Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Sous-Brigadier — Gardien
Claude SCHAFFER
Victime du Devoir le 30 août 1984
Département
Yonne (89)
Affectation
Sécurité Publique — Auxerre
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme à feu
Contexte
Interpellation(s) d'individu(s)
Le 30 août 1984, à la suite d’un différend entre usagers de la route signalé à police-secours, deux hommes auteurs de violences étaient retrouvés assis à la terrasse d’un café de la Place des Cordeliers à Auxerre (Yonne).
A la vue des deux policiers allant à leur rencontre, les deux suspects prenaient la fuite à pied à travers les vieilles rues du centre-ville, jusque dans la petite impasse Guinois.
L’un prenait la fuite en escaladant une palissade ; l’autre exhibait de façon soudaine une arme de poing et fit feu sans aucune hésitation sur ses poursuivants. Claude Schaffer, quarante-deux ans, était tué net ; son collègue Alain Gounel était très grièvement blessé.
Le meurtrier et son complice évitèrent les différends barrages de police et de gendarmerie mis en place, et prenaient la direction d’Avallon à bord d’une camionnette volée, finalement incendiée.
Le Service Régional de la Police Judiciaire de Versailles les localisait rapidement ; les deux truands et trois personnes visés pour recels de malfaiteurs, furent interpellés.
Suffisamment stupides pour avoir attiré l’attention sur eux, l’enquête démontrait que Gilles Blanchard, vingt-quatre ans, et Abdelhamid Hakkar, vingt-neuf ans, avaient en fait été surpris par les deux policiers dans les préparatifs d’un vol à main armée.
Impliqué dans plusieurs braquages violents commis dans le Doubs et le Jura, Hakkar s’était évadé du palais de justice de Besançon trois ans plus tôt.
En décembre 1989, la cour d’assises de l’Yonne condamnait Hakkar à la réclusion criminelle dite à perpétuité, peine assortie d’une mesure de sureté de dix-huit ans pour meurtre, tentative de meurtre, vols avec port d’arme, vols avec violences.
Après une série de renvois, Hakkar refusant de comparaitre, la condamnation fut prononcée en son absence. Son pourvoi en cassation fut rejeté l’année suivante. Blanchard fut condamné à dix ans de réclusion criminelle ; il bénéficia dès 1992 d’une libération conditionnelle.
En juin 1995, saisie par Hakkar depuis sa cellule, la Cour Européenne des Droits de l’Homme jugea le procès inéquitable, arguant qu’entre le premier acte de l’instruction et la condamnation, six ans et demi ont passé en violation du principe du “délai raisonnable”.
La Commission estima en outre que le refus de la cour d’assises de renvoyer le procès à une date ultérieure « peut être considéré comme ayant porté atteinte à l’activité essentielle de la défense qui était nécessaire à la préparation du procès ».
Affirmant que « la défense n’a pas été assurée d’une manière suffisante et effective », la Commission déclara, à l’unanimité, que la France a violé l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’homme qui stipule que tout accusé doit « disposer du temps et des facilités nécessaires à la préparation de sa défense » et doit pouvoir « se défendre lui-même ou être assisté d’un défenseur de son choix »
En mars 1997, le comité des ministres du conseil de l’Europe estima définitivement que la France n’a pas respecté la convention des droits de l’homme dans l’affaire Hakkar et demanda qu’un nouveau procès ait lieu. La somme de 62 000 francs à titre de dommages et intérêts fut versé par la France à Hakkar.
En février 2003, la cour d’assises de l’Yonne condamna à nouveau Hakkar à la réclusion criminelle à perpétuité, mesure assortie d’une peine de sûreté de dix-huit ans. Peine confirmée en appel en 2005.
En mars 2012, alors considéré comme l’un des plus vieux détenu de France, Hakkar fut libéré à cinquante-six ans sous contrôle judiciaire électronique, après quatre tentatives d’évasion et sans jamais avoir reconnu sa culpabilité.
Invalide à 55%, Alain Gounel a pu assisté aux différentes audiences et à la libération de Hakkar depuis son fauteuil roulant.
Biographie
Direction d'emploi
Sécurité Publique
Corps
Encadrement — Application
Type d'unité
Unité de Voie Publique — Service Général
Titres et homologations
Citation à l'Ordre de la Nation
Croix de la Légion d'Honneur
Né le 23 mars 1942 à Paris (10e) de Maurice Schaffer et Geneviève Capelle ; marié et père de quatre enfants. [1]
Cité à l’ordre de la nation [2] ; nommé Brigadier de police à titre posthume ; nommé au grade de Chevalier de la Légion d’honneur [3] ; médaille d’Honneur de la Police Nationale.
Sources et références
BODMR n° 05 du 22/06/1985 — BODMR n° 16 du 30/11/1984 — [1] Fichier des personnes décédées en France — [2] JORF du … — [3] JORF du 20/11/1984 page 3571, décret portant nomination — Le Monde du 19/03/2012, “Libération d’Abdelhamid Hakkar, le plus vieux détenu de France”Le Monde du 27/02/2003, “Hakkar condamné à la réclusion à perpétuité comme lors du procès de 1989″Le Monde du 21/02/2003, “Vingt ans après les faits, le procès de Hakkar […]”Le Monde du 19/02/2003, “La France rouvre contre son gré le procès Hakkar”Le Monde du 04/09/1984, “Le meurtrier présumé d’un policier à Auxerre à été écroué”
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Bonjour – Il convient de rappeler que la somme de 62 000 frs qui lui avait été accordée par la CEDH, n’a finalement pas été versée à HAKKAR (heureusement !!) mais a été attribuée à la COMMISSION D’INDEMNISATION DES VICTIMES au titre de “remboursement” des sommes versées à l’épouse de Claude ainsi qu’à ses enfants.
Enfin, lorsque HAKKAR est allé “parader” à la télévision dans une émission de PUJADAS, émission dans laquelle il a froidement déclaré qu’on lui avait “gâché 27 ans de sa vie” à cause de son incarcération (théoriquement, “à perpétuité”) les syndicats de police ont provoqué un tollé … qui, bien entendu, n’a servi à rien …