a accompagné pendant toute ma carrière de “poulet” et surtout de me méfier même de certains de la “grande maison”… à toi Jacques !

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