Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Ingénieur de laboratoire
Bernard MAURON
Victime du Devoir le 06 septembre 1982
Département
Paris (75)
Affectation
Laboratoire Central (PP)
Circonstances
Cause du décès
Engin ou projectile explosifs
Contexte
Guerre — Terrorisme
A la mi-journée du samedi 21 Août 1982, un engin explosif destiné à assassiner un conseiller commercial de l’ambassade des États-Unis alors qu’il manoeuvrait son véhicule diplomatique, se détachait et chutait sur la voie publique, face au N°50 Avenue de la Bourdonnais à Paris (VIIe).
En proie à une vague d’attentats liés à l’instabilité au Proche-Orient, la population parisienne se montrait très vigilante ; une passante remarqua l’objet et le signalait aussitôt aux services de police.
Un car de police-secours fut dépêché sur les lieux et le brigadier en charge de l’équipage se rendit près de l’objet pour le jauger. Il déclencha aussitôt une procédure renforcée et fit évacuer la voie de ses piétons et usagers de la route. En agissant de la sorte, l’équipage sauverait de nombreuses vies humaines.
Un périmètre de sécurité étanche fut mis en place dans l’attente qu’une équipe de déminage neutralise l’explosif.
Quelques instants plus tard, un technicien et un ingénieur du service des explosifs du laboratoire central de la préfecture de police arrivaient sur les lieux. Après un premier passage, ils se portaient à pied vers l’engin, bien conscients du danger réel et mortel qu’il représentait.
Alors qu’ils se trouvaient tous deux à proximité immédiate, la bombe explosait.
Le technicien Bernard Le Dréau, quarante-six ans, fut tué sur le coup. Atrocement mutilé, l’ingénieur Bernard Mauron, trente-sept ans, était transporté inconscient à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière dans un état désespéré.
L’après-midi même, l’attentat dans un premier temps revendiqué par le groupe terroriste d’extrême-gauche Action Directe, était en fait signé par les Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises qui bénéficiaient effectivement de leur soutien logistique.
Les FARL formaient une organisation terroriste pro-palestinienne créée en 1979 dénonçant les incursions de l’armée israélienne dans le sud Liban avec le soutien supposée de l’administration américaine.
Bénéficiant du soutien du parti nationaliste syrien et militant pour la création d’un état palestinien, les FARL furent à l’origine de plusieurs assassinats et tentatives d’assassinats de diplomates américains à travers le monde, et plus particulièrement à Paris.
Une information judiciaire était ouverte contre X pour “destruction par explosifs de biens mobiliers et immobiliers ayant entraîné la mort et des infirmités permanentes, homicide volontaire et tentative d’homicide volontaire”, était confiée à Mlle Anzani, le juge d’instruction chargé des dossiers de deux des trois attentats déjà revendiqués par les FARL contre deux diplomates américains et un diplomate israélien.
Le 6 septembre, Bernard Mauron, trente-huit ans, succombait à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière.
Le 12 octobre, Frederic Oriach, vingt-huit ans, militant marxiste-léniniste soupçonné d’appartenir à Action Directe était interpellé dans la gare du Nord à Paris, d’où il retirait deux sacs d’une consigne automatique.
Les policiers y saisissaient de manière incidente des documents évoquant des objectifs d’attentats antisionistes et anti-impérialistes, et des textes manuscrits autocritiques d’attentats déjà perpétrés à Paris au cours de l’année, dont celui de l’Avenue de la Bourdonnais.
Niant catégoriquement sa participation directe, il saluait néanmoins la réalisation de cet attentat. Il fut condamné à 5 ans de prison en appel pour association de malfaiteurs en novembre 1983, puis libéré le 11 Avril 1986.
Le 24 octobre 1984, Georges Ibrahim Abdallah, un chrétien libanais marxiste léniniste était arrêté à Lyon par la Direction de la Surveillance du Territoire (actuelle DGSI).
La perquisition menée dans l’un de ses appartements, 18 rue Auguste Lacroix dans le 3ème arrondissement, amèna à la découverte d’éléments déterminants (faux papiers, documents et textes manuscrits, et une arme utilisée dans deux assassinats de diplomates) prouvant sa complicité dans la réalisation des attentats, assassinats et tentatives d’assassinats perpétrés en France pour le compte des FARL.
En mars 1987, il fut condamné à la prison à perpétuité.
Biographie
Direction d'emploi
Sécurité Publique
Corps
Personnels ingénieurs et techniques
Spécialité
Sécurité Civile - groupement d'intervention du déminage
Titres et homologations
Citation à l'Ordre de la Nation
Croix de la Légion d'Honneur
Né le 27 novembre 1943 à Angoulême (Charente) de Robert et Marie-Louise Pasquet. Epoux de Victoria Zavili, père d’un enfant.
Sources et références
Association française des Victimes du Terrorisme – AfVT.org, communiqué du 07/01/2014 — Journal officiel du 25/08/1982, page 2642, “Citation à l’ordre de la nation” — Journal officiel du 08/09/1982, page 2734, “Citation à l’ordre de la nation” — Archive Le Monde du 07/09/1982, “La mort du deuxième artificier de l’avenue de la Bourdonnais” — Archive Le Monde du 24/08/1982, “Une cible américaine, une main invisible” — Archive Le Monde du 24/08/1982, “Depuis Ravachol” — Archive Le Monde du 15/10/1982 — Archive Le Monde du 03/03/1987 Journaux télévisés du 21 et 22 Août 1982 (archives) — Encyclopédie du terrorisme international, éd L’Harmattan — Entretien avec Gilles Hebbrecht, ami de l’une des victimes
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